US Open 2023 | Carlos Alcaraz – Daniil Medvedev : prometteur sur le papier, moins en réalité ?

Mis à jour 09/09/2023 à 00:30 GMT+2

Carlos Alcaraz et Daniil Medvedev ont rendez-vous vendredi en demi-finale de l'US Open, une affiche que laissait prévoir le tirage au sort voici deux semaines. Théoriquement, on ne pouvait donc espérer mieux qu'un duel entre les numéros 1 et 3 mondiaux, tous les deux très à l'aise sur le dur de Flushing Meadows. Mais la tendance de leurs duels penche clairement en faveur de l'Espagnol à ce jour.

Carlos Alcaraz et Daniil Medvedev lors de la finale d'Indian Wells.

Crédit: Getty Images

Le contexte

Les deux derniers rois de New York face-à-face. Il y a pire comme bande-annonce avant une demi-finale de Grand Chelem. Si dans la partie basse du tableau Ben Shelton a créé l'événement pour se frayer un chemin jusqu'au taulier Novak Djokovic, les cadors ont donc assuré dans la partie haute. Et ce n'est pas une surprise vu les références des deux hommes à l'US Open : outre leurs titres respectifs en 2021 et 2022, le Russe compte une finale en 2019 et une demie en 2020, tandis que l'Espagnol avait atteint les quarts à seulement 18 ans pour sa première participation voici deux ans.

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Reste que si la présence d'Alcaraz à ce stade relevait presque de l'évidence, vu son triomphe à Wimbledon et sa finale dantesque à Cincinnati en préparation contre Djokovic, celle de Medvedev l'était moins. Pourquoi ? Tout simplement parce que le Russe, contrairement à ses bonnes habitudes sur le dur américain, n'avait impressionné ni à Toronto ni dans l'Ohio, échouant respectivement en quart et huitième de finale contre Alex de Minaur et Alexander Zverev.

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Il n'abordait donc pas cette quinzaine au sommet de sa confiance, il a vite retrouvé ses sensations et a montré qu'au meilleur des cinq sets, c'était un autre animal. Après un début de tournoi sans histoire mais au cours duquel il a montré quelques failles au niveau de la concentration, notamment lors de son 2e tour contre Christopher O'Connell, il a clairement passé la vitesse supérieure en seconde semaine. En huitième de finale, après un démarrage difficile, il a pris une revanche éclatante sur Alex de Minaur, avant de se défaire de son compatriote et proche ami Andrey Rublev dans la souffrance mais… en trois sets.

Tennistiquement, Medvedev s'est ainsi remis au niveau et semble au point pour s'attaquer à la montagne Alcaraz. Car il s'agit bien d'une montagne. Comme le Russe, l'Espagnol n'a concédé qu'un set en cinq matches, mais l'impression laissée est encore supérieure. Spectaculaire par séquences, il accélère et fait la différence quand il le souhaite dans ses parties. Une légère baisse de tension exceptée face à Daniel Evans, il s'est baladé, et dans des proportions assez effarantes face à Zverev en quart, tout en donnant l'impression de gérer. Pour renverser le nouveau monstre, Medvedev aura donc fort à faire.

Face-à-face

Si l'on regarde le bilan brut entre les deux hommes, il n'a pas l'air vraiment déséquilibré : ils ne se sont affrontés que trois fois et Alcaraz ne mène que 2-1. Oui mais voilà, la seule victoire de Medvedev date d'un 2e tour à Wimbledon en… 2021 (6-4, 6-2, 6-1) quand l'Espagnol était encore tout jeune (18 ans) et n'avait pas explosé au plus haut niveau.
Lors de leurs deux autres duels qui ont eu lieu cette saison, il n'y a pas eu photo. Que ce soit en finale à Indian Wells (6-3, 6-2) sur dur ou en demie à Wimbledon (6-3, 6-3, 6-3) sur gazon, le Murcien a nettement imposé sa loi.

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Leur parcours

Carlos Alcaraz

1er tour : bat Dominik Koepfer [ALL] sur abandon 6-3, 3-2 ab.
2e tour : bat Lloyd Harris [RSA] 6-3, 6-1, 7-6(4)
3e tour : bat Daniel Evans [GBR/N.26] 6-2, 6-3, 4-6, 6-3
1/8e de finale : bat Matteo Arnaldi [ITA] 6-3, 6-3, 6-4
1/4 de finale : bat Alexander Zverev [ALL/N.12] 6-3, 6-2, 6-4

Daniil Medvedev

1er tour : bat Attila Balazs [HON] 6-1, 6-1, 6-0
2e tour : bat Christopher O'Connell [AUS] 6-2, 6-2, 6-7(6), 6-2
3e tour : bat Sebastian Baez [ARG] 6-2, 6-2, 7-6(6)
1/8e de finale : bat Alex de Minaur [AUS/N.13] 2-6, 6-4, 6-1, 6-2
1/4 de finale : bat Andrey Rublev [RUS/N.8] 6-4, 6-3, 6-4

Le facteur X : Les conditions météorologiques extrêmes

Les considérations tennistiques et tactiques seront évidemment importantes dans cette demi-finale. Mais seront-elles pour autant fondamentales ? Lors de son quart face à Rublev, Medvedev s'est aussi avant tout battu contre les éléments, au point de se trouver mal, accablé par la chaleur humide. Pour Alcaraz, l'épreuve fut moins éprouvante en "night session" malgré la moiteur ambiante.

