Les 5 principaux enseignements de Paris-Nice

A seulement 23 ans et comme en 2013 Nacer Bouhanni (Fdj.fr) s’est adjugé la première étape et s’est drapé de jaune. Preuve que le sprinter français a franchi un palier, il l’a conservé une journée de plus que l'an dernier. Diminué par une blessure au genou, il a été contraint d’abandonner et de laisser à un autre espoir, le maillot vert  John Degenkolb (Giant), le statut de bolide après la victoire de l’Allemand à Magny-Cours. D’un an son aîné, Tom Jelte Slagter (Garmin) a affirmé ses qualités de coureur complet, vainqueur en costaud devant Geraint Thomas (Sky) lors de 4e étape. Slagter a déroché une deuxième victoire en coiffant les leaders dans l’ascension finale vers Biot. Sans sa galère de Fayence, il aurait été candidat à la victoire finale. Paris-Nice s'est finalement offert à un autre coureur né en 1989, Carlos Betancur. La relève frappe fort.

"J’aimerai bien garder ma condition jusqu’aux ardennaises", désirait Arthur Vichot qui a glané, enfin, la dernière étape de ce Paris-Nice. Enfin car le champion de France ne s’était pas imposé depuis son titre à Lannilis. De quoi se remettre en confiance et jouer les premiers rôles le 23 mars prochain à Milan-San Remo : "Avec le nouveau parcours je ne me fais pas trop d’illusions. Ce sera plus pour les sprinters". Sur les vingt dernières années, seulement quatre coureurs ont gagné Milan-San Remo en sortant de Paris-Nice. En 1988 et 1989, le Français Laurent Fignon avait profité de la course au soleil pour faire le doublé à San Remo. Et si Nacer Bouhanni suivait l’exemple ?

La Fdj.fr articulée autour de ses leaders Vichot et Bouhanni a prouvé qu’il faudrait compter sur elle : "Ce qu’il faut retenir c’est le comportement de l’équipe, depuis le premier jour, on a pris la course en main", La mobilisation de l’équipe lui a permis de décrocher la troisième place. Deux coureurs d’équipes françaises sur le podium, cela témoigne surtout de la bonne semaine accomplie par les coureurs d’AG2R. Turgot a parfaitement protégé Betancur et l’équipe entière a œuvré à conserver la faible avance du Colombien. FDJ.fr et AG2R ont probablement été les deux collectifs les plus performants sur ce Paris-Nice.

Avec 12 coureurs qui se tiennent en moins d’une minute, le suspense aura été au rendez-vous de cette 71e édition. Les organisateurs avaient innové en ne programmant pas de contre la montre et en limitant les ascensions. Les purs grimpeurs ont boudé la course et ont préféré s’aligner sur Tirreno-Adriatico mais les puncheurs ont eux répondu présent. Sylvain Chavanel (IAM) et Vincenzo Nibali (Astana) ont gardé leurs bonnes habitudes offensives pour dynamiter la course, chaque seconde ayant son importance. Les meilleurs se devaient donc de rester alerte, Betancur s’est emparé du maillot jaune, profitant d’un faux-plat montant dans la descente vers Rive-de-Giers et Arthur Vichot a grimpé sur le podium dans l’ultime sprint pour une petite seconde.

Double tenant du titre, l’équipe Sky a vexé les organisateurs en retirant Richie Porte, vainqueur en 2013, au dernier moment pour privilégier la course Italienne. Sky pensait tenir en Geraint Thomas son successeur. S’il a joué les premiers rôles avant de chuter, on a surtout vu le leader de la Sky esseulé, obligé de mener lui-même la poursuite derrière Carlos Betancur, Jakob  Fuglsang (Astana) et Bob Jungels (Trek) dans la 5e étape. Sky repart donc sans la moindre victoire d’étape et ne laisse pas l’image d’une équipe invincible.