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LES GRANDS RECITS - Mike Marsh, l'homme qui ne savait pas que l’éternité lui tendait les bras

Maxime Dupuis

Mis à jour 20/11/2020 à 09:21 GMT+1

LES GRANDS RECITS - Le 5 août 1992 à Barcelone, Mike Marsh aurait dû battre le mythique record du monde du 200 mètres, détenu alors par Pietro Mennea depuis 13 ans. Mais ce jour-là, au cœur d’une demi-finale olympique maîtrisée de A à Z, Marsh n’a pas eu conscience d’avoir un temps d’avance sur la légende. Il a donc ralenti. Histoire d’un rendez-vous raté.

Mike Marsh

Crédit: Eurosport

Les Grands Récits sont de retour ! Avec une nouvelle thématique pour vous accompagner jusqu'à la fin de l'année. Elle s'intitule "Sur le fil". Après les maudits, les miraculés, les seconds rôles ou encore les héros improbables, nous avons souhaité nous pencher sur les "grands finishs" du sport et ces moments uniques (et tardifs) où tout a basculé. Le premier épisode est consacré à un héros particulier : Mike Marsh. Double champion olympique en 1992, il est celui qui aurait dû battre l’un des records les plus mythiques de l’athlétisme. Mais n’en a pas pris conscience. Et l’a raté, d’un rien.

1er août 1996. Atlanta. Stade olympique du centenaire. Enceinte éphémère pour soirée éternelle.
Finale du 200 mètres. Couloir 3. Pointes or aux pieds et chaîne du même métal autour du cou, Michael Johnson s’apprête à boucler un demi-tour de piste en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Le starter lève son pistolet au ciel, presse la gâchette. L’Américain sort des blocks comme une balle. On ne reverra plus la "Loco de Waco" et sa mécanique atypique. Torse dressé, foulée courte et robotique, l’Américain avale le tartan et, dès la sortie du virage, s’ouvre un boulevard vers l’éternité.
Lui, le déjà sextuple champion du monde et tout récent champion olympique du 400 mètres n'est pas venu pour amuser la galerie. En 19”32, il boucle son demi-tour du stade olympique. 19"32, rendez-vous compte. "19.32, c’est pas un chrono !? On dirait la date de naissance de mon père !", s’étouffe Ato Boldon, médaillé de bronze d’une course dont il fut réduit au rôle de simple figurant. Malgré ses 19"80. C’est dire si MJ a cassé tous les standards ce soir-là.
Cinq jours après le 100 mètres atomique de Donovan Bailey qui a éteint le sprint US et rapatrié le record du monde au nord de la frontière américano-canadienne, Michael Johnson a rallumé l’électricité. Un coup de jus monumental. En mondovision. Le Texan avait battu le vieux et mythique record de Pietro Mennea un mois auparavant, au même endroit et lors des Championnats des Etats-Unis (19"66). Cette fois, il l’a littéralement pulvérisé. Johnson a repoussé l’Italien et sa marque de 1979 à quatre dixièmes. Dans un monde où Usain Bolt n’a pas encore soufflé sa dixième bougie, ces 19"32 paraissent éternels. Ils ne tiendront “que” douze ans, jusqu’aux Jeux de Pékin (19"30). Et seront même sérieusement rabotés quand la Foudre frappera le sol berlinois, en 2009 (19"19).

L’âge d’or du sprint US

Le héros de cette soirée d’août 1996 n’est pourtant pas celui de cette histoire. Il se trouve en retrait. Dans l’arrière-scène, pas très loin d’être relégué dans la coulisse. Mike Marsh, puisqu’il s’agit de lui, a terminé 8e de la finale du 200 mètres. En 20"48. Un chrono catastrophique, indigne du tenant du titre qu’il était. Du couloir 1, son seul privilège est d’avoir pu profiter de la course de MJ, dont il n’a vu que le dos. Et encore, pas si bien que ça, ce que l’écart final entre les deux hommes laisse assez volontiers deviner. Marsh vient de perdre son titre olympique et, sans doute, le tout dernier espoir qui subsistait quant à une conquête du record du monde du 200 mètres. A bientôt 29 ans, le sprinteur est sur la pente descendante d’une carrière sur laquelle il tirera un trait avant la fin du XXe siècle, auréolé de deux titres olympiques et d’une médaille d’argent supplémentaire. Ainsi que d’un rendez-vous raté avec la postérité.
A la différence de bien d’autres champions, Michael Marsh, dit "Mike", n’était pas prédestiné à entrer dans la légende de son sport. S’il est un excellent athlète, cela ne suffit pas lorsque vous avez le malheur de tomber en plein cœur de l’âge d’or du sprint américain. Quand vos copains d’entrainement, membres du légendaire Santa Monica Track Club, s’appellent Carl Lewis ou Leroy Burrell et s’échangent les records du monde du 100 mètres comme d’autres les amabilités. Ça, c’est pour la ligne droite. Sur 200 mètres, Marsh s’est retrouvé avec Michael Johnson dans les pattes. Au cœur de toute cette constellation de talents, Mike Marsh incarne un athlé à visage humain. Pas de contrats publicitaires à gogo, pas de deal avec un équipementier pour le chausser : Marsh, c’est le sprint qui ne roule pas des épaules ni des mécaniques.
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Mike Marsh avec le Santa Monica Track Club

