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Le pire pour Chelsea ? Il est sans doute à venir après l'élimination en Ligue des champions

Cyril Morin

Mis à jour 19/04/2023 à 11:02 GMT+2

Eliminé sans gloire par le Real Madrid en quart de finale de Ligue des champions, après une nouvelle prestation d'une tristesse absolue (0-2), Chelsea va donc boucler une saison sans titre, sans relief et sans perspective. L'ère Boehly-Clearlake Capital, débutée voilà un an, entre déjà dans une zone de turbulences. Parce que l'été qui attend les Blues sera celui de tous les dangers…

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Dans le sport, la justice n'existe pas. C'est ce qui fait toute sa beauté. Ce mardi, pourtant, il y a une forme de logique, presque un soulagement intellectuel, à voir le sort réservé par la glorieuse incertitude à l'illisible Chelsea. Un assemblage de talents, sans ligne directrice ni vision stratégique, n'a jamais suffi à monter une équipe cohérente. Des soldats, les Bleus en possèdent une palanquée. Mais cette armée est trop mal dirigée pour éviter la déroute, comme ce fut le cas à Stamford Bridge (0-2).
Voilà bientôt un an que Todd Boehly et ses partenaires ont dépensé près de 5 milliards d'euros pour racheter le club londonien avec l'espoir de révolutionner vite, sans doute trop, les usages d'un football européen au potentiel encore mal exploité selon eux. En un an, ils ont dépensé plus de 600 millions d'euros, battu des records pour des joueurs à fort potentiel, licencié deux coaches de haut niveau, lessivé un troisième - pas forcément au niveau - en l'espace de quatre matches et ont assisté à des bouillies de football toutes plus déprimantes les unes que les autres.
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Des fans de Chelsea se plaignent auprès de Todd Boehly

Crédit: Getty Images

Parfois 40 joueurs à l'entraînement

L'an I sera vierge de titre tandis que l'an II sera vierge d'Europe, puisque les Blues végètent à une piteuse 11e place en championnat. Sacrés débuts… Pourtant, le pire est peut-être encore à venir pour le club londonien. Les travaux estivaux qui attendent la direction sportive sont d'une ampleur inégalée. Le premier d'entre eux sera de trouver un entraîneur qui acceptera de venir dans ce traquenard.
Traquenard parce que Chelsea dispose actuellement d'un effectif professionnel de 32 joueurs sous contrat, sans compter les jeunes pousses locales déjà présentes à l'entraînement sous Tuchel, auxquels vont s'ajouter les joueurs prêtés, souvent indésirables, dont Romelu Lukaku, Callum Hudson-Odoi, Malang Sarr ou Tiémoué Bakayoko. Traquenard parce que, comme l'a révélé The Athletic après le renvoi de Graham Potter, la place manque déjà dans les vestiaires pour que tous les joueurs puissent participer aux causeries tactiques. Traquenard parce que certains entraînements ont consisté en deux oppositions séparées (un 11 vs 11 et un 9 vs 9, 40 joueurs au total !) pour que tout l'effectif ait le sentiment d'être impliqué dans le projet. Traquenard enfin parce que la présence – voire l'ingérence - pesante de Todd Boehly et Behdad Eghbali, tête pensante de Clearlake Capitale, ne passera pas avec tout le monde.
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Dans ces conditions, Julian Nagelsmann ou Luis Enrique vont-ils être tentés ? Malgré tout l'or du monde, ou presque, il y a de quoi douter. Surtout quand les décisionnaires au-dessus semblent si déconnectés des réalités quotidiennes et du réel fossé qui sépare ces Blues du reste du gotha européen. Le pronostic de Boehly avant le match aller (victoire 0-3 au Bernabéu) n'a pas fini de faire marrer la presse anglaise.
L'autre urgence, car c'en est une à en croire les échos de la presse anglaise, c'est d'éponger le plus vite possible le déficit abyssal causé par cette boulimie sur le marché des transferts. Chelsea va devoir vendre et espère ainsi se débarrasser de Mason Mount, un homme décisif dans son sacre européen, et de Conor Gallagher, enfant du club, auprès de voisins anglais avant le 30 juin pour limiter la casse sur l'exercice comptable actuel. Il se murmure que 70 millions d'euros seraient réclamés par Chelsea pour le premier. Déconnexion, encore et toujours.

Contrats longs, courtisans rares

A partir du 1er juillet, la grande lessive pourra alors débuter. Comment ? C'est toute la question. Déjà en s'y prenant autrement que lors du prêt avorté d'Hakim Ziyech au PSG le 1er février dernier, quand le club parisien avait qualifié la gestion du dossier par les Blues de "cirque". En espérant que des géants européens aux reins assez solides financièrement puissent s'intéresser à des joueurs alléchants mais au salaire anglais souvent décourageant (Kovavic, Pulisic, Ziyech notamment). En priant que d'autres, portés disparus, comme Pierre-Emerick Aubameyang veuillent bien aller voir ailleurs… Good luck with that.
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Pierre-Emerick Aubameyang

Crédit: Getty Images

Et si vous pensiez que Chelsea pouvait s'en sortir en se débarrassant de joueurs mal-utilisés en fin de contrat, c'est rapé. Cet été, seul N'Golo Kanté, symbole du club et très bien revenu ces dernières semaines, est libre au 30 juin. Nul doute que les nouveaux dirigeants voudront le garder. Tout comme ils voudront recruter un nouveau portier et un nouvel avant-centre. Toujours plus de dépenses, un peu plus de cohérence mais encore moins de rentrées d'argent.
Une rengaine qui pourrait se répéter les années qui viennent tant la durée des contrats signés par les derniers venus, étalés sur six à sept saisons, rendront impossible ou presque la vente d'indésirables. Qui voudra de joueurs n'ayant pas donné satisfaction à Chelsea avec des salaires décorrélés de leurs réelles performances ? C'est donc les doigts croisés que les supporters des Blues espèrent qu'Enzo Fernandez, Mykhaïlo Mudryk, Malo Gusto, Joao Felix (qui devrait être conservé, plus on est de fous, plus on rit, parait-il), Wesley Fofana ou Benoît Badiashile parviennent à se hisser à la hauteur des attentes, financières et sportives, placées en eux.

Où vont-ils ?

Car, au final, tout se paie. En février dernier, The Times avait avancé que l'absence de C1 en 2023-2024 mettrait Chelsea dans l'embarras face au fair-play financier de l'UEFA. La Premier League aussi surveille de près le cas des Blues. Mais c'est presque de l'intérieur que la menace finira par être la plus grande. Les Américains attendront des résultats financiers et ce n'est pas le genre de la maison de faire du mécénat.
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Todd Boehly

Crédit: Getty Images

Pendant qu'ils travaillent déjà à la possibilité de quitter Stamford Bridge, à une augmentation du prix des places ou à un système tirant pleinement profit des paris, ils pourraient être tentés de récupérer rapidement une partie de leur mise en grattant des millions sur les quelques joueurs bankables de l'effectif. Ou comment tuer la stratégie sportive au profit d'une logique financière.
Au fond, cette élimination ce mardi acte la course en avant enclenchée par Chelsea. Ils y vont tout droit. Où ? Bien malin celui qui saura répondre à la question à 5 milliards d'euros…
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