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Nadal, Federer, Monfils, Wawrinka out : Vers un US Open au rabais ?

Maxime Battistella

Mis à jour 14/08/2020 à 13:08 GMT+2

US OPEN – L’annonce du forfait de Rafael Nadal, tenant du titre, à Flushing Meadows a mis du plomb dans l’aile du Majeur new-yorkais que la fédération américaine (USTA) a bien l’intention d’organiser (31 août-13 septembre). Egalement déjà privé de Roger Federer et d’autres têtes d’affiche, les questions sur l’intérêt sportif du tournoi commencent à se poser.

Rafa Nadal (US Open 2019)

Crédit: Getty Images

A eux quatre, ils pèsent 11 titres sur les 16 dernières éditions de l’US Open. Mais ils ne feront pas partie des prétendants à la couronne new-yorkaise du 31 août au 13 septembre prochains. Tenant du titre, Rafael Nadal a officiellement rejoint mardi Stan Wawrinka, Juan Martin Del Potro et Roger Federer parmi les anciens champions en activité absents lors de l’édition 2020. Et si les deux derniers cités, blessés, auraient manqué à l’appel quelles qu’auraient été les circonstances, les forfaits de Nadal et Wawrinka sont directement liés à la situation sanitaire et à ses conséquences.
Déjà soumis au huis clos et à des conditions drastiques d’organisation avec la mise en place d’une bulle avec deux hôtels pour les joueurs près de l’aéroport et l’interdiction pour eux d’aller à Manhattan notamment, le Majeur américain a pris un coup sur la tête supplémentaire avec l’annonce du numéro 2 mondial. L’annulation du Masters 1000 de Madrid, programmé la semaine suivant l’US Open, n’aura donc rien changé à la décision de Nadal qui semblait avoir fait son chemin depuis son retour à l’entraînement.

Flushing sans Nadal ni Federer ? Une première depuis 1999

Ce n’est pas une énorme surprise. Depuis qu’il a repris, on sait qu’il s’entraîne sur terre battue. Avec le programme de reprise annoncé et l’enchaînement entre l’US Open, les Masters 1000 et Roland-Garros, on se doutait que certains joueurs allaient prendre des options. Et si c’était le cas de Nadal, on savait que le choix serait plus tourné vers la terre battue. Pour des joueurs qui ont 34-35 ans, c’est encore plus difficile. Et à mon avis, c’est certain qu’il y en aura d’autres”, estime notre consultant Arnaud Clément.
S’il a affiché son inquiétude vis-à-vis de la pandémie de coronavirus, Nadal ne s’est ainsi pas privé d’une petite pique concernant un calendrier de reprise qu’il a qualifié de “barbare après quatre mois sans jouer”. En comptant l’Espagnol, ils sont désormais 9 dans le top 100 à avoir officiellement fait l’impasse, dont 5, et non des moindres, dans le top 20 (Rafael Nadal, Roger Federer, Gaël Monfils, Fabio Fognini et Stan Wawrinka). Pour trouver trace d’un tournoi du Grand Chelem sans les vieux rivaux espagnol et suisse, il faut remonter à l’US Open 1999, voici 21 ans.
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"Des joueurs importants ne seront pas là, mais ça reste un Grand Chelem"

Dans ces circonstances, Flushing Meadows semble orphelin, pour ne pas dire clairement diminué. De là à douter de son intérêt sportif, il n’y a qu’un pas que Nadal, qui ne défendra donc pas son titre, ne franchit pas. “Je ne suis pas assez arrogant pour dire que ce ne n'est plus un grand événement juste parce que je ne joue pas. Les circonstances seront particulières, beaucoup de joueurs importants ne seront pas là, mais ça reste un Grand Chelem", a-t-il considéré.
Il est vrai que l’épreuve physique (chaleur, humidité, matches au meilleur des 5 sets) que constitue la quinzaine new-yorkaise ne changera pas. Et dans des conditions hors du commun, dépistés régulièrement face à la menace latente du coronavirus, sans possibilité de s’extraire d’un contexte pesant ou de puiser de l’énergie dans le soutien du public, les joueurs devront vraisemblablement surmonter de sacrés défis. “Ces tournois seront très particuliers pour tout le monde, ça va bouleverser les habitudes de beaucoup, mais ça va tester aussi leur capacité à s’adapter à des conditions de préparation et de compétition complètement différentes”, souligne Arnaud Clément.
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A la "Next Gen" d'en profiter

