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Rayan Cherki (Lyon), un comportement rédhibitoire ? "Les grands clubs n'en voudront pas"

Julien Pereira

Mis à jour 04/02/2024 à 19:58 GMT+1

Il râle, peste, s’agace. A Lyon, Rayan Cherki ne cesse de manifester son mécontentement par des gestes d’humeur, parfois même contre ses propres coéquipiers. Le milieu de terrain, qui n’a pas explosé comme un joueur de son talent aurait dû, a peut-être convaincu les grands clubs de l’ignorer, alors qu’il devrait quitter l’OL dans les prochains mois. Il débutera le choc face à l'OM sur le banc.

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Ça commence, bien souvent, par une passe manquée, un mauvais contrôle d'un coéquipier ou une situation mal fagotée. Ça finit, presque toujours, par un geste d'humeur, un regard noir ou une gueulante. À Lyon, Rayan Cherki a désormais tendance à se faire remarquer par son comportement, bien plus que par ce qu'il est capable de créer sur le terrain. À 20 ans, et alors qu'il devrait quitter l'OL dans les prochains mois, le milieu de terrain s'est peut-être fermé des portes.
Le club rhodanien a déjà planifié son futur transfert, notamment pour satisfaire la DNCG, le gendarme financier de la Ligue 1. "C'était un plan budgétaire, pas un plan footballistique, s'est défendu John Textor dans une interview récemment accordée à L'Equipe. Les projets footballistiques ont la priorité. Cherki peut nous aider à gagner et nous avons besoin de victoires plus que de ventes."
Le contrat du joueur expirant en 2025, l'OL devrait tout faire pour récolter la meilleure indemnité de transfert possible l'été prochain. Reste à savoir auprès de qui. "Les grands clubs n'en voudront pas, nous souffle un acteur du marché. Croyez-moi, ils connaissent tous les qualités intrinsèques de Cherki. Ils les connaissent sans doute mieux que lui-même. Mais ils ne le prendront pas. Ils savent très bien que ce serait une bombe à retardement."

Le contre-exemple Zaïre-Emery...

Celui qui avait, très tôt, attiré l'œil des géants européens, grâce à un talent hors norme, a fini par les crisper. "La situation actuelle de Lyon, c'est une aubaine pour eux, ajoute cette même source. C'est une équipe facile à observer car on voit très bien quels sont les joueurs qui mettent le bleu de chauffe et qui ont l'esprit collectif. Lui n'en fait pas partie. Son langage non verbal est exécrable. En voyant ça, les recruteurs des grands clubs se disent : 'Que peut-il nous apporter, à part des ennuis ?'"
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L'attitude de Rayan Cherki lui a-t-elle fermé des portes ?

Crédit: Quentin Guichard

"Parfois, on peut espérer que ces points très négatifs vont s'estomper avec l'âge et la maturité, glisse un recruteur en Ligue 1. Mais honnêtement, durant toute ma carrière, ce n'est jamais arrivé. A la fin, lorsque l'on a trois ou quatre profils différents pour renforcer un poste, c'est l'attitude qui fait la différence. Parce qu'on ne veut pas prendre de risque." Parmi les nombreux acteurs que nous avons interrogés à ce sujet, tous ont fini par évoquer le même contre-exemple : Warren Zaïre-Emery.
"C'est une bonne comparaison car ils ont plus ou moins débuté au même âge, souligne le recruteur qui arpente les pelouses françaises. Pour Zaïre-Emery, c'était probablement plus difficile de se faire une place dans le contexte parisien. Cherki est plus talentueux car techniquement, il est capable de faire des choses que très peu de joueurs font. En revanche, si on juge ces deux joueurs dans la globalité, il n'y a pas photo. Warren réussit grâce à sa personnalité et son attitude. Il est comparable à Jude Bellingham sur ce plan. C'est précisément pour cette raison que l'on a la certitude qu'ils garderont un niveau très élevé tout au long de leur carrière, sauf événement extérieur. Et cette certitude, on ne peut pas l'avoir avec Cherki."

