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Avant OGC Nice - Stade Brestois : Francesco Farioli et Eric Roy, le nouveau contre l'ancien monde ?

Cyril Morin

Mis à jour 01/10/2023 à 12:03 GMT+2

Ce dimanche (15h), l'OGC Nice, surprenant deuxième et déjà tombeur du PSG et de Monaco, reçoit le Stade Brestois, leader improbable de L1. Entre les deux équipes, deux modèles s'opposent et deux coaches qui incarnent les changements en cours en France. Francesco Farioli et Eric Roy n'ont a priori pas grand-chose à voir. Mais leur équipe leur ressemble, finalement, et c'est le plus important.

"Si on veut voir un renouveau en Coupe d'Europe, ce sont les petits matches qu’il faut gagner"

Sales semaines pour Raymond Domenech. L'ancien sélectionneur des Bleus, devenu président de l'UNECATEF, s'est toujours battu pour promouvoir les entraîneurs français, refusant de s'enthousiasmer face à l'arrivée massive en L1 de techniciens venus d'ailleurs, surtout quand leurs références sont légères. Ainsi, Gennaro Gattuso a beau avoir coaché l'AC Milan ou le Napoli, il n'a pas spécialement accueilli le nouveau coach de l'OM de la meilleure des manières. "Gattuso à l’OM ? les marseillais devraient apprécier de pouvoir relancer un entraîneur qui n’a pas vraiment réussi jusqu’à présent", a-t-il ainsi écrit sur X, avant de malgré tout lui souhaiter "bonne chance".
Il faut le comprendre : depuis le départ de Laurent Blanc de l'OL remplacé par Fabio Grosso, la Ligue 1 est entrée dans une nouvelle ère. Sur 55% des bancs français, des entraîneurs étrangers. Le plus haut taux jamais enregistré. De quoi donner encore plus de poids aux propos de Pablo Longoria de 2021 et réactiver la ligne de défense des instances françaises sur cette sous-représentation des entraîneurs tricolores dans l'élite mais aussi à l'étranger, à savoir un manque de réseau.
Ce dimanche, cette bataille symbolique va se prolonger sur les terrains. Car, ce dimanche, c'est un choc de L1 franchement improbable qui se dessine : le dauphin niçois reçoit le leader brestois. D'un côté, Francesco Farioli, jeune entraîneur italien qui se réclame de Roberto De Zerbi et Marcelo Bielsa. De l'autre, Eric Roy, 56 ans, ancien joueur rugueux de retour sur les bancs, onze ans après son expérience à l'OGC Nice. Forcément, le décalage, sur le papier, est parlant.
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"Gattuso va apporter du feu et de l'énergie à l'OM, mais ça ne va pas durer longtemps"

Farioli, prise de risque payante

Les deux hommes ont une chose en commun : avoir été nommés à la surprise générale. Là où Florent Ghisolfi rêvait de Régis Le Bris pour l'OGC Nice, c'est finalement l'ancien coach de Karagümrük et Alanyaspor qui a été choisi. Inconnu mais prometteur selon les termes du directeur sportif niçois qui n'avait pas hésité à employer tous les mots du bingo en vogue ces derniers mois : "jeune", "dynamique", "moderne", "jeu attractif", "offensif", "basé sur la possession".
Il est sans doute encore un peu tôt pour juger son apport aux Aiglons mais l'attitude de sa troupe laisse à penser que quelque chose a changé. Plus appliquée, plus cohérente, plus "méchante", son équipe a eu le mérite de faire son meilleur match au Parc des Princes (2-3) avant de profiter des largesses monégasques en fin de match (0-1) pour obtenir cette deuxième place après six journées.
Ses recadrages - et légères sanctions - de Jean-Clair Todibo et Terem Moffi ont aussi mis en lumière son management perfectionniste, amplifié par son recours très poussé à la vidéo. Sa modernité se retrouve aussi dans son storytelling : c'est grâce à une analyse très poussée du Foggia (Serie C) de De Zerbi postée sur un blog qu'il avait été invité à rejoindre le staff de l'Italien comme entraîneur des gardiens. So 2023.
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Francesco Farioli.

Crédit: Getty Images

Roy n'était qu'un recours

Si Ineos a pris le temps d'insister sur sa nomination, mentionnant que le jeu était désormais au moins aussi important que les résultats, la donne fut franchement différente pour Eric Roy. Lui n'était qu'un recours, un pompier de service dégoté en panique au cœur du mois de janvier pour sauver le Stade Brestois, relégable avec 13 petits points à l'entame de l'année 2023. D'ailleurs, avant d'être choisi, Roy avait été mis en concurrence avec des noms plus marqués par le sceau de la modernité : Habib Beye, Zoumana Camara ou Stéphane Ziani.
"Je ne me projette pas", avait-il d'ailleurs expliqué en référence à ce contrat de six mois. Désormais, il est lié jusqu'en 2025 au club breton, séduit par le redressement des siens et son comportement en interne. Le rugueux milieu, leader d'hommes, est devenu un entraîneur humain, humble et réaliste. Sa vision des choses à son arrivée avait annoncé la couleur : "J'ai envie d'une équipe qui court, entreprenante, dynamique, mais il ne faudra pas oublier les équilibres, avait-il averti. On devra devenir une équipe emmerdante à jouer alors qu'on était plutôt une équipe sympa à jouer sur ce que j'ai vu récemment".
"Emmerdante", son équipe l'est devenue, dans le bon sens du terme. Royale dans les airs, la troupe bretonne s'est appuyée sur les qualités inhérentes à cet effectif sans se prendre pour d'autres. Sur l'année 2023, Brest est ainsi 8e (44 points), juste derrière Rennes et Monaco. Avec, au passage, 28 petits buts encaissés, soit le plus faible total de L1 derrière… Nice. Mais la démonstration face à un OL malade (1-0) a tordu le cou aux clichés. Du mouvement, des centres (beaucoup !) et de la variété : ce Stade Brestois a su évoluer durant l'été tout en gardant une identité marquée.
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Eric Roy

Crédit: Getty Images

Face à Nice, il le sait, c'est un "challenge" qui attend sa troupe. "Le regard que je porte sur Nice ? Il est presque admiratif, a-t-il expliqué en conférence de presse. Ils sont allés gagner à Paris, à Monaco… Je ne suis pas sûr que beaucoup d’équipes vont le faire cette saison. Ça va être une valeur étalon pour nous : Nice maîtrise beaucoup de choses, notamment le ballon".
Ce Nice-Brest alléchant porte donc la marque de deux entraîneurs aux profils, à priori, éloignés. L'un souligne la révolution en cours que connaît la L1, renforcée par des fonds étrangers qui misent sur des coaches étrangers prometteurs. L'autre rappelle que le football n'est pas un art où le beau l'emporte toujours. C'est finalement Roy qui rappelle le vrai critère à l'heure de juger des entraîneurs, avant de les cataloguer un peu facilement dans des cases toutes tracées : "La définition d'un bon entraîneur ? Celui capable de tirer la quintessence de son effectif". A ce petit jeu-là, les deux sont presque jumeaux.
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