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Pogacar, Van Aert, De Lie, Alaphilippe … Comment les favoris vont tenter leur coup

Julien Chesnais

Mis à jour 18/03/2023 à 12:29 GMT+1

MILAN-SAN REMO - C’est le premier monument de l’année, celui de tous les possibles. La plus longue et la plus facile en termes de difficulté, et pourtant la plus dure à gagner. La Primavera fascine car tous les types de coureurs ont une chance de s’imposer, qu’ils soient grimpeurs, puncheurs ou sprinteurs. On fait le tour des grands favoris de la 114e édition, classés selon leurs spécialités.

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Ils doivent tout faire sauter avant le Poggio (ou avant)

Au rang des grimpeurs-puncheurs qui ne peuvent se permettre d’attendre un sprint, Tadej Pogacar arrive en haut de la liste. Le glouton d’UAE Emirates a remporté toutes les courses auxquelles il a pris part en 2023 et compte neuf victoires en 14 jours de course. Il a mis au fond à chaque fois que le terrain s’y prêtait. Un insolent 100% de réussite. C’est l’incontestable favori, l’épouvantail, celui qui concentrera tous les regards une fois la course arrivée dans l’ultime difficulté, le Poggio (3,7km à 3,7%) … si l’effronté ne décide pas d’attaquer dès la Cipressa (5,6km à 4,1%), plus conforme à ses aptitudes mais plus loin de l’arrivée.
Pogacar sera d’autant plus motivé qu’il n’a encore jamais levé les bras ici (12e en 2020, 5e l’an dernier). Déjà vainqueur à Liège (2021) et en Lombardie (2021 et 2022), Il peut devenir le deuxième, après Merckx, à compter trois Monuments différents avant de fêter ses 25 ans. Il serait aussi le premier à faire le doublé Paris-Nice - Milan-San Remo depuis Laurent Jalabert en 1995. Un autre Slovène sera surveillé comme le lait sur le feu. Avec sa selle télescopique tout droit sortie d’un James Bond, Matej Mohoric avait flingué tout le monde dans la descente du Poggio pour rafler la mise en solo l’an dernier. Mais les tenants du titre n’ont pas la cote sur la Via Roma. Les 15 dernières éditions sont revenues à 15 vainqueurs différents. Retraité de longue date, Oscar Freire est le dernier multiple vainqueur au palmarès de l’épreuve (2004, 2007 et 2010).
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Rétro 2022 - Mohoric le funambule : revivez son ahurissante descente du Poggio

Cela situe la difficulté qui attend Julian Alaphilippe, lauréat en 2019, qui rêve de devenir comme Arnaud Démare (2016) le deuxième Français à s’imposer deux fois, après Laurent Fignon (1988 et 1989). Après une dernière saison cauchemardesque, l’ancien double champion du monde a retrouvé des couleurs. La Faun-Ardèche Classic lui a permis de retrouver la victoire. Et on connaît sa capacité à répondre présent le jour J. Benoît Cosnefroy est l’autre puncheur français qu’on attend au Poggio, dont le sommet est situé à 5,5km de l’arrivée. Mais la forme du Normand, qui s’apprête à découvrir les Flandriennes, est plus incertaine. On serait étonné de ne pas voir Neilson Powless, en très grande forme, ne pas tenter un truc. Filippo Ganna n’est pas un puncheur mais sa force de pur-sang peut lui permettre un coup, pourquoi pas en bas de la descente du Poggio, comme l’avait fait Jasper Stuyven il y a deux ans. Lui et Alberto Bettiol, malchanceux sur les Strade Bianche, représentent sans doute les meilleures chances côté italien.

