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US Open 2021 - Carlos Alcaraz, le dynamiteur à l'assaut de Stefanos Tsitsipas

Rémi Bourrières

Mis à jour 03/09/2021 à 17:28 GMT+2

US Open 2021 - Tombeur d’Arthur Rinderknech et prochain adversaire de Stefanos Tsitsipas, l’Espagnol Carlos Alcaraz sera au 3e tour d’un Grand Chelem pour la deuxième fois cette année, après Roland-Garros. A 18 ans, la performance est notable. Le garçon, dont la progression est exponentielle, a du feu dans la raquette et du sang-froid dans les veines.

Carlos Alcaraz (Masters 1000 Cincinnati 2021). Fotografía: Peter Staples/ATP Tour

Crédit: Getty Images

"C’était un très bon match et une belle performance de ma part. J’ai bien joué du début à la fin. Atteindre le 3e tour est quelque chose de super pour moi et je suis très heureux." Amateurs de déclarations fracassantes et de polémiques affriolantes, passez votre chemin. Ça n’est pas le style de la maison Alcaraz. Le garçon est plutôt de l’école espagnole, qui consiste la plupart du temps à laisser parler la raquette avant d’ouvrir sa bouche.
Sur le court en revanche, le jeune homme originaire d’El Palmar, dans la région de Murcie, tient un discours éloquent depuis le début de cet US Open. Vainqueur par K.-O. du dangereux Cameron Norrie au premier tour (6-4, 6-4, 6-3), il a dû ensuite beaucoup plus travailler au corps son adversaire du 2e tour, le Français Arthur Rinderknech, pour s’imposer 7-6(6), 4-6, 6-1, 6-4. Et se qualifier ainsi pour le 3e tour, où il se posera cette fois en challenger, mais redoutable, de Stefanos Tsitsipas.

Une progression ébouriffante : déjà le Top 50 en ligne de mire

A 18 ans et 130 jours, voilà donc Alcaraz devenu le plus jeune joueur à atteindre ce stade à New York depuis Donald Young, en 2007. Une fois, ça peut être un hasard du destin. On va être un peu caustique mais le gaucher américain en est un bon exemple. Mais deux fois, ça commence à faire beaucoup : Alcaraz, à peine après avoir fait cette année ses grands débuts en Grand Chelem, avait déjà atteint ce stade à Roland-Garros, où il était devenu cette fois le plus jeune joueur au troisième tour depuis Andreï Medvedev en 1992. Là, ça cause un peu plus…
Evidemment, si elle n’est pas suivie d’effets, la précocité, comme le talent, n’est rien d’autre qu’une sale manie tout juste bonne à faire chauffer le cerveau des statisticiens. Comme avait dit Richard Gasquet dans son adolescence : "ça ne sert à rien d’être précoce, l’important c’est de gagner des grands tournois." Et des grands tournois, l’Espagnol n’en a gagné encore aucun, même s’il a ouvert son palmarès cet été en s’imposant à Umag, au détriment justement de Gasquet en finale.
Mais la révélation ATP de l’année 2020 a néanmoins connu, cette saison, une progression suffisamment exponentielle pour être à peu près certain de ne pas nous tromper sur la marchandise. Classé en dehors du top 200 il y a un an à la même période (et désormais 55e), Alcaraz, par ailleurs demi-finaliste la semaine dernière à Winston-Salem, pourrait intégrer le top 50 au sortir de cet US Open en cas d’exploit face à Tsitsipas.

Ferrero, un mentor conquis

Il lui faudrait alors se trouver un nouvel os à ronger, puisque c’est l’objectif comptable qu’il s’était fixé pour cette saison avec Juan Carlos Ferrero, son entraîneur au sein de son académie Equelite, à Villena.
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Un mental à la Nadal, un jeu à la Federer : voici Carlos Alcaraz

Ce dernier, dont il est amusant de noter qu’il avait triomphé à Roland-Garros à peine un mois après la naissance de son poulain (le 5 mai 2003), ne manque jamais une occasion de saluer son éthique de travail. "Je ne suis absolument pas surpris par sa progression. A l’instant même où j’ai commencé à travailler avec lui (en 2019, Ndlr), j’ai su qu’il avait un gros potentiel et qu’il allait progresser très vite", disait récemment à l’ATP l’ancien numéro 1 mondial.
Ferrero a visiblement plus d’affinités professionnelles avec Alcaraz qu’avec Alexander Zverev, avec lequel il avait eu auparavant une collaboration achevée en eau de boudin. "Il fait les choses bien, sur et en dehors du court, ce qui est très important. Chaque semaine, je le sens capable de faire un gros truc car il a un énorme potentiel dans sa raquette."

