Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

US Open 2023 | "Pour Titouan Droguet, ce n'est qu'un démarrage, pas un coup de chance"

Maxime Battistella

Mis à jour 30/08/2023 à 13:19 GMT+2

Sensation de ce début d'US Open côté français, Titouan Droguet va jouer pour la première fois de sa carrière à 22 ans un 2e tour en Grand Chelem. L'occasion de revenir sur son parcours et ses objectifs avec le directeur de la French Touch Academy, Charles Auffray, qui l'encadre au côté de son coach Yannick Jankovits depuis deux ans au Cap d'Agde. Entretien.

Titouan Droguet à l'US Open en 2023

Crédit: Getty Images

Que ressentez-vous après cet exploit de votre élève ?
Charles Auffray : C'est une vraie bonne surprise, et en même temps, pas tant que ça, parce que ça fait longtemps qu'on l'entraîne et qu'on voit son potentiel et sa force de travail. C'est un peu le résultat d'un travail global depuis deux ans. Avant de venir à l'académie, Titouan n'avait pas nécessairement le cadre professionnel pour s'exprimer, et là, il l'a trouvé. Il était encore tout jeune et immature à l'époque, autour de la 600e place mondiale. Il avait 19 ans et demi, c'était le bon moment pour se rencontrer. On a vite détecté qu'il avait un potentiel tennistique et une ambition importante. Quand vous avez les deux, généralement, ça progresse.
Quel est l'objectif à moyen terme qu'il peut se fixer ?
C. A. : Les résultats commencent vraiment à arriver. Je le vois plus comme un démarrage que comme un coup de chance. Pour moi, il a le potentiel pour être Top 50 d'ici deux ans.
Quelles sont ses grandes forces ?
C. A. : Quand on l'a vu jouer pour la première fois, ça a été une évidence. Il n'y a pas besoin d'être un expert du tennis pour voir qu'il a des capacités très importantes : une palette de coups, un physique… Là, dans ce 1er tour face à Lorenzo Musetti, il a tenu cinq sets alors qu'il n'avait jamais joué cinq sets. Il est très rapide, il a un gros caractère, donc ça fait quand même beaucoup de qualités mises bout à bout pour espérer aller loin.
picture

Du cran et de l'audace : comment Droguet a créé la sensation face à Musetti

Ce n'est pas pour rien si Titouan a tenu comme il a tenu physiquement
Avez-vous une méthode particulière de travail dont Titouan récolte les fruits ?
C. A. : L'académie est un cadre familial où ça bosse dur. Tous les professionnels qu'on a s'entraînent 6-7 heures par jour. Alors, il ne s'agit pas de faire du volume pour faire du volume, mais je crois que c'est important, notamment sur terre battue quand ça dure. Sur les périodes un peu creuses dans l'année, il faut faire des volumes importants. Je pense que ce n'est pas pour rien si Titouan a tenu comme il a tenu et était bien physiquement pour son premier match en cinq sets. Il est bien préparé et ça fait partie de l'ADN de l'académie. On a aussi une préparatrice mentale, mais je demande surtout aux entraîneurs d'être très présents dans ce domaine et c'est le cas de Yannick Jankovits pour Titouan.
Il était encore 465e mondial il y a un an, comment expliquer cette progression si rapide (il est 171e, NDLR) ?
C. A. : Il est quand même monté régulièrement au classement ces deux dernières années, même s'il s'est blessé une ou deux fois, ce qui l'a un peu ralenti. Il y a des paliers que l'on franchit d'un coup grâce aux résultats : on peut bien jouer au tennis, mais sans assez de confiance. En février à Cherbourg, il est allé loin pour la première fois dans un Challenger (finale, NDLR) et il a compris qu'il avait le niveau pour bien faire dans ces tournois. Il a enchaîné derrière et c'est pour ça qu'il a intégré le Top 200. Maintenant, il se rend compte que jouer des Top 100-150, c'est à portée de fusil. Et surtout, il apprend vite parce que c'est fort de faire ce qu'il a fait contre Musetti.
Faire partie du Top 100 est un objectif réalisable d'ici début 2024
Il y a de quoi être bluffé, l'êtes-vous ?
C. A. : Titouan a démontré qu'il était capable à la fois physiquement et mentalement de tenir ce genre de choc, ce qui est une bonne chose. C'est très révélateur de ses capacités, mais ce n'est qu'un match. A lui de continuer à travailler pour atteindre ce niveau-là régulièrement. Quand je dis que ce n'est qu'un match, je parle de ce niveau contre un Top 20. Il a ce niveau par intermittence pour le moment. Il ne faut pas qu'il pense qu'il est arrivé. C'est génial, ça s'est bien goupillé et ce n'est pas fini, mais il faut continuer à bosser.
picture

Droguet : "C'est une expérience incroyable depuis les qualifs"

Son 2e tour a l'air abordable contre un jeune Tchèque Jakub Mensik, tombeur de Grégoire Barrère, non ?
C. A. : C'est un super joueur mais qui manque d'expérience, donc c'est sans doute un avantage pour Titouan. Mais ça peut être piégeux aussi. En tout cas, c'est une très belle aventure, on est fiers de ce qu'il fait là et on attend de voir comment le reste de l'année va se goupiller. Je suis confiant dans sa capacité à gravir les échelons et faire partie du Top 100 est un objectif réalisable d'ici début 2024.
Il a cette force de caractère qui fait la différence
Il n'avait plus joué sur dur depuis février, est-il meilleur sur terre battue ?
C. A. : En fait, ça fait pas mal de temps que j'essaie de lui mettre dans la tête qu'il peut être aussi bon, voire meilleur, sur dur que sur terre, parce qu'il a un très beau service, il peut volleyer, il est capable d'être très offensif. Lui a pensé jusqu'à très récemment qu'il était meilleur sur terre, il faisait même un blocage sur dur. Et à Cherbourg, il y a eu un petit déclic. En tout cas, il est polyvalent : il a une palette de coups importante, il va très vite, il défend bien, il attaque bien... Il est tout fin, il fait un peu gringalet mais il est très explosif. Musetti était surpris de ce qu'il ramenait en défense.
Et mentalement, Titouan semble avoir de belles ressources, qu'en pensez-vous ?
C. A. : Il a un gros caractère, il est déterminé et a de l'ambition. C'est un guerrier sur le terrain, il l'a toujours été. Il s'accroche, ne lâche rien, c'est sans doute sa qualité principale. On aurait pu se dire qu'il en avait assez au 4e set de son 1er tour, qu'il avait fait son tournoi, mais non : il a résisté et a fait craquer l'autre. C'est extrêmement encourageant pour la suite, il a cette force de caractère qui fait la différence entre un Top 30 et un Top 150.
Dans quels domaines peut-il encore progresser ?
C. A. : De façon évidente, en revers. Il faut qu'il soit plus solide, plus précis sur les zones, qu'il soit plus agressif au retour même s'il a beaucoup progressé. Il doit aussi être capable de changer de rythme en coup droit, il faut qu'il prenne la balle plus tôt encore pour voler du temps à l'adversaire. Ce sont les axes principaux en fond de court, il doit prendre aussi davantage le filet, parce qu'il a une très bonne volée. Et s'il gagne en pourcentage de premières balles, il pourra viser plus haut.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité