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Amitié, destinée, blessures, doutes : Stephens et Keys ont un destin commun

Alexandre Coiquil

Mis à jour 09/09/2017 à 10:52 GMT+2

US OPEN 2017 - Très amies dans la vie de tous les jours, les Américaines Sloane Stephens et Madison Keys vont disputer samedi la finale de l'US Open avec à la clé un premier titre du Grand Chelem. Cette finale constituera le match le plus important de leurs carrières freinées encore il y a peu par des blessures. Au plus bas, les deux joueuses se sont toujours soutenues.

Sloane Stephens et Madison Keys lors de l'US Open 2017

Crédit: Getty Images

Tout rapproche Sloane Stephens et Madison Keys. Qualifiées pour leur première finale en Grand Chelem, jeudi, après leur succès en demi-finales face à leurs compatriotes Venus Williams et Coco Vandeweghe, les deux joueuses, amies dans la vie, vont se disputer le plus grand titre de leur début de carrière. Si à 24 et 22 ans, tout reste à écrire, cet US Open 2017 va constituer un tournant sportif pour les deux championnes.
Stephens et Keys ont d'ailleurs beaucoup de choses en parallèle. En premier lieu leur statut de relève du tennis américain, et des sœurs Williams, qui leur est pancarté sur le dos avec des clous. En deuxième, leur parcours, tous les deux cabossés par les hauts et les bas du très haut niveau, avec en prime une révélation commune à l'Open d'Australie (2013 pour Stephens, 2015 pour Keys) et surtout par les blessures. Les parcours des deux femmes se rapprochent encore plus quand on évoque leurs gros problèmes physiques survenus en début de saison. C'est tout un parcours, une carrière, qui a d'ailleurs été remis en cause lors des derniers mois.
A ce niveau, c'est Stephens qui a particulièrement payé la note. Blessée au pied gauche l'été dernier juste avant l'US Open, la Floridienne avait manqué toute la fin de saison 2016 avant de rechuter à l'entraînement en Australie avant le début de la saison (fracture de fatigue au niveau du scaphoïde). La note a été salée pour la joueuse de Fort Lauderdale qui a, au total, passé onze mois sans jouer sur le circuit d'août 2016 à juillet dernier.
Une absence qui lui a valu de retomber au-delà de la 900e place au classement WTA. Avec un gros mois et demi de compétition dans les pattes, mais marqué par 14 succès en 16 rencontres depuis sa défaite au premier tour à Washington, son parcours à New York n'en est que plus remarquable. "Je finirai bien par battre quelqu'un", avait-elle d'ailleurs laconiquement dit après sa sortie prématurée à DC.
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Deux manches à sens unique avant un combat de géantes : la victoire de Stephens en vidéo

Être loin des courts m'a permis de mesurer mon amour pour le tennis et la compétition
Fille d'une psychologue, nageuse de grand talent lorsqu'elle était à l'université, et d'un ancien joueur de football américain, décédé dans un accident de voiture en 2009, Stephens avait de toute façon en elle le tempérament nécessaire pour surmonter cette longue et pénible épreuve. Mais elle le reconnait volontiers, elle s'est plus ennuyée que sentie en danger pendant sa convalescence. "Pendant les demies de l'Open d'Australie, je venais de me faire opérer et j'avais un énorme plâtre, je ne pouvais pas marcher. Alors je me réveillais très tôt et je regardais les matches à la télé comme je le ferais pour tout autre tournoi du Grand Chelem", a indiqué la 89e joueuse mondiale qui a mis toutes les chances de son côté pour revenir à son meilleur niveau en se montrant d'une patience extrême.
Keys est, elle aussi, passée par la case infirmerie. L'actuelle 16e mondiale a été stoppée au début de la saison par des problèmes au poignet, un souci que connait bien un autre demi-finaliste de l'US Open, l'Argentin Juan Martin Del Potro. Cette fille d'un couple d'avocats qui a déménagé en Floride pour qu'elle profite, adolescente, des meilleurs entraîneurs de tennis, avait perdu le plaisir de jouer depuis un moment. Elle l'a retrouvé grâce à ses deux opérations. "Lorsque je suis allée en chirurgie, les deux fois, cela a été une forme de soulagement pour moi", a-t-elle indiqué. "Même si lors de la première fois, je ressentais énormément de douleurs. Être éloignée des courts m'a permis de mesurer mon amour pour le tennis et la compétition, cela m'a aussi enlevé une grosse pression que je me mettais moi-même."
Désormais "drivée" par Lindsey Davenport, Keys a retrouvé de la sérénité sur tous les plans. L'ancienne vainqueur de l'US Open 1998 lui a permis de retrouver de la confiance en elle et plus de relâchement quand elle frappe la balle. Son jeu offensif, souvent osé, a d'ailleurs été un des points-clés de son parcours gagnant à Flushing Meadows. Pourtant, la route n'a pas été simple. "Je reviens de loin, il y a eu des périodes difficiles, des moments où je me suis dit que je ne gagnerai plus jamais de matches de tennis", a révélé l'Américaine. "Si on m'avait dit après ma deuxième opération que je serais en demi-finales à l'US Open, je ne l'aurais pas cru. Lorsque j'ai appris qu'il y avait encore quelque chose (après Roland-Garros), je ne suis pas devenue folle pour autant. Depuis, c'est comme si on m'avait enlevé un gros poids des épaules. Je joue beaucoup plus relâchée. Plus que jamais, je prends du plaisir sur le court."
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Pour rallier sa première demie à Flushing, Keys n'a pas traîné : les temps forts de sa qualification

Solidaires face aux blessures

Très proches, Stephens et Keys se sont surtout soutenues durant leur période de récupération. Entre copines de galères, c'est encore mieux. "Pendant l'Open d'Australie, on discutait. Je me souviens l'avoir vue avant qu'elle ne parte à Brisbane ou Sydney. A ce moment, je recommençais à peine à taper la balle", a indiqué Keys qui avait raté les trois premiers mois de la saison. "A peine partie, je me suis rendu compte qu'elle était de retour. Je me suis dit "Mais qu'est-ce qu'il se passe ?" Elle m'a répondu qu'elle devait subir une opération. Ce qui est arrivé quelques jours après. Après on s'est écrit en se disant "ça craint." Je suis toujours restée en contact avec elle. Nous nous sommes mutuellement aidées. Qui aurait pensé en janvier alors qu'on sortait d'une opération qu'on serait toutes les deux en finale de l'US Open ? C'est vraiment spécial de vivre cela ensemble après tout ce qu'on a vécu."
Pour Stephens, cette amitié est quelque chose d'extrêmement important. Elle dépasse même le cadre de ce rendez-vous majeur qui les attendra samedi. "Je la connais depuis très longtemps. Je l'adore, c'est l'une de mes amies les plus proches sur le circuit, cela ne va pas être simple de jouer l'une contre l'autre. C'est difficile de jouer contre des amis", a reconnu la plus âgée des finalistes. Amies de presque toujours, ennemies de circonstance pour quelques heures, Sloane Stephens et Madison Keys vont faire un pas de géant dans leur parcours respectif. Mais un grand moment qu'elles vont vivre et partager à deux, ensemble.
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Madison Keys à l'US Open 2017

Crédit: Getty Images

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