Une précocité avant tout physique et émotionnelle

Parce qu’il n’a encore que 18 ans, Carlos Alcaraz ne fait pas un "gros truc" chaque semaine. Il a encore, logiquement, l’inconstance de sa jeunesse. Mais ce qui frappe chez lui, en plus évidemment de son coup droit meurtrier, c’est qu’il a quand même sacrément tendance à jouer proportionnellement bien selon l’importance du match. Et selon l’importance du point, à l’image de ces trois balles de premier set (consécutives) sauvées face à Rinderknech. Ça, en général, c’est un signe qui ne trompe pas.
Ce qui trompe encore moins, c'est l'approche qu'Alcaraz a de ces points cruciaux. "Beaucoup de joueurs se tendent sur les points importants : ils ne veulent pas commettre la faute, donc ils attendent que leur adversaire la fasse, disait le joueur l'an dernier dans une interview accordée à Tennis Majors. Personnellement, je préfère prendre un risque. Au moins, je suis maître de mon destin et l’adversaire pourrait être un peu effrayé de voir que je le mets sous pression. Juan Carlos me le répète tous les jours : il faut être agressif dans les moments-clés."
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ATP - Ferrero compare le jeune prodige Alcaraz à Federer plutôt qu'à Nadal

Le dire, c'est une chose. Le faire en est un autre. Alcaraz, lui, il fait. Sa précocité, pour revenir sur ce thème, est différente d’un Richard Gasquet, qui était surtout technique. La sienne est avant tout physique et émotionnelle. Son biceps droit, toutes veines apparentes, est impressionnant. Son attitude, elle, est impeccable. Du sang chaud, certes, quelques coups de gueule parfois. Mais jamais un caprice. Jamais une plainte. Jamais un coup tordu. Tout est fluide dans la tête du garçon.

Nadal, une comparaison évidente mais encombrante

En plus de sa nationalité et son appétence pour le golf, c’est ce qui le rapproche évidemment de Rafael Nadal, auquel il est souvent comparé, ce qui ne lui rend pas service et ne l'enchante guère. Le profil d’Alcaraz diffère de toute façon de celui de son glorieux aîné. Déjà, il est droitier. Et s'il n'a pas une assise défensive aussi solide, il se repose davantage sur la percussion tous azimuts, avec une balle qui va plus vite que celle de Nadal au même âge, notamment au service où son kick fait des ravages sur terre battue.
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Nadal n'a fait aucun cadeau à Alcaraz : le résumé de sa victoire

"Ce qui est fort chez lui, c'est sa capacité à frapper des coups gagnants (40 contre Rinderknech, Ndlr,) sans donner l'impression de prendre des risques outre mesure", comme le faisait remarquer notre consultant Jean-Paul Loth mercredi sur les antennes d'Eurosport. Bien sûr, son jeu reste dans la filière classique du tennis moderne, fondée sur la puissance et l'agression permanente. Mais il y a malgré tout chez lui un je-ne-sais-quoi qui attire l'attention. Un tennis parfaitement identifié, pour un joueur parfaitement identifiable.
Avec toutes ces qualités, sera-t-il en mesurer de causer une sensation face à Stefanos Tsitsipas, ce vendredi, et faire (un peu) mieux que Rafael Nadal qui avait atteint son premier huitième de finale en Grand Chelem à 18 ans et 7 mois, lors de l'Open d'Australie 2005 ? On en est loin. Mais qu'il perde ou qu'il gagne, on peut être à peu près sûr d'une chose : Alcaraz ne s'évadera pas de son match.
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