Crédit: Getty Images

Rendez-vous raté avec la postérité

On peut entrer dans l’histoire de différentes manières. Il y a ceux qui prennent rendez-vous avec elle et arrivent à l’heure au point de rencontre. Ceux qui accusent un léger retard et ratent l’entrevue. Il y a les autres, enfin, qui se retrouvent devant elle, de manière fortuite. Et gèrent plus ou moins bien leur affaire. Timing is everything.
A l’été 1992, Mike Marsh n’était pas en retard. C’est l’histoire qui s’est pointée un poil en avance. En demi-finale des Jeux Olympiques, un jour trop tôt. Il ne l’a pas reconnue. Et l’a laissée filer. Le train ne passe pas deux fois, a-t-on coutume de dire. Ce n’est pas toujours vrai. Mais ce fut une réalité dans le cas du sprinteur.
Américain, Mike Marsh est surtout un Californien pur jus. Né le 4 août 1967 au cœur du Golden State et de la tentaculaire et déroutante Cité des Anges, le futur double champion olympique est le fils d’un agent immobilier et d’une expert-comptable. Enfance sans histoire et quelque peu anodine. A ceci près que le gamin court vite et se met à l’athlétisme dès la sixième. A raison. Talentueux, il fait naturellement partie des meilleurs. Mais il n’est pas LE meilleur. A la Hawthorne High School, il évolue dans l’ombre d’un certain Henry Thomas.
Henry Thomas, ça ne vous dit rien ? C’est normal. Il ne fera pas carrière et, une fois adulte, passera plus de temps derrière les barreaux que sur les pistes. Néanmoins, au début des années 1980, c’est la terreur des lycées du coin. Et même plus que ça. Capable de courir le 100 mètres en 10"27, Thomas détiendra le record du monde version U18 pendant dix ans. 10"27, ce n’est pas rien à cet âge. Pour preuve : trente-cinq ans plus tard, la marque de référence n’est que de 10"15. Thomas a été trop fort, trop tôt.
Michael Johnson et Mike Marsh

Les Jeux de Los Angeles en… bénévole

La seule fois où Marsh sort de son ombre, c’est le jour où Henry Thomas est victime d’une crise d’appendicite. Le chat laisse place nette à la souris, qui remporte le 200 mètres interscolaire de l’Etat. Auréolé de ce titre, Marsh file à UCLA. Sa carrière à la fac ne sera marquée que d’un coup d’éclat : une troisième place sur 100 mètres lors des championnats universitaires en 1987. Ses meilleurs chronos universitaires ? 10"07 et 20"35. Bien. Mais pas top.
Jusqu’ici, son lien avec les Jeux Olympiques est très ténu. Il se résume à une participation bénévole aux JO de Los Angeles, en 1984. Les Jeux de King Carl, quadruple médaillé d’or, lors desquels le jeune Mike Marsh est gardien de parking à Long Beach, où se déroulent les épreuves d’escrime et de volley-ball. Il sera de la fête quatre ans plus tard, à Séoul. Une place de remplaçant dans le relais US. Les Américains sont disqualifiés dès le premier tour. Il ne courra pas.
Trois ans après Séoul, voici Tokyo et ses Mondiaux. Cette fois, Mike Marsh goûte au tartan. Avec le 4×100 mètres, il bat le record des Championnats du monde en séries (37"75). Mais il n’est pas invité à la finale, où les Américains remettent les Français à leur place, record du monde à la clé (37"50).
A bientôt 25 ans, la carrière de Mike Marsh n’est pas vraiment sortie des blocks. Sinon avec un temps de réaction très moyen. L’athlète prend alors la meilleure décision de sa carrière : il quitte la Californie et John Smith pour le Texas, où le sprinteur met son destin entre les mains de Tom Tellez. Ce dernier va lui faire franchir un cap majeur.

