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WTA Miami : Elena Rybakina, la discrète qui fait de plus en plus de bruit

Maxime Battistella

Publié 23/03/2023 à 19:05 GMT+1

WTA MIAMI – Couronnée à Indian Wells et finaliste de l'Open d'Australie en janvier, Elena Rybakina s'affirme comme l'une des meilleures joueuses du circuit. Un statut en contradiction avec une personnalité effacée qui a longtemps fait d'elle une championne sous-estimée alors même qu'elle avait déjà brillé à Wimbledon l'an passé. Désormais, impossible de ne plus la prendre au sérieux.

Swiatek, Sabalenka, Rybakina : Un Big 3 au féminin ?

Elle a quelque chose d'énigmatique. Avec sa "poker face" y compris une fois la victoire acquise, il est parfois difficile de déterminer si elle vient de gagner un 1er tour ou la finale d'un tournoi du Grand Chelem. Elena Rybakina contrôle si bien ses émotions que certains pourraient prendre cela pour de la froideur et voir peut-être en elle une sorte de robot lance-balles. A tel point que malgré son émergence spectaculaire sur le gazon du All England Club l'été dernier, elle n'a pas attiré plus que ça l'attention médiatique.
Après tout, le tennis féminin manquait tant de stabilité ces dernières années que ce coup d'éclat à Wimbledon pouvait bien être sans lendemain, à l'instar de celui d'une Jelena Ostapenko à Roland-Garros en 2017. Ajoutez à cela le fait qu'elle n'ait pas obtenu les points normalement attachés à son premier titre en Grand Chelem et Rybakina pouvait retomber dans l'oubli pour ainsi dire. A l'Open d'Australie, elle avait même commencé la quinzaine sur le court… 13 avant de se faire un chemin jusqu'en finale. Son titre à Indian Wells dimanche dernier a sans doute convaincu les derniers sceptiques.

L'anti-Raducanu

Mais Rybakina ne contribue-t-elle pas par son caractère à un malentendu sur son potentiel et son talent ? "Je crois surtout qu'il faut rester fidèle à ce que l'on est, il faut être authentique et sincère, et c'est ce qu'elle est, souligne Chris Evert, consultante pour Eurosport. Elle ne va pas sortir soudainement de ses gonds comme John McEnroe en avait l'habitude, ce n'est pas sa personnalité. Elle est très calme, garde les choses à l'intérieur et elle utilise ça à son avantage, ça l'aide dans son tennis. Quand je la vois jouer contre les autres joueuses qui s'énervent, elle a ce petit sourire sur le visage qui la caractérise, et j'aime ce que je vois. Je pense que son naturel est de rester calme."
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Un peu fragile… puis si solide : comment Sabalenka a mis au pas Rybakina

D'ailleurs, l'ex-championne américaine, qui avait l'habitude de ne pas montrer ses émotions sur le court, s'identifie à Elena Rybakina. Björn Borg, qui fut l'une des plus grandes stars de l'Histoire du tennis, était lui aussi un grand taiseux. Ce n'est donc pas forcément incompatible. Reste que la Kazakhstanaise n'est peut-être pas en adéquation avec son époque qui donne une importance démesurée à l'image.
"Ce n'est pas dans sa personnalité de profiter de sa victoire à Wimbledon comme d'autres l'ont fait dans le passé pour faire des apparitions médiatiques, la couverture de magazines, multiplier les contrats et être dans les talk-shows. Je pense qu'elle a une vie très rangée, et qu'elle est très heureuse comme ça. Elle ne veut pas sortir de sa bulle et ça la regarde. Elle n'a pas besoin d'attention à mon avis, et c'est pour ça qu'on ne la voit pas beaucoup comme Emma Raducanu ou d'autres filles qui ont gagné des Majeurs", ajoute Chris Evert.

Du caractère malgré les apparences

Sans aller chercher aussi loin dans le contraste, Iga Swiatek et Aryna Sabalenka ont des caractères qui attirent davantage le feu des projecteurs. La première par ses prises de position et sa capacité à s'exprimer sur des sujets qui dépassent le cadre du tennis (santé mentale ou guerre en Ukraine par exemple), la seconde par sa fraîcheur et ses facéties, comme sa petite grimace lors de la remise des trophées à Indian Wells (elle a tiré la langue à Rybakina alors que cette dernière se réjouissait de l'avoir enfin battue, NDLR).
Certains comme Marion Bartoli ont même vu dans la discrétion de Rybakina une forme de soumission à son coach Stefano Vukov, particulièrement véhément à son encontre lors de la dernière finale de l'Open d'Australie. Mais la joueuse a vivement réagi en défendant celui qui l'entraîne. "Nous émettons des jugements très vite. Rybakina est assez grande pour prendre ses propres décisions. Elle n'a pas 13 ans. C'est elle la patronne. Et à moins que la violence soit avérée, cela ne nous concerne pas", tranche encore Chris Evert.

Un contraste intéressant pour un potentiel "Big 3"

Et pour cause, Rybakina ne manque pas de caractère. Quand elle ne veut pas entendre les conseils pressants de son coach, elle s'en éloigne parfois ostensiblement. Surtout, elle fait très bien parler la raquette. Sûrement la meilleure serveuse du circuit à l'heure actuelle, son timing et sa capacité à imprimer de la vitesse à la belle ont peu d'équivalent. Elle s'est distinguée aussi au filet en finale en Californie et progresse à vue d'œil, tennistiquement comme au classement. Deuxième à la Race derrière Sabalenka, elle devrait être 3e (7e actuellement) avec les points de Wimbledon derrière la Biélorusse et Swiatek.
Par ses résultats et sa personnalité atypique, elle pourrait donc bien se faire une place à part dans une sorte de "Big 3" féminin. Et ce n'est pas pour déplaire à Chris Evert. "Trois joueuses désormais pourraient devenir les Federer, Nadal et Djokovic de la WTA : Iga, Aryna et Elena. Je pense que leur rivalité pourrait être très intéressante. Quand Serena s'est arrêtée, on se disait 'Oh mon Dieu, le tennis féminin est en difficulté, où est la prochaine grande championne ?' Et je pense que nous avons la réponse, elles pourraient même être trois."
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