Attendre ou agir : Le dilemme des hybrides

Ils possèdent un punch redoutable mais ont aussi leurs chances en cas d’arrivée massive. Les coureurs qui peuvent jouer sur les deux tableaux, une attaque dans le Poggio ou un sprint sur la Via Roma, sont légion sur Milan-San Remo. Wout van Aert en est le meilleur exemple. Le leader de Jumbo-Visma n’a pas gagné sur Tirreno-Adriatico, qui marquait sa course de reprise, mais ses adversaires le citent volontiers comme le grand favori. Déjà vainqueur en 2020, son seul monument victorieux, WVA peut devenir le 3e Belge à remporter Milan San-Remo plus d’une fois, après Eddy Merckx (7) et Roger de Vlaeminck (3). Christophe Laporte, son lieutenant de luxe, joue sur la même corde et pourrait être plus qu’une solution de rechange.
Troisième l’an dernier, Mathieu van der Poel tentera de succéder à son grand-père, Raymond Poulidor, soixante-deux ans après. A moins que ce ne soit enfin l’heure de Mads Pedersen. Toujours en quête de son premier monument, le leader de Trek-Segafredo semble arrivé à maturité, trois ans après son sacre mondial et cinq après sa 2e place au Tour des Flandres. Il tentera d’ouvrir le compteur pour le Danemark, riche d’un seul podium dans l’histoire de l’épreuve (2e place de Rolf Sorensen en 1991). Et que dire de Biniam Girmay, révélation du printemps dernier et vainqueur de Gand-Wevelgem, qui peut marquer l’histoire en devenant le premier Africain lauréat d’un monument.
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Pedersen, vainqueur de la 2e étape au sprint : "Il est en train d’élargir sa palette"

Peter n’est certes plus le grand Sagan. Il n’a pas montré grand-chose en 2023. Mais son expérience n’a pas d’égal et on sait qu’il ne suffit pas d’être le plus fort pour s’imposer sur la Via Roma. En douze participations (un record sur la start-list de samedi), le Slovaque s’est classé cinq fois 4e (!) et deux fois 2e. Il faudra forcément garder un oeil sur le coureur de TotalEnergies, qui comptera aussi et surtout sur Anthony Turgis, 2e l’an dernier.

Ils vont tout jouer sur le sprint

Pour eux, la mission est claire. Survivre aux sept heures de selle, s’accrocher aux branches dans la Cipressa et le Poggio, avant de lâcher les chevaux dans les 200 derniers mètres, dans l’espoir qu’il s’agisse d’un sprint pour la gagne. Milan San-Remo est le seul monument qui peut sourire aux purs sprinteurs, et ceux-ci en font donc l’un des grands objectifs de leur saison. Mais l’épreuve leur sourit peu ces derniers temps. Il faut remonter à 2016 pour retrouver la dernière véritable explication massive. Arnaud Démare s’était imposé ce jour-là et ce serait, il faut le dire, une surprise de le voir doubler la mise samedi. Sa valeur intrinsèque n’est pas en cause, mais il n’a jamais pesé sur les sprints qu’il a disputés sur l’UAE Tour et Paris-Nice.
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Rétro 2016 - Démare, un sprint pour une place dans l'histoire

Les deux sprinteurs les plus en vue sont Belges. Jasper Philipsen a remporté deux des trois étapes de Tirreno qui se sont jouées au sprint et constitue peut-être l’atout n°1 d’Alpecin-Deceuninck, devant même Van der Poel. Arnaud de Lie a déjà levé les bras trois fois en 2023. Le nouveau phénomène du sprint va découvrir la Primavera et peut devenir, au XXIe siècle, le deuxième néophyte à s’imposer du premier coup après Mark Cavendish (2009), qu’on retrouvera samedi cinq ans après sa dernière participation. Il a fêté jeudi ses 21 ans et peut marquer l’histoire en devenant le 3e plus jeune lauréat après Ugo Agostoni en 1914 (20 ans) et Eddy Merckx en 1966 (20).
Au-delà de sa pointe de vitesse, De Lie impressionne par sa faculté à passer les bosses. On ne serait pas surpris de le voir bien placé au passage de la cabine téléphonique du Poggio, comme l’avait fait en 2021 son coéquipier Caleb Ewan, 2e cette année-là mais aussi en 2018. Le sprinteur de poche présente moins de garanties cette fois-ci, son compteur de victoires restant à ouvrir en 2023, à l’exception d’un critérium australien début janvier. Il faudra compter sur Sam Bennett et Fernando Gaviria, 2e de Milan-Turin mercredi. Sans oublier Bryan Coquard, qui a enfin brisé le plafond de verre en décrochant son premier succès en World Tour, fin janvier sur le Tour Down Under.
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