1992, la transformation

Le résultat tient en deux marques, signées au printemps 1992 : un 100 mètres bouclé en 9"93 (quand le record du monde est de 9"86) et un 19"94 sur 200 (quand il n’est pas anodin de passer sous la barre des 20 secondes). Bref, les Jeux de Barcelone s’annoncent merveilleusement bien. Même si le principal intéressé reste prudent : “Je n’ai rien fait pour le moment. Ce ne sont que deux courses. Maintenant, il faut en faire de même face à des médaillés d’or, des costauds et sous la pression.” Ça tombe bien, arrivent les Championnats des Etats-Unis, dont la densité est plus importante que celles des Jeux.
Marsh a raison d’être sur ses gardes. A la Nouvelle-Orléans, où se déroulent les Trials US, ses chronos du printemps sont tout sauf un passe-droit. Il a signé la meilleure performance mondiale sur 100 mètres ? Il ne se classe que quatrième et ne se qualifie pas pour les Jeux. Autre victime de marque, et quelle victime : Carl Lewis. L’Américain, qui a remporté les cinq derniers titres mondiaux et olympiques, reste sur le carreau. Malade, il termine sixième. Il ne courra plus jamais un 100 mètres olympique. Dennis Mitchell, Mark Witherspoon et Leroy Burrell passent le cut.
Marsh se rattrape sur 200 mètres. Au terme d’une finale supersonique. Le vent favorable (1 mètre) l’a bien poussé, ainsi que Michael Johnson, sacré champion des Etats-Unis. 19"79 et 19"86, les deux hommes ont tapé fort. Et deviennent respectivement les 4e et 5e athlètes les plus rapides de l’histoire sur la distance. Rendez-vous en Catalogne pour l’explication finale.
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Mike Marsh lors des Trials 1992

Crédit: Getty Images

MJ au tapis

Elle n’aura pas lieu. On va d’ores et déjà vous raconter la fin de l’histoire : Mike Marsh sera sacré champion olympique au terme d’une finale bouclée en 20"01 et sans Michael Johnson. Mais l’essentiel s’est passé avant. Avant la finale pour Marsh. Avant les Jeux pour Johnson.
La fin de sa préparation, Michael Johnson l’a passée du côté de Salamanque. Deux semaines avant les Jeux, MJ, qui a mis le 400 de côté pour se concentrer à 100% sur le 200, s’en va diner avec son coach, Clyde Hart. Dans un premier temps, les deux hommes ont très envie de s’offrir un plaisir coupable : un bon vieux Burger King, comme au pays. Finalement, ils optent pour un restaurant local, déjà testé la veille et plutôt sympa, El Candil. Manque de pot, MJ avale quelque chose de pas frais et chope une intoxication alimentaire. Avant même que la vasque du stade de Montjuic ne se soit embrasée, Michael Johnson a perdu.
L’Américain va donner le change, durant les deux premiers tours. Arrive la demie. Elle sera de trop. Sixième de sa course. 20"78. Il sort. C’eut été un coup de tonnerre si la foudre n’avait pas frappé la Catalogne quelques minutes auparavant. Parce qu’au moment où Johnson range ses pointes, le public massé dans le stade olympique est encore subjugué par ce qui a précédé le déraillement de la "Loco de Waco". Mike Marsh est passé à un cheveu de la perfection.
Mike Marsh

Le plus grand 200 de l’histoire sans le savoir

Couloir 5 de la première demie, le Californien s’élance comme une balle. Son virage est proche de la perfection. A l’orée de la ligne droite, il est loin devant la meute. Linford Christie, frais et surprenant vainqueur du 100 mètres, n’est qu’une ombre alors que Marsh déboule vers l’éternité, relâché comme jamais. Problème qui ne devrait pas se poser : Mike Marsh n’a pas conscience que l’histoire lui tend les bras ce 5 août 1992.
Tellement fort, il relâche son effort, décélère franchement et franchit la ligne avant de rétropédaler. Et de lever les yeux au ciel. Vers le panneau d’affichage aussi qui affiche son chrono : 19"73. 19"73 ? Oui, 19"73. A ses yeux, on voit que le sprinteur oscille entre la satisfaction du devoir accompli et une incompréhension qui se traduit par le nombre de fois où son regard est aimanté par l’écran. Marsh vient de courir l’un des plus grands 200 mètres de l’histoire. Sans le savoir. Il échoue à un minuscule centième du record du monde. Et pas n’importe lequel : celui de Pietro Mennea.
Depuis treize ans, la marque de l’Italien résiste au temps. Si bien qu’elle a fini par paraitre éternelle. Au moment où Michael Johnson réussira à l’effacer des tablettes, Mennea aura ces mots, résumant pleinement l’avis général : "Je n’ai jamais pensé que mon record tiendrait aussi longtemps. A l’époque, je ne pensais même pas avoir couru aussi vite."

