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Ligue 1 - OL - Dix ans sans titre : Comment l'Olympique Lyonnais a-t-il pu en arriver là ?

Martin Mosnier

Mis à jour 23/04/2022 à 10:46 GMT+2

LIGUE 1 – Le 28 avril 2022, Lyon fêtera ses dix ans sans le moindre titre. Une hérésie pour un club qui avait tout raflé en France lors de la décennie précédente. Comment l'OL en est-il arrivé là ? Comment expliquer un tel déclassement ? Du système D, pour financer le stade, au dérèglement du système Aulas, retour sur une décennie à l'envers.

Comment l'OL a pu tomber aussi bas ? "Aulas a trop écouté ses tribunes"

Ce soir-là du printemps 2012, sur la pelouse du Stade de France face à Quevilly, les reliquats d'un OL goinfré de titres (Rémy Vercoutre, Anthony Reveillère, Cris) paradaient une dernière fois la Coupe à la main. Eux qui avaient cumulé les tours d'honneur depuis dix ans allaient bientôt raccrocher. Ce 28 avril 2012 aurait pu agir comme une dernière passation de pouvoir envers la génération suivante, incarnée par Alexandre Lacazette et Samuel Umtiti. Sauf que ni celle-ci ni les suivantes n'en ont voulu.
Voilà dix longues années que l'Olympique Lyonnais n'a plus rien gagné. Si l'omnipotence du PSG dopé aux fonds qatariens explique en partie la dégringolade de l'OL, Bordeaux, Lille, Monaco, Strasbourg, Guingamp, Saint-Etienne et bientôt Nantes ou Nice auront dans ce laps de temps réussi là où Lyon a toujours échoué. Tout n'est pas à jeter et le club de Jean-Michel Aulas s'est notamment, à une saison près, toujours qualifié pour une Coupe d'Europe en formant des joueurs qui ont irrigué les plus grands clubs du continent.
Mais le déclassement reste net et sans discussion possible. Surtout à l'issue d'une saison où l'OL n'a jamais été aussi loin de ses objectifs. Le podium, qui fut la plupart du temps depuis 2012 un objectif jusqu'à la 38e journée, n'est plus qu'un lointain mirage en ce mois d'avril et le club pourrait bien signer sa pire saison au XXIe siècle. Comment Lyon qui a régné sans partage ou presque sur les années 2000 a-t-il pu en arriver là ? Il faut d'abord distinguer deux périodes très claires.
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Est-il temps pour Aulas de passer la main à l'OL ?

2012 - 2017 : Du talent et des coups de pieds aux fesses qui se perdent

De 2012 à 2017, pour financer la construction de son nouveau stade, l'OL fait le dos rond et lance des jeunes par nécessité. Lors des trois mercatos estivaux qui ont suivi la dernière victoire en Coupe de France, Lyon a dépensé 18 millions d'euros soit 6 millions en moyenne par été (Fabian Monzon, recrue la plus onéreuse entre 2012 et 2016, a coûté 3 millions d'euros). Les ambitions sont revues à la baisse alors que Rémi Garde, Hubert Fournier et Bruno Genesio se succèdent à la tête de l'équipe première. L'OL conserve sa place en Europe chaque année et lance une palanquée de gamins issus de Tola-Vologe (Lopes, Umtiti, Tolisso, Ghezzal, Ferri etc.). Une belle génération dans laquelle se reconnaît le public de Gerland conscient, qu'alors, il doit se serrer la ceinture.
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Lacazette et Umtiti en 2014

Crédit: Getty Images

En 2017, l'OL a l'occasion de concrétiser le rêve ultime de son président, remporter une Coupe d'Europe, et couronner sa génération dorée avant sa dispersion dans les plus grands clubs du monde. Ce groupe a le talent mais manque de constance pour remplir l'armoire à trophées. En témoigne son parcours en Europe où après avoir sorti l'AS Rome ou le Besiktas, Lyon, dans son stade, bute sur une Ajax Amsterdam inexpérimentée en demi-finale de Ligue Europa. La génération Lacazette, Tolisso, Fekir est aussi talentueuse qu'agaçante, capable du meilleur (contre les gros) comme du pire (contre les petits), démarre ses saisons en pantoufles et le paie au moment de l'addition. Elle ne gagnera rien. Du talent plein les pattes mais pas assez de plomb dans la tête.

