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Federer et Nadal boudent la Coupe Davis : un (grave) problème d’agenda, dont peut profiter la France

Patrick Mouratoglou

Mis à jour 10/03/2015 à 14:37 GMT+1

La Coupe Davis est régulièrement boudée par les stars du circuit, à cause de blessure ou pour prendre du repos. Cette année, seulement quatre joueurs du Top 10 disputeront le premier tour du 6 au 8 mars. L'ITF et l'ATP doivent trouver une solution pour ne pas que ça s'aggrave. Et que ça nuise à son image. Décryptage de Patrick Mouratoglou, entraîneur, notamment, de Serena Williams.

Federer - Coupe Davis - Blog Mouratoglou

Crédit: Eurosport

Cette année encore, la Coupe Davis sera amputée de la majorité des grandes stars du tennis mondial. Les Suisses Federer et Wawrinka font l’impasse, tout comme Rafael Nadal et David Ferrer (qui ne joueront pas avec l'Espagne tombée en seconde division), ou encore Tomas Berdych. Une aubaine pour l’équipe de France qui court après ce titre et veut effacer l’image si douloureuse de cette finale 2014. Même si "à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire", il faut saisir toutes les opportunités qui s’offrent à nous.
Il ne faut pas oublier que Novak Djokovic, lui, s'en est détourné en 2014 pour y revenir en 2015. Mais rares sont les saisons où toutes les stars du moment répondent présent au même moment. Pour le bien de l’épreuve, pour sa viabilité à long terme, pour sa crédibilité, il est impératif que l’ITF (Fédération Internationale de Tennis) se penche sérieusement sur le sujet. En effet, cela fait bien longtemps que l’idée d’une refonte de la formule de la Coupe Davis trotte dans de nombreuses têtes, mais pour le moment, aucune idée de génie n’a permis de trouver la solution.
C’est d’ailleurs un crève-cœur pour la plupart des joueurs, partagés entre leur amour du maillot, et leur carrière personnelle. Car le calendrier, lorsqu’il est alourdi des rencontres de Coupe Davis devient bien indigeste. Le cas récent de Gaël Monfils qui a longtemps hésité pour finalement accepter de jouer après une volte-face rocambolesque, exprime à lui seul le malaise des joueurs face à cette problématique, notamment en France où la culture Coupe Davis est très pesante.
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Gael Monfils

Crédit: Eurosport

La saison du joueur de tennis est longue et les compétitions très nombreuses. Le classement ATP détermine la valeur des uns et des autres, mais également qui sera tête de série dans les majeurs ou encore le "cut" qui permet d’entrer dans telle ou telle compétition. Chaque tournoi étant une occasion supplémentaire de grappiller de précieux points en vue d’améliorer ce classement, la tentation de jouer un nombre important d’entre eux est forte. Or la réussite d’une saison dépend en partie de la bonne gestion et du bon équilibre des périodes d’entraînement, de compétition et de repos.

Et si la France en profitait enfin ?

Les semaines de Coupe Davis s’immisçant entre les gros blocs de tournois, elles grèvent sévèrement les périodes de repos. L’exemple de Federer est parlant. Lui qui a retrouvé son meilleur tennis depuis de nombreux mois, a totalement raté son Open d’Australie, payant probablement une période foncière tronquée par la finale de la Coupe Davis, puis les exhibitions en Asie. En revanche, sa performance à Dubaï et notamment sa finale face à Djokovic maîtrisée de bout en bout montre que les deux semaines de vacances lui ont permis de gagner en compétitivité.
La question de fond demeure : quel avenir pour cette compétition ? Elle conserve un certain prestige, car les joueurs ne considèrent un palmarès complet qu'avec le Saladier d'Argent dans leur armoire à trophées. Mais dans le même temps, une fois le titre en poche, la plupart du temps, ils n'en font plus une priorité. Ceci explique les nombreux forfaits de cette année et ce n'est pas Roger Federer qui contredira cela.
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Roger Federer et Stan Wawrinka

Crédit: SID

Quelle serait la meilleure formule pour cette Coupe Davis ? Pour éviter ce problème d’agenda, il conviendrait de rassembler toutes les rencontres lors d’un tournoi qui pourrait se dérouler sur deux ou trois semaines. Mais la densité du calendrier ne laisse que peu d’options. L’idée de placer cette compétition en fin d’année qui avait trotté dans les esprits est désormais mise en danger par l’exhibition asiatique dont la première édition s’est soldée par un succès.
Je pense personnellement qu’aucune solution satisfaisante ne pourra être mise en œuvre sans une collaboration étroite entre l’ITF (propriétaire de la compétition) et l’ATP, qui décide du calendrier des joueurs. En attendant, nous Français, profitons du désintérêt de la majorité des champions pour cette compétition cette année, pour remporter ce trophée qui nous tient tellement à cœur. Et qui se fait tant attendre depuis 2001...
Patrick Mouratoglou est l'un des Top coachs du circuit professionnel de tennis. Il entraîne notamment Serena Williams depuis juin 2012. Coach WTA de l'année 2013, il dirige la Mouratoglou Tennis Academy à Nice.
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