US Open - Révélation, précocité, amitié avec Novak Djokovic, histoire à la Roger Federer : voici Jakub Mensik

Plus jeune joueur encore en lice dans le tableau principal chez les messieurs, Jakub Mensik est un modèle de précocité pur et dur. Le natif de Prostejov fait même mieux que Carlos Alcaraz ou le Big Three à Flushing. C'est dire si précocité est le mot.

En se qualifiant pour le 3e tour de l'US Open, le Tchèque est entré dans le top 10 des plus jeunes joueurs à s'être hissés à ce stade du tournoi à Big Apple. A 17 ans et 11 mois, il se classe 9e derrière des noms qui parlent : Aaron Krickstein (1er du classement), Michael Chang, Boris Becker, entre autres.

Le dernier à avoir réalisé pareille performance à Flushing, à 17 ans, était un certain Fabrice Santoro en 1990. Autre record battu : celui de Borna Coric, plus jeune joueur à avoir gagné un match dans le grand tableau en 2014. Mensik casse toutes les barrières.

Clin d'oeil sympa : il fête ses 18 ans ce vendredi, jour de son match du 3e tour contre Taylor Fritz. "J'espère que je jouerai sur un grand court du coup", s'est amusé la révélation du tournoi. Il a été entendu : il jouera en night session sur le court Louis-Armstrong. "Jouer un 3e tour de l'US Open pour ses 18 ans, ce n'est pas si mal."

Jakub Mensik decouvre le très haut niveau à New York. Obligé d'être sur le circuit secondaire et terciaire à cause de son classement (il est 206e cette semaine), le droitier a obtenu sur le papier d'être dans le cut pour les qualifications de l'US Open. Sa progression est d'ailleurs phénoménale : il était 676e lors du début de l'US Open 2022.

L'édition 2023 est donc sa première apparition en Grand Chelem. Avant d'aborder les qualifications, il n'avait joué qu'un seul match sur le grand circuit, lors des qualifications de l'Open 250 de Belgrade, où il avait reçu une wild card (vous comprendrez pourquoi dans la partie "Djokovic", NDLR). Dans les statistiques, les matches de qualifs ne comptent pas en plus, donc pour l'ATP, il n'avait jamais joué sur le circuit principal.

A New York, Mensik a battu un certain Fabio Fognini au 1er tour, avant de confirmer face au Suisse Leandro Riedi et son compatriote Zdenek Kolar. La suite, vous la connaissez : il a battu deux Français, Grégoire Barrère et Titouan Droguet, pour signer ses premiers succès sur le grand circuit. Si son parcours s'arrête au 3e tour, il sera classé à la 146e place après l'US, à 195 points du Top 100.

La barrière des "100" n'est plus si loin, même s'il entre dans la zone des sables mouvants entre la 100e et la 200e place. Malgré les embûches à venir, il semble destiné à rejoindre Jiri Lehecka dans le top 50 dans pas si longtemps. Le tennis tchèque est donc entre de bonnes mains après le vide suite aux retraites de Radek Stepanek et Tomas Berdych.

"C'est quelque chose de vraiment sympa", commente l'espoir tchèque. "Avant le tournoi, j'ai parlé avec mon coach et j'ai dit : 'Hé, c'est mon premier Grand Chelem, on y va et on profite de l'ambiance de la première fois, avec tout le bon travail qu'on a fait. Après une bonne saison (il a gagné un premier titre en Challenger à Prague, ndlr), c'est en quelque sorte une 'revanche'. C'est mon cadeau après une bonne saison. Je suis très satisfait de mes résultats ici à l'US Open. J'espère que je pourrai continuer comme ça lors des prochains tours."

Rien de bien surprenant pour un tennisman qui aspire à de grandes choses - pas de surprises Mensik veut gagner des Grands Chelems et être n°1 mondial - mais l'aspirant voit un coach mental. Un Serbe nommé Dragan Vujovic. Mensik travaille avec lui depuis plusieurs années.

"Quand j'étais plus jeune, j'étais trop excité sur le court, j'avais trop d'énergie négative. On a commencé à travailler et s'améliorer sur cet aspect sur le court et en dehors Cela m'a beaucoup aidé", révèle-t-il. Maintenant, je peux dire que ma stabilité mentale est très bonne pour ce genres de matches et de tournois. Elle est aussi importante pour mon jeu, même si elle peut être améliorée. Mais lors de mes derniers matches, ça m'a aidé dans les moments charnières. Face à des gars classés dans le top 60, quand il y a des points importants à 5-5 et 30/30, c'est très important."

Déjà brillant chez les juniors l'année dernière, Mensik avait tapé dans l'oeil d'un certain Novak Djokovic qui avait regardé son épique finale perdue chez les juniors lors de l'Open d'Australie 2022 contre l'Américain Bruno Kuzuhara (7-6, 6-7, 7-5, après 3h43 de jeu). Une preuve que le Serbe n'avait pas coupé à 100% malgré l'épisode de son exclusion du pays. Impressionné par ce qu'il avait vu, Djoko a donc enregistré une vidéo pour le féliciter et l'inviter à taper quelques balles dans son académie de Belgrade.

"Il cherchait quelqu'un pour taper la balle pendant une semaine", a révélé Mensik à l'ATP. "Je me suis dit : 'Ok, pourquoi pas ?'. C'est l'un des meilleurs au monde. Donc j'ai dit : 'Ok faisons ça'. J'y suis allé et on a frappé plusieurs fois. On n'a pas juste parlé de tennis, mais aussi des choses en dehors. Il était vraiment drôle. Et hors du court, c'est l'un des mecs les plus sympas que j'ai rencontré. Quand il parle avec vous, c'est quelqu'un de normal, on ne dirait pas que c'est un joueur de tennis."

Issu d'une famille de sportifs, Jakub Mensik s'est mis au tennis un peu par hasard quand il était tout jeune, après avoir vu des jeunes s'entrainer près de chez lui. Formé par un coach nommé Ivo Muller, le joueur a eu le malheur de perdre celui qui était son mentor, emporté par un cancer en 2013. Cela rappelle ce qui était arrivé à Federer avec son entraîneur Peter Carter, même si les deux histoires sont radicalement différentes. Très colérique plus jeune, comme mentionné plus haut, Mensik avait également un tempérament digne des jeunes années de RF.

Dans un entretien donné à l'ATP, Michal Mensik, le père de Jakub, a reconnu que cette perte brutale avait fortement impacté son fils. "Il était vraiment petit quand c'est arrivé, il avait 7 ans (il est né le 1er septembre 2005, ndlr). C'était sa première expérience avec une telle situation. Il était triste et c'est la première fois qu'on a eu l'occasion de parler avec lui de la mort et de ce genre de choses. Il était mal évidemment, mais la vie devait continuer."