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Championnats d'Europe 2022 - Kevin Mayer ne se faisait pas d'illusions avant le décathlon

Amaury Erdogan-Gutierrez

Mis à jour 15/08/2022 à 19:05 GMT+2

CHAMPIONNATS D'EUROPE 2022 - Le grand adducteur de Kevin Mayer a grimacé en même temps que les supporters tricolores devant le 100 m, première épreuve du décathlon des Championnats d'Europe de Munich. Le Montpelliérain a arrêté son effort après 50 m, avant l'apparition d'une blessure. Champion du monde à Eugene, le Français visait le doublé en Bavière. Ce sera finalement tout pour 2023.

Kevin Mayer abandonne après la première épreuve du Décathlon des Championnats d'Europe 2022 à Munich.

Crédit: Getty Images

Son décathlon a tourné court : trois semaines après avoir conquis l'or mondial, Kevin Mayer a échoué dans sa "mission impossible" de doublé aux Championnats d'Europe d'athlétisme en abandonnant dès la première épreuve après une alerte musculaire à une cuisse, lundi à Munich (Allemagne).
Mayer (30 ans) avait annoncé la couleur avant son entrée en lice. Le défi inédit d'enchaîner deux décathlons en trois semaines, et idéalement or mondial et européen, était alléchant. Mais il ne "prendrai(t) pas de risque" à la moindre alerte physique, lui qui est habitué à se concentrer sur un seul décathlon par saison et qu'un tendon d'Achille avait tracassé jusqu'à peu de temps avant les Mondiaux de Eugene (États-Unis).
"Mon corps n'a pas récupéré, avait-il admis samedi. Si je fais le 100 m et que je ne fais pas de grimace, normalement c'est très bon signe. Vous êtes prévenus", avait lancé le double vice-champion olympique (2016 et 2021) et double champion du monde (2017 et 2022). Lundi matin, le rictus redouté est apparu sur le visage de Mayer vers les 60 mètres, quand il a coupé son effort. Quelques instants plus tard, il saluait de la main le public du stade olympique munichois et expliquait à même la piste s'être "arrêté avant de se blesser".
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Kevin Mayer n'a pu terminer convenablement son 100m, à Munich.

Crédit: Getty Images

Un centième pour décider
En cause, un muscle de sa cuisse gauche (le grand adducteur précisément) abîmé il y a quatre mois pendant un exercice de musculation. "Je l'ai très bien géré" mais "malheureusement, quand tu fais un 'déca' au niveau et avec l'intensité de celui de Eugene, ça se réveille", constate-t-il.
"Je savais que c'était mission impossible, estime le Montpelliérain. Je me suis donné toutes les chances de vivre encore un gros moment parce que, peu importe les peurs que ça peut générer, peu importe le stress, sur la piste je m'éclate tellement ! Je voulais me donner une chance d'y arriver, je n'ai pas réussi, ce n'est pas grave : je suis champion du monde, j'ai réussi ma saison, qui est inespérée vu mes blessures."
Une saison réussie qui aurait pu tourner au vinaigre en cas de mauvaise décision face au risque de blessure. "J'avais un centième pour décider : je continue et ça peut péter ou j'arrête, raconte-t-il. À ce centième-là, je me suis dit : 'Kev, t'es déjà champion du monde, tu vas galérer pendant toutes tes vacances au lieu de te reposer tranquille'. Ça aurait foutu la merde pour les saisons d'après. Ce n'est vraiment pas ce que je veux. Ce n'était qu'un bonus."
"À partir du moment où l'objectif, c'était de ne pas finir ce décathlon blessé, il y avait de fortes chances que ça se passe comme ça, abonde son entraîneur Alexandre Bonacorsi. Ce qui est intelligent de sa part, c'est qu'il n'est pas allé jusqu'au moment où ça pète. C'est malin parce qu'en fait, on venait chercher la cerise sur le gâteau. On va se contenter du gâteau."
Ne pas faire de bêtises
"À un moment donné, on ne peut pas avoir les yeux plus gros que le ventre, il faut aussi être raisonnable, reprend Mayer. Là, mon tendon d'Achille, je ne le sens pas, et j'ai arrêté avant que ça pète à l'adducteur, ce n'est vraiment pas des grosses blessures. Ça me met vraiment en confiance pour l'année d'après."
En ligne de mire pour le détenteur du record du monde du décathlon, les Mondiaux 2023 à Budapest et, surtout, les JO 2024 à Paris. "C'est exceptionnel pour Kevin de tenter un décathlon trois semaines après (un premier), rappelle Bonacorsi. Il était attiré par le côté historique de la chose mais il ne fallait pas faire de bêtises. Je pense qu'il préfère avoir cette frustration de se dire : 'Ça aurait pu tenir mais je me suis arrêté sereinement' plutôt que de se dire : 'Je n'aurais pas dû le faire'."
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Mayer : "Cette médaille d’argent a vraiment un goût d’or"

Avec l'abandon de Mayer, c'est un des principaux espoirs d'or européen qui s'envole pour la délégation française en Bavière, au premier jour de compétition. Et la plus haute marche du podium continental continue de se refuser à lui : médaillé d'argent en 2014 à Zurich, il avait perdu tout espoir après trois essais mordus dès le saut en longueur, deuxième des dix épreuves, en 2018 à Berlin.
(Avec AFP)
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