Parmi les membres (ou anciens membres) de la fameuse “Next Gen”, aucun n’a d’ailleurs annoncé faire l’impasse. Finaliste sortant, Daniil Medvedev figure ainsi parmi les inscrits et les prétendants logiques à la victoire. Et si certains ont mis en doute leur participation dernièrement, à l’instar d’Alexander Zverev, ce serait leur faire injure que de négliger leur capacité à faire le spectacle et à animer un tournoi qui s’annonce spécial.
"C’est toujours préjudiciable de ne pas avoir Nadal, le tenant du titre. Il a 34 ans, Federer 39, leur régularité ces 20 dernières années est exceptionnelle, mais ça arrivera encore plus à l’avenir (qu’ils ne soient pas là, NDLR). C’est trop tôt pour parler d’US Open au rabais par rapport à la qualité du plateau qu’on pourrait encore avoir. Il y aura toujours un intérêt sportif. Bien sûr, s’il n’y a aucun membre du top 10 là-bas... Mais on est encore loin de ce scénario-là”, considère ainsi Arnaud Clément.
D’autant que le patron du circuit, lui, figure parmi les engagés à New York. Invaincu en 2020 avant l’interruption du circuit en raison de la pandémie, Novak Djokovic a confirmé sa participation après de longues semaines d'hésitation. Débarrassé de ses vieux rivaux, le numéro 1 mondial pourrait saisir là une occasion supplémentaire de se rapprocher du record du nombre de titres en Grand Chelem qu’il convoite (il en est à 17, contre 19 à Nadal et 20 à Federer). Les circonstances importeront peu finalement au moment de faire les comptes.
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Une aubaine pour Djokovic ?

Mais l’intéressé réfléchit-il vraiment en ses termes à l’heure actuelle ? “Il faut que les joueurs se sentent bien à l’idée de voyager. Si Djokovic y va à reculons, il ne gagnera pas. Je ne pense pas qu’il soit dans ce genre de calculs, à se dire : ‘Il n’y a pas Federer, il n’y a pas Nadal...’ Quand ils sont présents, ça ne l’empêche pas d’en gagner des Grands Chelems. Pour d’autres joueurs, en revanche, c’est peut-être l’occasion de faire un bon parcours parce qu’il y a un petit peu moins de monde”, note notre consultant.
Avant tout préoccupé par les conditions de retour en Europe et la possibilité qu’il soit mis en quatorzaine, Djokovic a beaucoup agi en coulisses pour obtenir des garanties. Si la Fédération américaine (USTA), pour laquelle la tenue de l’US Open est fondamentale financièrement (le tournoi n’étant pas couvert en cas d’annulation due à une pandémie contrairement à Wimbledon), a fait part d’avancées sur le sujet, c'est finalement un décret italien qui semble avoir débloqué la situation. Si un sportif présente un test négatif datant de moins de 48 heures à son entrée sur le territoire, il sera dispensé de quarantaine.
Face au danger que le tournoi ne se transforme en championnat des Etats-Unis, comme le craint par exemple Patrick Mouratoglou, avec en grande majorité des joueurs américains, l’organisation fait encore bonne figure. Les prochains jours seront donc déterminants pour l’allure du tournoi. Pour le moment, parmi les joueurs âgés de moins de 30 ans, seul Nick Kyrgios s’est retiré pour des raisons sanitaires. Si la situation reste en l’état, c’est un US Open hors norme qui aura lieu et finalement peut-être pas dénué d’intérêt : Djokovic en serait l’incontestable favori, mais après 4 mois sans jouer et dans ces conditions, les surprises pourraient être nombreuses.
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