... et le précédent Ben Arfa

Avant Cherki, d'autres joueurs loin d'être irréprochables ont tout de même réussi à convaincre les grandes puissances du Vieux Continent. Là aussi, le précédent Hatem Ben Arfa, passé par le PSG après plusieurs expériences contrastées, est inlassablement revenu. "Ben Arfa m'a coûté ma place à Rennes, nous raconte Guillaume Duriatti, ancien 'scout' du club breton. J'étais en total désaccord avec Olivier Létang à l'époque. Je lui avais clairement annoncé : 'Si on prend Ben Arfa, on est morts. Il va péter le vestiaire.' Lui était convaincu que c'était un joueur qui ferait du bien grâce à son talent. Létang n'a pas apprécié ma sortie en réunion et m'a dit : 'Nous n'avons pas la même vision du football, on devrait s'arrêter là.' Après 17 ans au club, je suis parti."
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Preuve que l'œil des recruteurs ne fait pas tout, en particulier en France. "Michel Ouazine, l'agent de Ben Arfa, avait l'oreille de Létang", susurre l'un des spécialistes du marché. "Il y a beaucoup de connexions entre quelques agents et certains présidents ou directeurs sportifs, ajoute Guillaume Duriatti. À l'étranger, c'est beaucoup plus rare." Alors que ses contrats étaient autrefois négociés en famille - en particulier par sa mère - Rayan Cherki est conseillé depuis plusieurs mois par une agence gérée par Fayza Lamari, la mère de Kylian Mbappé.
Il y a tout juste un an, avant même que L'Equipe dévoile la création de cette structure, le milieu de terrain lyonnais avait fait l'objet de plusieurs offres du Paris Saint-Germain. Le club rhodanien, confronté à plusieurs départs, était resté ferme.

Et si Cherki était finalement... une aubaine ?

Depuis, le club de la capitale n'a plus discuté concrètement avec la direction lyonnaise. "Il y a d'autres paramètres à prendre en compte, rappelle le recruteur travaillant en France. Cherki ayant refroidi beaucoup de grands clubs, sa valeur va automatiquement chuter. Certains d'entre eux vont donc peut-être tenter le pari. Car c'est encore un jeune joueur, qui a disputé beaucoup de matches de Ligue 1, et qui a évidemment du talent. Ça le rend quand même intéressant pour un club qui, au lieu de payer 30 millions, pourrait l'avoir pour 10 ou 15 millions. C'est une prise de risque. Mais une prise de risque bien moins onéreuse qu'il y a deux ou trois ans." "C'est une sorte de 50-50, enchaîne Guillaume Duriatti. Parce que finalement, tout dépend d'une chose : sa volonté de se remettre à l'endroit et de comprendre l'importance de l'attitude."
Ces derniers mois, Chelsea s'est penché sur la situation de l'international Espoirs. Le club londonien est embarqué dans un projet flou et ne fait plus partie du gratin de Premier League, où seules les écuries parfaitement structurées, avec une vision partagée à tous les étages (joueurs, entraîneur, direction sportive, présidence) parviennent à rester au plus haut niveau.
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"Ça aussi, ça compte, martèle un spécialiste du marché. Combien d'entraîneurs sont passés à Lyon depuis que Cherki évolue en professionnel ? Et pourquoi il n'a été régulièrement performant avec aucun d'entre eux ? Grosso, Blanc, Bosz... ce n'étaient quand même pas les perdreaux de l'année."
Le 14 janvier dernier, lors du déplacement de l'OL au Havre (3-1), Cherki avait été interrogé par la journaliste de Prime Video Virginie Sainsily sur les gestes d'humeur qu'il avait multipliés durant la partie. "J'ai envie qu'on continue à jouer avec nos qualités, avait-il répondu. On doit prendre nos responsabilités dans ce genre de matches pour renverser la tendance." Ce jour-là, les quelques émissaires présents en tribunes n'avaient pas eu la même interprétation.

(Visuel : Quentin Guichard)

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