2017 – 2019 : On change tout et rien ne change

A partir de janvier 2017 et l'arrivée de Memphis Depay, Lyon va réinvestir sur le marché des transferts. A l'été, les départs de Lacazette, Tolisso, Gonalons marquent un changement d'ADN. Lyon continue de se qualifier pour la Ligue des champions mais plafonne. Si l'OL ne peut pas concurrencer le PSG sur la longueur, il doit au moins se placer comme son principal concurrent en Ligue 1 tout en faisant de la qualification en Ligue des champions l'objectif minimal de chacune de ses saisons. Or depuis 2016, il n'a joué que trois fois la C1 et n'a jamais su profiter des trous d'air parisiens en championnat contrairement à Monaco en 2017 ou à Lille l'an passé.
Autre tournant dans la décennie, Lyon-Rennes, demi-finale de la Coupe de France en avril 2019. Encore un rendez-vous raté. Non seulement les Bretons s'imposent mais ce revers est un séisme dont les secousses se font encore sentir à Lyon. Alors qu'Aulas avait prévu de confirmer Bruno Genesio à l'issue du match, la débâcle, et la pression populaire, remettent tout en cause. Le coach du cru, qui aura réussi à qualifier l'OL pour la C1 lors de 3 de ses 4 tentatives, est remercié en fin de saison.

2019 : De Genesio à Juninho, de mal en pis

Pour satisfaire son stade, JMA met aux commandes l'ancien idole, Juninho, promu boss du sportif. Depuis le départ de Genesio, Lyon n'a plus jamais rejoué la Ligue des champions et trois entraîneurs se sont succédé en autant de saisons. Interrogé la semaine dernière sur l'absence de trophée depuis 10 ans, Jean-Michel Aulas a semblé regretter le départ de Genesio : "Il y a une remise en cause, a-t-il concédé. A un moment donné, on a eu un entraîneur critiqué par les supporters et les médias (ndlr : Bruno Genesio), aujourd'hui, il réussit plutôt pas mal, à notre détriment."
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Juninho, le directeur sportif de l'OL

Crédit: Getty Images

Le problème n'est pas tellement d'avoir voulu changer mais de ne pas avoir anticipé cette nouvelle orientation. Juninho n'était visiblement pas prêt. "Il y a une fatigue mentale énorme", confiait-il à RMC en novembre, avouant qu'il n'avait pas fait une croix sur une carrière d'entraîneur. Son bilan est sans appel. De Sylvinho, un des plus gros flops de l'histoire de l'OL au poste d'entraîneur, à un Rudi Garcia dont la greffe n'a jamais prise à Lyon. En passant par la première saison sans Coupe d'Europe au XXIe siècle ou un mercato 2019 aussi coûteux que raté (Thiago Mendes, Joachim Andersen, Jeff Reine-Adelaïde, Youssouf Koné et Jean Lucas contre 88 millions d'euros).
Ce dernier exercice valide la dégringolade et réunit tous les maux récents de l'OL. Un coach dont le message n'imprime pas (Peter Bosz), une crise de gouvernance (Juninho démissionnaire dès novembre), des joueurs dans le confort qui ne progressent plus (Aouar en est le meilleur exemple), une irrégularité constante, des rendez-vous manqués (0-3 face à West Ham, plus grosse défaite concédée à domicile en Europe depuis 1974) et un stade devenu hostile. Lyon ne gagne plus rien depuis 10 ans mais, cette saison, il semble avoir touché le fond.
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