Mennea, l’accessible inaccessible

Carl Lewis aurait aimé que l’Italien eut raison. Le record de Mennea, c’est l’accessible inaccessible. Le mythe à portée de main qui ne cesse de vous filer entre les doigts. Sans que vous ne compreniez bien pourquoi. Dans l’histoire, aucune marque de référence n’a tenu aussi longtemps sur 200. Ces 19"72 sont d’ailleurs une obsession pour Lewis, tout autant que les mythiques 8,90 mètres de Bob Beamon à la longueur. La marque, réussie en altitude lors des Universiades 1979, là où la résistance à l’air est moindre, a toujours résisté à King Carl. Il faut dire que, longtemps, le sprinteur a refusé d’aller courir derrière les records en altitude. En 1983, il avait même zappé une réunion – les U.S. Olympic Festival – disputée à Colorado Springs, 1839 mètres au-dessus de la mer. Calvin Smith, lui, avait grimpé là-haut et battu le record du monde du 100 mètres (9"93). Evelyn Ashford l’avait imité chez les femmes (10"79).
Au niveau de la mer, la même année, Lewis aurait dû s’offrir Mennea lors des Championnats des Etats-Unis. Mais, à cinq mètres de la ligne, sûr de son fait et arrogant juste ce qu’il faut, le sprinteur avait commencé à célébrer avec le public d’Indianapolis. Résultat : 19"75, record des Etats-Unis. Lewis n’a alors que 22 ans. Partie remise, le record sera sien un jour, pense-t-on.
Jamais il n’ira plus vite. Jamais il ne battra Mennea. Pas plus qu’il ne surpassera Bob Beamon, devancé, sous ses yeux, par l’improbable Mike Powell au terme du plus fabuleux des concours de l’histoire, à Tokyo, en 1991.
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Carl Lewis

Crédit: Getty Images

A Barcelone, Mike Marsh n’a pas péché par arrogance. L’Américain a juste géré. Et fait ce que tout athlète aurait fait. Il était devant, qualifié pour la finale, il en a gardé dans le moteur. Tout bonnement. "Pour être honnête, j’ai un peu fait ce chrono par accident…, explique-t-il à l’époque. Je n’ai pas eu conscience de ce que je faisais. J’ai juste couru et, à l’arrivée, me suis dit : ‘Wow, qu’est-ce que tu as fait ?"”
Mais pourquoi as-tu ralenti, imbécile ?
"Je ne regrette rien, assurera-t-il dans le Los Angeles Times, un an après sa course folle. J’ai simplement suivi les instructions de coach Tellez. C’était clair : si j’étais devant, j’étais censé ralentir pour en garder sous le pied pour la finale. Comment aurais-je pu savoir que j’étais en train de courir en 19″73 ? Je n’avais aucune idée de ma vitesse et du fait que j’allais aussi vite". Avant d’ajouter ces mots, au goût de remords : "Des fois, quand même, je me surprends à y repenser et je me dis : ‘Mais pourquoi as-tu ralenti, imbécile ?’ C’est comme ça. C’est la vie."
Marsh a signé le plus grand 200 mètres de l’histoire durant 190 mètres. Avec un anémomètre affichant un léger vent défavorable (-0,2m/s). Des spécialistes du chronométrage fantôme assurent qu’il aurait franchi la ligne en 19"65 s’il n’avait pas coupé son effort…
Le 6 août, jour de la finale olympique, Mike Marsh grimpe sur la colline de Montjuic avec une idée derrière la tête : décrocher le titre, évidemment, et, cette fois, déloger Mennea de son piédestal. Michael Johnson n’est plus là, Frankie Fredericks, déjà argenté sur 100 mètres, est un adversaire à sa portée.
Si Marsh sort moins bien des blocks que la veille, il vire tout de même en tête. Et, cette fois, va jusqu’au bout de son effort. Fredericks revient sur la fin, mais l’Américain franchit la ligne le premier. Il rétropédale, main sur les hanches, regarde le panneau d’affichage. Même regard que la veille. Pas de rictus. Il est pourtant champion olympique. Mais, à ses yeux, on voit aisément qu’il scrute autre chose. 20"01. Vent défavorable d’un mètre. Il entre dans l’histoire. Mais l’éternité lui a glissé entre les doigts.
"J’ai travaillé des années pour ça et j’ai été récompensé, lance-t-il après la finale. Je n’ai pas couru aussi vite que je l’aurais aimé, mais j’ai décroché la médaille d’or et c’est le plus important. Après mes 19"73 de la demie, je me disais que je pourrais battre le record du monde aujourd’hui. Mais j’étais plus fatigué que je l’imaginais. Je m’en veux de ne pas avoir couru plus longtemps en demi-finale… mais les records vont et viennent. La médaille, d’or, elle est dans ma poche." Mike Marsh n’a pas tort. Mais jusqu’à la fin de ses jours, il ne pourra s’empêcher de penser que, le jour du casse du siècle, il a laissé une partie du butin en chemin.
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Mike Marsh, sacré champion olympique du 200m en 1992

Crédit: Getty Images

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