Coupe du monde de biathlon | Martin Uldal ne tire pas comme les autres… mais les autres vont-ils tirer comme lui ?

Y a-t-il un révolutionnaire sur le circuit ? Cette saison, Martin Uldal a beaucoup fait parler de lui avec des tirs d'une incroyable rapidité et une technique d'installation sur le pas différente de tous les autres. Elle est certes spectaculaire, mais pas encore suffisamment efficace pour inspirer les meilleurs biathlètes. Même si ceux-ci restent attentifs.

Une possible révolution en palette : "Ça pourrait être le tir de demain"

Video credit: Eurosport

On savait qu'il finirait, tôt ou tard, par s'adjuger un nouveau record. Martin Uldal a choisi les Mondiaux pour y parvenir. Deux mois après avoir réussi un 4/5 en moins de 13 secondes à Hochfilzen, le Norvégien a cette fois-ci blanchi toutes les cibles - condition sine qua non pour valider un record - lors du deuxième tir debout de la poursuite de Lenzerheide, en seulement 14"7.
Le biathlète de 23 ans n'en avait pas réellement fait un objectif mais il avait plusieurs fois manifesté sa volonté de casser les codes. Pour cela, Uldal a tout changé. À commencer par son installation sur le pas de tir. "Il fait passer sa carabine sous son bras, et non pas par-dessus, détaille notre consultant Loïs Habert. Ensuite, il tient sa carabine en l'air avec la main droite et y intègre les chargeurs avec la main gauche. Et c'est comme cela qu'il parvient à lâcher sa première balle avant les autres."
Pour pouvoir adopter cette routine unique sur le circuit, Uldal a aussi fait appel à 3D Athletics, entreprise spécialisée dans la conception de matériel sportif dont le directeur n'est autre que Clément Jacquelin, frère d'Émilien. Le Norvégien a ainsi pu adapter certaines pièces de sa carabine afin d'optimiser certaines manipulations, notamment l'intégration des chargeurs.

Vraiment impactant ?

Bref, il y a là une volonté de révolutionner le tir, qui a plutôt progressé par des gains marginaux ces dernières années. Alors, forcément, la méthode Uldal a attiré l'attention de ses concurrents. "On se regarde beaucoup, surtout quand on entend parler de temps record, nous a confié Éric Perrot à ce sujet. Ça titille, ça donne envie donc on regarde ces petits détails."
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Biathlon - Hochfilzen - Pursuit - Uldal's 12" standing shooting

Video credit: Eurosport

Ils regardent mais pour l'instant... ils n'essaient pas. La routine du Norvégien n'a, pour le moment, ni inspiré ni été copiée. "Cette manière de s'installer implique beaucoup de crispation en tenant la carabine de la sorte, quasiment à bout portant, note Loïs Habert. Habituellement, on cherche plutôt à avoir du relâchement. Et puis, pour juger les bénéfices, il faut regarder la situation dans sa globalité."
Or, si cette nouveauté a effectivement permis à Uldal de s'offrir un record, elle n'a pas fait de lui l'une des références du circuit sur le pas de tir. Sur l'ensemble de la saison, le Norvégien n'est ni le plus rapide (24"1 de temps moyen, soit autant que Quentin Fillon Maillet) ni le plus efficace (seulement 82% de réussite, et 75% au debout). Paradoxalement, son "range time" moyen, qui tient compte des pénalités, est très bon mais pas significativement inférieur aux autres références.
Qu'il arrive à nous battre sur un dernier tir où ça compte
"Il n'utilise pas ce 'super pouvoir' à chaque fois parce qu'on sait que tirer vite, ça coûte", a souligné Perrot. La vitesse est plus souvent un ennemi de la réussite et pour les meilleurs biathlètes du monde, blanchir un maximum de cibles est plus important que de grappiller quelques secondes sur l'installation.
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Jacquelin titillé par la gâchette Uldal ? "Quand je tire vite, c'est plus une conséquence"

Video credit: Eurosport

"Le défi, ce serait qu'il arrive à nous battre sur un dernier tir où ça compte", a lancé le Français actuellement classé quatrième au classement général de la Coupe du monde. Uldal a en effet privilégié sa méthode lors de tirs avec moins d'enjeux. Ce, même si la technique pourrait aussi avoir un impact psychologique lors des tirs en confrontation.
"Je suis un peu taquin avec lui, il y a une bonne rivalité et j'avoue que ça [les records, NDLR] me pique un peu et ça me donne envie de faire mieux, a souri Perrot. Pour l'instant, ce n'est pas révolutionnaire parce qu'il ne fait pas de 5/5 en 14 secondes sur des tirs où la médaille d'or est en jeu. Mais s'il le fait un jour face à moi et que je perds le titre à cause de ça, alors je lui tirerai vraiment mon chapeau."
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