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Arbitrage - Ligue 1 - Affaire Kimpembe : Le PSG et les gros clubs sont-ils avantagés par les arbitres ?

Martin Mosnier

Mis à jour 17/09/2022 à 15:46 GMT+2

LIGUE 1 – Auteur d'un vilain tacle puis d'un geste d'humeur envers l'arbitre la semaine dernière, Presnel Kimpembe a pu, pourtant, finir la rencontre. Une erreur de l'homme en noir qui a relancé la question d'un arbitrage à deux vitesses en Ligue 1. Alors, pur fantasme ou vraie réalité ? Des anciens joueurs, entraîneurs et arbitres nous aident à y voir un peu plus clair.

S'est-on trop enflammé avec le PSG ?

C'est une petite musique qui se joue à intervalle régulier en Ligue 1 et le VAR n'a rien changé. L'idée que les gros clubs, Paris, Lyon et Marseille, bénéficient des mansuétudes d'un arbitrage complaisant avec eux et intransigeant avec les sans-grades. Deux événements ont remis le débat sur la table ces dernières semaines. D'abord, la colère terrible de Jean-Pierre Caillot, président de Reims, quand son équipe a terminé à dix contre onze face à Lyon, concédé le nul (1-1) et été privée d'un penalty : "Cette expulsion de Dion Lopy, elle fait mal et elle casse le match. Je sais que les petits clubs doivent descendre cette année, mais il y en a marre. Et je suis convaincu que si c'est le Paris Saint-Germain ou Lyon qui a la faute dans la surface, il y a penalty."
Dimanche dernier, c'est Michel Der Zakarian qui a joué le même couplet. En cause, un vilain tacle de Presnel Kimpembe, déjà averti, suivi d'un geste d'humeur auprès de l'arbitre non sanctionnés. "Il doit prendre un carton, minimum jaune. S’il prend jaune, il est dehors puisqu’il en a déjà pris un. Si c’est nous, on est dehors. Mais c’est Paris." Les gros de Ligue 1, comprendre principalement Paris, Marseille et Lyon, seraient donc arbitrés avec plus d'indulgence eu égard à leur statut. Pur fantasme ou vraie réalité ? La vérité se situe sans doute entre les deux.
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Neymar conteste la décision de l'arbitre Monsieur Delajod lors de PSG-Montpellier.

Crédit: Getty Images

Si c'est un jeune qui fait la semelle de Kimpembe, il prend un rouge
Alain Perrin a connu les deux positions. Entraîneur de Nancy, il a aussi présidé à la destinée du grand Olympique Lyonnais en 2007 et 2008, au moment où les Gones, multiples champions de France en titre, écrasaient tout sur leur passage et se voyaient reprocher des décisions arbitrales un peu trop bienveillantes à leur égard par des adversaires démunis.
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Tudor - Payet : à qui la faute ?

"A la fin de la saison, oui, ça penche plus en faveur des gros clubs et des grosses stars, tranche l'ancien coach. Il y a plus de mansuétude à leur égard. Mais il n'y a pas un plan secret pour les favoriser. Simplement le rapport de force entre l'arbitre et les joueurs sur le terrain est plus souvent à l'avantage des gros. Bien sûr, il y a des arbitres qui veulent se faire des stars mais généralement, ils sont plus sévères avec les jeunes et les joueurs moins connus. Ce n'est pas délibéré du tout mais c'est comme ça, on protège les stars. Si c'est un jeune qui fait la semelle de Kimpembe, il prend un rouge."
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Presnel Kimpembe (PSG), auteur d'un tacle terrible mais non sanctionné d'un carton

Crédit: Getty Images

"Il est hors de question que les arbitres essaient d'avantager tel ou tel club, les arbitres sont honnêtes et justes, rappelle Philippe Malige, ancien arbitre de L1 et L2. Mais après dans l'inconscient… Ça dépend de la personnalité, de l'expérience de l'arbitre, du contexte. Effectivement, dans une ambiance surchauffée, avec des joueurs ou entraîneurs aux grosses personnalités, on ne peut pas exclure qu'il y ait une différence qui se fasse. Les règles sont les mêmes pour tout le monde mais l'arbitre est un homme. Sauf à avoir l'expérience de Clément Turpin, c'est effectivement plus difficile d'arbitrer l'OL avec un président et une grosse ambiance qui vous mettent la pression."

Une question de contexte et de dynamique ?

Tout serait donc une question de contexte plus favorable aux grands clubs avec des supporters et des stades plus hostiles, des joueurs ou dirigeants davantage habitués à mettre la pression sur les arbitres. "Ce n'est pas l'apanage des gros clubs. À Montpellier, par exemple, on sait très bien mettre la pression", nous rappelle un ancien arbitre. Mais, naturellement, les équipes dominantes ont davantage le ballon, se procurent plus d'occasions, vont plus souvent dans la surface adverse. Autant de raisons de siffler davantage en leur faveur. Jérémy Clément, ancien joueur du grand OL, du PSG mais aussi de Saint-Etienne ou Nancy, avance une autre explication.
"Je n'ai jamais eu la sensation d'avoir été favorisé quand je jouais le titre à Lyon, témoigne-t-il. Mais je crois à la réussite du leader et à la malchance du dernier. C'est une question de dynamique. Je n'ai jamais ressenti que le gros club était délibérément favorisé." Même son de cloche chez Bruno Derrien, ancien arbitre international qui défend sa corporation : "Il n'y a aucun plan échaudé pour favoriser les gros. Les arbitres n'ont qu'un seul but : bien faire. Ils sont professionnels, notés. Les grosses erreurs se voient et sont sanctionnées, les arbitres sont notés. Je n'ai aucun doute sur l'honnêteté des arbitres."
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Dimitri Payet (Marseille) furieux contre l'arbitre face à Lyon

Crédit: AFP

On est des humains, nous aussi pouvons céder à une forme de pression
Ce n'est sans doute pas leur probité qui est ici en jeu mais plutôt leur capacité, variable, à résister aux influences extérieures qui peuvent grossir en fonction de la taille du club qu'ils arbitrent. "C'est comme un tireur de penalty, tente de résumer Philippe Malige. A l'entraînement, il peut faire un 20 sur 20. Mais quand il s'agit d'en transformer un en finale de la Coupe du monde, le pied peut trembler et il peut se rater. Un arbitre, c'est pareil. On est des humains, nous aussi pouvons céder à une forme de pression."
Jérémie Pignard, arbitre de PSG-Brest samedi dernier, a-t-il cédé à la pression du Parc ? C'est l'avis de Silas Billong, ancien joueur de Brest et Reims, reconverti comme quatrième arbitre dans l'élite dans les années 2010 : "C'est une situation compliquée quand on arbitre le PSG, en fin de match. Si l'arbitre met rouge, il sait qu'il aura droit à une polémique sur plusieurs jours, qu'il sera potentiellement montré du doigt. Stratégiquement, il a peut-être inconsciemment privilégié sa carrière pour s'éviter une polémique." S'éviter l'effet loupe des matches du PSG en jouant la sécurité en somme. Problème, il n'a pas évité la polémique et relancé un débat vieux comme la Ligue 1.
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