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David Régis : "USA-Iran 98 ? J'étais là pour jouer au football pas pour faire la guerre"

Clément Lemaître

Mis à jour 28/11/2022 à 23:44 GMT+1

COUPE DU MONDE 2022- Naturalisé américain quelques jours avant le coup d'envoi de la Coupe du monde 1998, le Français David Régis a joué la rencontre Etats-Unis - Iran (1-2) à Lyon il y a 24 ans. Avant le nouveau match entre les deux nations mardi, l'ancien défenseur de Metz se confie sur le contexte politique extrêmement pesant qui avait entouré la sélection américaine lors du Mondial en France.

Et si c'était la Coupe du monde des surprises ?

David Régis, les Etats-Unis et l'Iran se sont déjà rencontrés en Coupe du monde avant le match de mardi. C'était le 21 juin 1998 à Lyon et vous y étiez. Avez-vous ressenti une pression particulière lors des jours qui ont précédé la rencontre à cause du contexte politique entre les deux pays ?
David Régis. : "La pression était d'abord sportive, parce que nous jouions la qualification (ndlr : USA-Iran était le deuxième match de poules). Mais la semaine qui a précédé la rencontre, on a vu arriver plein de nouveaux journalistes qui ne connaissaient rien au football. Ils nous posaient que des questions d'ordre politique. On avait l'impression de partir à la guerre. Là, j'ai compris que c'était un match à part pour eux. Mais pour les joueurs, ça restait seulement un match à gagner."
Les journalistes américains nous demandaient si on allait serrer la main des joueurs iraniens
Quelle était l'atmosphère au sein de la sélection américaine ?
D.R. : "Nous, on était tranquilles. Ça se passait bien, il y avait beaucoup de rigolade. J'étais en chambre avec Alexi Lalas, il jouait de la guitare et ça détendait l'atmosphère. Les relations politiques entre les Etats-Unis et l'Iran, on n'en parlait pas. A l'époque, je jouais à Karlsruhe (Allemagne) et le meilleur attaquant iranien, Ali Daei, évoluait aussi en Bundesliga (Arminia Bielefeld). Je l'avais déjà pris au marquage et ça s'était bien passé. On se connaissait et on se respectait. Après, j'entendais mes coéquipiers dire que des journalistes politiques allaient débarquer. Mais je ne m'attendais pas à ce que les questions soient autant politisées. J'étais loin de tout ça."
A quel genre de questions avez-vous dû répondre ?
D.R. : "Ils nous demandaient si on allait serrer la main des joueurs iraniens, on nous parlait de match entre le dieu et le diable... Moi, je leur ai rapidement dit que j'étais là pour jouer au football, pas pour faire la guerre. Les questions étaient vraiment directes. C'était particulier pour ma belle-famille aux Etats-Unis. Ils me disaient : "Sur toutes les chaînes, on parle de vous. Vous allez jouer un match contre l'Iran, ça parle de guerre, etc...". Ils étaient inquiets. Nous, les joueurs, on était un peu énervés car on s'est senti à l'écart de cette fête qu'est la Coupe du monde. Dans notre camp de base, on était dans une sorte de bunker. C'était hyper sécurisé, on n'avait pas d'accès vers l'extérieur. Dans notre groupe, on jouait aussi contre la Yougoslavie (ndlr : une guerre s'y est déroulée entre 1991 et 2001). Au Mondial 2002 à Séoul, on avait pu rencontrer des membres de notre famille et des amis. Alors que là, on était vraiment à l'écart et à la longue, ça nous a un peu saoulés. Si on a raté la Coupe du monde 1998, c'est aussi un peu à cause de ça. Je sentais que certains joueurs avaient hâte de rentrer pour passer à autre chose."
Sur le terrain, les deux équipes ont posé ensemble avant le coup d'envoi. Comment avez-vous vécu l'avant-match ?
D.R. : "Sur le terrain, c'était super. Il y avait la pression du match, mais c'était bon enfant. La photo commune, on ne l'avait pas préparée. Notre capitaine Claudio Reyna (ndlr : son fils Giovanni Reyna est actuellement avec la sélection américaine) a discuté avec le capitaine iranien et ils se sont dits : "et si on faisait une photo ensemble ?". C'est parti comme ça. Ils nous avaient aussi offert des bouquets de fleurs. Il y avait eu plein de gestes sympathiques autour de ce match-là."
Savez-vous comment la sélection américaine actuelle aborde ce nouveau match contre l'Iran ?
D.R. "Je suis toujours en contact avec les anciens joueurs de la sélection. Le contexte ? J'ai l'impression que c'est plus "light" qu'à l'époque."
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David Régis (numéro 6) lors du match Etats-Unis - Iran à la Coupe du monde 1998.

Crédit: Getty Images

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