Vendredi, les prévisions à New York semblent légèrement plus clémentes : 30°C sont annoncés en journée (contre 35 mercredi) et 75 % d'humidité. Si le duel se joue en soirée, il devrait faire toutefois nettement moins chaud, mais avec une humidité encore plus forte (86 %) et un risque d'orages. Le rapport de force physique jouera forcément un rôle majeur, qui plus est à ce stade du tournoi.

Medvedev : "Les conditions étaient brutales, je ne voyais plus la balle"

Ils ont dit

Carlos Alcaraz : "Les dernières fois que j'ai joué Daniil, j'ai été parfait sur le plan tactique. J'ai plutôt bien fait tout ce que je devais faire contre lui, je pense que mon jeu convient bien à ce genre d'adversaire. Je vais donc essayer de faire pareil qu'à Indian Wells et à Wimbledon, pour gagner je l'espère du moins."

Daniil Medvedev : "J'ai dit que je me mettais un 10 sur 10 sur mon état de forme après le match contre Rublev ? Il faut que ce soit du 11 sur 10 contre Carlos, ça vous dit à quel point il est fort. Même s'il a perdu un set dans son parcours, j'ai regardé certains de ses matches et parfois, il trouve de ces passings sur balles de break… C'est incroyable."

Trois stats à retenir

5. A 20 ans et quatre mois, Carlos Alcaraz est devenu le cinquième joueur le plus jeune de l'Histoire à compter déjà quatre demi-finales de Grand Chelem à son actif. Seuls Boris Becker, Mats Wilander, Björn Borg et Andre Agassi le devancent. Il fait mieux que Novak Djokovic et Rafael Nadal dans ce domaine.

36. C'est le nombre de breaks réalisés jusqu'ici par Daniil Medvedev, plus que tout autre joueur dans cette quinzaine (Djokovic est 2e dans ce domaine avec 32 breaks, Alcaraz, 8e, n'en compte "que" 23 à ce stade). Le Russe s'empare ainsi quasiment une fois sur deux du service adverse dans ce tournoi. Trouvera-t-il la solution contre celui de l'Espagnol qui possède la seconde balle la plus efficace à New York (63 % de points gagnés derrière) ?

12. Cela faisait douze ans que les trois premières têtes de série n'avaient pas été, comme cette année (Alcaraz, Djokovic, Medvedev), au rendez-vous du dernier carré à l'US Open, tournoi du Grand Chelem le plus imprévisible récemment. A l'époque, en 2011, les trois heureux élus étaient naturellement Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Federer, ce qui met encore en relief la longévité du Serbe.

Notre avis

Le tennis est avant tout un rapport de forces. Et voir les numéros 1 et 3 mondiaux, vainqueurs des deux dernières éditions de l'US Open, croiser le fer en demi-finale a de quoi faire saliver. Mais qui dit rapport de forces, dit compatibilité (ou non) des styles de jeu. Lors de leurs derniers duels, un constat a frappé les esprits : le tennis de Daniil Medvedev semble permettre à Carlos Alcaraz de donner sa pleine mesure, l'inverse n'est pas vrai.

Passings de feu, amorties déposées, défense de fer : comment Alcaraz a déroulé face à Zverev

Autant tactiquement que tennistiquement, le Murcien a largement dominé son rival en 2023, profitant à merveille notamment de la position très reculée du Russe à la relance pour dicter sa cadence. Agressif en coup droit dès le second coup, il varie souvent intelligemment avec une bonne dose de service-volée, annihilant ainsi en partie la grande force de Medvedev : sa qualité de retour et sa capacité à faire durer l'échange.

Dans ce face-à-face, c'est Medvedev qui est donc forcé d'évoluer dans son approche. Avancera-t-il davantage à la relance ? Se montrera-t-il plus agressif à l'échange ? Une chose est certaine : il devra sortir de sa zone de confort, quitte à surjouer, même s'il adore le dur new-yorkais où le rebond est moins haut qu'à Indian Wells où il avait été écrasé. A priori, Alcaraz a donc les clés, d'autant plus que physiquement, il a moins souffert de la chaleur humide new-yorkaise que le Russe jusqu'ici. Un rude combat nous enchanterait, mais aura-t-il lieu ? Rien n'est moins sûr, même si "Carlitos" s'est parfois un peu déconcentré dans cette quinzaine.

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