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Equipe de France - Pauline Peyraud-Magnin, candidate idéale pour casser les clichés sur les gardiennes ?

Cyril Morin

Mis à jour 12/07/2022 à 20:44 GMT+2

EURO 2022 - Décisive face à l'Italie avec une parade exceptionnelle d'entrée, Pauline Peyraud-Magnin a permis aux siennes de démarrer parfaitement la compétition dimanche (5-1). Atypique par son parcours et son jeu, la portière de la Juventus de Turin chasse aussi les préjugés quant à son poste dans le football féminin. Et si les choses étaient en train de changer ?

Les Bleues au-dessus de la mêlée ? "Et elles ont une marge de progression..."

Ne pas s'enflammer. De Rotherham, où elles ont atomisé l'Italie dimanche (5-1), à Ashby-de-la-Zouch, où elles résident pendant cet Euro, les Bleues n'ont jamais dévié de leur élément de langage. Une phrase toute faite comme on en fait des millions dans le football mais qui abrite cependant une part de vérité : s'il faut savourer à juste titre ce succès exceptionnel, il ne faut pas oublier les conditions de celui-ci.
4e minute : Wendie Renard, battue au duel aérien, et Aïssatou Tounkara, mal placée sur le coup, laissent filer Barbara Bonensea dans le dos d'Eve Périsset. L'Italie croit marquer. Mais une "grande Peyraud-Magnin", selon Corinne Diacre, veille au grain. Sa parade de la jambe, acrobatique et décisive, laisse les Bleues en vie. La suite, vous la connaissez. "En première période, Pauline nous sauve bien", a d'ailleurs admis Marie-Antoinette Katoto. Le tournant d'un match qui n'en connaîtra plus.

Moderne, sur tous les terrains

Les parades spectaculaires, c'est presque devenu sa marque de fabrique. Cette saison, c'est elle qui a remporté le prix honorifique de la plus belle parade de la saison en Serie A, avec une main opposée délicieuse. Alors, forcément, ce style explosif interpelle. "Mes points forts ? Mon jeu au pied et l'explosivité, je dirais, expliquait-elle à Clairefontaine avant le grand départ pour l'Angleterre. Je suis rapide sur ma ligne, j'aime bien aller au contact dans le jeu aérien". Bref, une gardienne complète. Mais surtout une gardienne moderne.
Une gardienne moderne parce que Peyraud-Magnin est aussi une femme à l'aise dans son époque. Première internationale française à révéler son homosexualité, sans que cela ne relève d'un réel effort de sa part selon elle, la portière des Bleues s'est surtout forgée avec un leitmotiv : chaque expérience est bonne à prendre. Formée à l'OL mais barrée par Sarah Bouhaddi, elle choisit l'aventure d'Issy-les-Moulineaux en 2014. La suite ? Sept clubs en sept ans avant d'atterrir à la Juventus Turin, qui mise 50 000 euros sur elle, record pour une gardienne à l'époque.
"Voyager autant m'a beaucoup apporté, personnellement ou professionnellement, expliquait-elle. Je suis passée par des grands clubs, des grandes maisons comme Arsenal, l'Atlético ou la Juve. Le voyage a commencé à Issy-les-Moulineaux en réalité. C'était l'expérience de ma vie. Mon ouverture d'esprit me vient du fait que j'ai essayé de m'adapter à toutes les cultures. On m'appelle Tom Sawyer et ça m'apporte beaucoup dans mon foot. Grâce à tout ça, j'ai mis plein de choses dans ma boîte à outils".

Créer des destinées

Cette boîte à outils, justement, c'est l'expression de Gille Fouache, coach des gardiennes dans le staff de Corinne Diacre mais également membre de la DTN pour cette fonction si spécifique. "C'est un poste où, à un moment donné, on était un peu en panne, reconnaissait-il aux côtés de ses deux gardiennes, Peyraud-Magnin et Mylène Chavas, doublure attitrée. Il ne faut pas le cacher". Mais, à la faveur d'une meilleure professionnalisation et d'un suivi bien plus cadré, les choses changent.
"Quand on voit les performances des gardiennes aujourd'hui, c'est perceptible, estimait la native de Lyon. En France et ailleurs. "Ce poste a vraiment évolué ces cinq dernières années". Fini le temps des boulettes ? Le récent duel entre le PSG et l'OL en Ligue des champions a prouvé que les choses n'étaient pas si simples. Des critiques qui l'ont gênées. "Oui, ça faisait un peu de mal de se dire qu’on était moquées, explique-t-elle. Tout le monde rigole mais personne ne fait en sorte qu’on puisse faire les choses correctement. Il n’y a pas toujours eu des entraîneurs de gardiennes. Donc c’est compliqué de savoir… si on n’a pas le savoir". Mais, en France, les choses vont dans le bon sens, bien aidées par celle qui porte un sous-maillot Hulk, avec de faux abdos apparents, à tous les matches depuis son passage à Saint-Etienne.
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Pauline Peyraud-Magnin avec Gilles Fouache à Clairefontaine

Crédit: Getty Images

"Ça fait quelque temps qu'on a mis des actions en place pour que ce poste soit mis en valeur, mieux encadré, retrace Gilles Fouche, en contact constant avec Franck Raviot, son homologue chez les Bleus. Dernièrement on a vu 400 gardiennes sur le territoire. À court terme, on voit dans les clubs de l'élite que les staffs se professionnalisent. Nous, on a fait un travail sur le fond : pour que les petites qui jouent au foot aient envie de choisir ce poste, pour que les adolescentes soient mieux formées et pour mieux encadrer les gardiennes professionnelles et les entraîneurs".
Reste que le cliché de la joueuse qui termine aux cages par hasard a la vie dure. C'est ainsi que Peyraud-Magnin a découvert le poste, elle qui a commencé milieu gauche. "Mais je pense que c'était écrit qu'il fallait que je sois gardienne, retraçait-elle. Peut-être que certaines filles ont un peu peur donc on a envie de redorer le blason des gardiens et des gardiennes". Et qui de mieux que Peyraud-Magnin comme ambassadrice ?
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