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Euro féminin 2022 - Equipe de France : A Rotherham, le blues amer des suiveurs des Bleues

Cyril Morin

Mis à jour 11/07/2022 à 22:23 GMT+2

EURO 2022 – Malgré une victoire éclatante face à l'Italie ce dimanche (5-1), les Bleues n'ont pas pu compter sur une ambiance des grands soirs. Le New York Stadium n'a pas été rempli dans sa totalité malgré une capacité de 10 500 places. Les rares supporters français croisés, estimés à 470, se désolaient de la situation, pointant également le rôle de la FFF.

Les Bleues au-dessus de la mêlée ? "Et elles ont une marge de progression..."

Ce fut un feu d'artifice extraordinaire pour une entrée en matière tonitruante. Dimanche, au New York Stadium de Rotherham, l'équipe de France n'a fait qu'une bouchée de l'Italie pour son premier match dans cet Euro (5-1). Un spectacle de haut vol qui n'a pas forcément ravi les supporters italiens, bien plus nombreux que les français dans les rues de la ville anglaise avant le duel.
Là où les Anglaises ont pu entamer la compétition dans un Old Trafford débordant d'enthousiasme, là où les supporters néerlandais et suédois ont animé les rues de Sheffield samedi, ce fut beaucoup plus calme dimanche à Rotherham. Question de capacité forcément, le New York Stadium ne pouvant accueillir que 10 500 places. Question d'ambition et d'engouement aussi.
Ils étaient 470 selon le décompte officiel pour soutenir les Bleues. Un gouffre comparé aux 45 595 fans enthousiastes qui avaient envahi le Parc des Princes en 2019 pour le quart de finale de la Coupe du monde face aux Etats-Unis. "On voit bien que tout a stagné niveau visibilité, regrettent Marine et Gwenaëlle, habituée des matches des Bleues. Tout a un peu périclité. Donc, forcément, ça change par rapport à 2019. Là, on se sent un peu seul".
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"Geyoro, l'arme offensive inattendue mais révélatrice du potentiel offensif incroyable des Bleues"

La FFF coupable ?

Malgré un centre-ville piétonisé et l'instauration d'une "fan party" dans les artères principales de cette cité industrielle, l'avant-match fut d'une tranquillité absolue où chacun était venu par ses propres moyens. C'est ainsi que les fans tricolores se sont retrouvés disséminés un peu partout dans le New York Stadium, sans réelle organisation de supporters. Malgré quelques "Aux Armes" tentés ici et là, ce fut plutôt une ambiance sage qui a régné dans une soirée pourtant extraordinaire pour les Bleues.
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Les supporters des Bleues sont arrivés en ordre dispersé dimanche au New York Stadium

Crédit: Getty Images

"Ok, Rotherham, ce n'est pas la ville rêvée mais la FFF, elle a mis quoi en place ? Est-ce qu'on a une casa bleue ? Non. On n'a eu aucune information en réalité. Moi je leur ai envoyé des mails pour les avoir, on m'a renvoyé vers le site de l'UEFA. Ce n'est pas comme ça qu'on fédère des supporters autour d'une équipe", s'énervait ainsi Johanna, suiveuse assidue des Bleues et du PSG.
En Russie en 2018, pour les Bleus, c'est bien la fédération qui s'était chargée d'initiatives pour les supporters. Pour les Bleues, en revanche... A cela s'ajoutent des hésitations personnelles chez les membres habituels des fans clubs français. "Cet Euro a été décalé d'un an, les réservations billetterie se sont déroulées il y a un an et demi, rembobine Soufyane, de toutes les aventures bleues, ou presque, avec les Irrésistibles Français, venu seul de son côté. Certaines personnes étaient un peu réticentes. La remontée des cas COVID, la situation compliquée en Grande-Bretagne… ce sont peut-être des choses qui ont joué et c'est forcément compliqué de se projeter".
En France, les gens ne sont même pas au courant qu'il y a un Euro
Ajoutez-y un coût important et vous aurez le panorama complet des soucis qui se sont présentés aux supporters désireux de suivre les Bleues en Angleterre. Mais le mal est aussi plus profond, selon toutes les personnes interrogées. Malgré un succès indiscutable en 2019, le football français n'a pas su surfer sur la vague.
"La médiatisation n'est pas à la hauteur, estime Laura, venue avec trois amies, toutes pratiquantes en club. En France, les gens ne sont même pas au courant qu'il y a un Euro. Ça restreint les possibilités, forcément". Si TF1 a pu se targuer d'une audience de 4.44 millions de téléspectateurs dimanche, elle reste très éloignée des standards de 2019 (plus de 10 millions pour le match d'ouverture face à la Corée du Sud, NDLR). L'effet pays organisateur joue à plein et les images des "Three Lionesses" à Old Trafford renforcent encore un peu plus ce constat.
"Même des fans de foot n'ont pas accès aux informations, confirme Johanna. A Orléans, pour le match face au Vietnam, j'ai croisé plein de personnes surprises de nous voir là. 'Ah, je suis fan de foot, je serais bien allé voir le match mais je n'étais pas au courant'. Tant qu'on n'investira pas sur le marketing, la communication, on n'aura pas suffisamment de monde".
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Les Bleues célèbrent un but devant des tribunes clairsemées

Crédit: Getty Images

Rendez-vous à Wembley ?

Le décalage fut d'ailleurs total avec l'organisation millimétrée des supporters néerlandais samedi à Sheffield. "Les supporters des Pays-Bas sont venus en bus orange, pareil pour les Suédois, explique Emma, présente la veille pour le choc dans le groupe C. Eux, ils voyagent bien. Les Français n'ont pas cette culture-là".
Alors, dans cet océan d'amertume, reste un espoir : que les Bleues parviennent à recréer un engouement autour d'elles lors de cet Euro. En cela, les résultats seront fatalement primordiaux. "Si vous prenez l'exemple des Pays-Bas : elles ont gagné l'Euro en 2017 chez elle donc ça a passionné du monde, estime Laura. On espère que les Bleues feront pareil".
"Sans dévoiler quoi que ce soit, j'espère qu'on sera davantage au fur et à mesure de la compétition…, a souri Soufyane des Irrésistibles Français quant à l'évocation des prochains matches des Bleues. Et pourquoi pas à Wembley ?". Cette finale, c'est l'objectif avoué des Bleues. Et une affiche potentielle face à l'Angleterre donnerait un tout autre prestige à l'affaire. En attendant, c'est dans l'anonymat et la tranquillité de Rotherham que les coéquipières de Wendie Renard vont continuer leur route. "C'est triste mais c'est comme ça", conclut Emma.
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