Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Ligue des champions | Et si l'Inter Milan était la meilleure équipe d'Europe ?

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 13/03/2024 à 13:16 GMT+1

Invaincue depuis décembre dernier, l'Inter Milan, qui fonce tout droit vers le titre en championnat, espère valider son billet pour les quarts de finale de la Ligue des champions face à l'Atlético de Madrid ce mercredi (21h). Avec treize victoires en autant de matches disputés depuis début 2024, l'équipe lombarde continue de marcher sur l'eau cette saison. Au point d'être la meilleure d'Europe ?

Même Lautaro est impressionné : Thuram, "la déflagration" venue d'Italie

Le travail est presque terminé. Avec 16 points d'avance sur son nouveau dauphin, l'AC Milan, son grand rival, l'Inter Milan se prépare à la grande fête. Celle du vingtième Scudetto, synonyme de deuxième étoile (en Italie, une étoile équivaut dix titres) et récompense d'une saison outrageusement dominée. Au point qu'elle pourrait même devenir historique. Si les Nerazzurri parviennent à tenir leur rythme actuel (13 victoires en 13 matches depuis le début de l'année), le record de points de la Juve d'Antonio Conte pourrait tomber en fin de saison : 102, en 2013-2014. Après 28 matches, ils en comptent déjà 75, soit un de moins que le record établi par l'Inter de Mancini en 2006-2007. Une dernière stat' pour la route ? La différence de buts de la bande à Simone Inzaghi (+57) est égale à la somme de celles de ses poursuivants, Milan (20), Juventus (21) et Bologne (16). Bref, rien ne lui a résisté. Et tous ceux qui ont tenté de s'opposer ont fini par exploser en plein vol.
"Il n'y a rien à dire, ils font une saison incroyable", a reconnu le technicien de l'AC Milan Stefano Pioli, qui a déposé les armes depuis longtemps. La Juve, elle, a tenu un peu plus longtemps, avant de perdre la confrontation directe (1-0) le 4 février dernier et lâcher définitivement l'affaire. Tout le monde soulignait la saison fantastique du Napoli de Luciano Spalletti l'an passé ? L'Inter compte quatre points de plus au même stade, avec une meilleure attaque (70 contre 64) et meilleure défense (10 contre 20). "On réussit quelque chose d'extraordinaire, mais on sait aussi qu'il nous manque encore beaucoup de points et qu'il y a encore dix matches à jouer", a toutefois prévenu Simone Inzaghi, samedi, probablement plus par superstition que conviction. Son premier titre de champion d'Italie lui tend les bras. Enfin.

Inzaghi, le meilleur tacticien cette saison ?

Débarqué sur le banc de la Beneamata en juin 2021, l'ancien entraîneur de la Lazio Rome n'a pas vraiment connu que des périodes aussi fastes que celle du moment. Certes, il n'a jamais terminé une saison sans trophée depuis son arrivée (deux Coupes d'Italie, trois Supercoupes) mais sa gestion a parfois fait grincer des dents les tifosi, furieux notamment à l'issue de la saison 2021-2022, où le Scudetto, qui semblait pourtant acquis, a finalement filé de l'autre côté du Naviglio, celui de l'AC Milan. La presse n'a jamais été tendre non plus quand le bateau bleu et noir tanguait. "Un licenciement n'est pas impossible (...) S'il saute dès maintenant, Christian Chivu le remplacera", écrivait La Gazzetta dello Sport en avril 2023 après une 10e défaite en 28 matches de Serie A. Près d'un an plus tard, la musique a bien changé. Inzaghi aussi. Malgré un mercato qui aurait pu tout plomber (Lukaku, Skriniar, Onana et Brozovic sont notamment partis) l'été dernier, le technicien de 47 ans a su se renouveler. Sur le terrain comme en dehors.
Jamais satisfait, toujours en éveil, Inzaghi a évolué sur tous les plans. "C'est un grand entraîneur, a reconnu Demetrio Albertini, ancien milieu de terrain italien, à La Repubblica mardi. Il est plus que bon. Tous les ingrédients étaient réunis. Sur le terrain, il était opportuniste, les attaquants doivent l'être, mais il était généreux en dehors. Il vivait pour le football (...) Arrigo Sacchi l'a critiqué dans les moments plus difficiles ? Il peut se tromper, comme tous ceux qui ont discuté sa position. Inzaghi fait des choses extraordinaires. Il a construit une grande équipe et valorisé le patrimoine technique."
picture

Simone Inzaghi, Champions League

Crédit: Getty Images

Dans sa communication, l'ex-buteur de la Lazio se montre désormais plus sobre. Moins d'excuses et de polémiques, que ce soit sur les arbitres ou le calendrier. Autour de lui, le calme est revenu et le crédit a augmenté, grâce notamment à un parcours exceptionnel en Ligue des champions la saison passée. Battue en finale par Manchester City (1-0), l'Inter est passée proche d'un exploit monumental. "Tactiquement, Inzaghi avait tout réussi face au maître Guardiola", se félicitait La Gazzetta dello Sport le lendemain. Le vent commençait déjà à tourner. Et en interne, on se félicite de ne l'avoir jamais remis en cause. Son 3-5-2 est devenu une merveille, avec des trouvailles (Calhanoglu dans un rôle de "regista"), des joueurs relancés (Acerbi, Mkhitaryan, Darmian...), d'autres propulsés (Dimarco, Bastoni, Lautaro, Barella...) et des recrues intégrées (Sommer, Pavard, Thuram, Bisseck...). Résultat, un collectif huilé aux mécanismes parfaits. Chaque élément est valorisé et optimisé. Puis la confiance a fait le reste.
"Je ne sais pas si c'est le meilleur tacticien d’Europe, mais la révélation des douze derniers mois, certainement, estime Cédric Canale, journaliste basé à Milan et animateur des podcasts "Canale Inter" et "Pronto Calcio". Il reçoit des compliments de toute l’Europe et le mérite. Il propose une stratégie moderne, avant-gardiste sur certains points (...) Il a passé un cap qui symbolise son évolution. En Italie, on parle de 'calcio liquido', comme un football liquide, où chaque joueur peut permuter avec un autre au sein de l’organisation. Un défenseur se projette pour créer une supériorité et le milieu couvre sans problème. Ça bouge de façon naturelle, comme l’eau d’un fleuve (...) Inzaghi a réussi à optimiser les qualités de chaque joueur cette saison. Même les remplaçants s’intègrent sans quasiment faire baisser le rendement. L’Inter a joué et gagné sans Calhanoglu, Acerbi et Thuram ces 2 dernières semaines. Il y a un an, Inzaghi était proche de la porte. Je me souviens de sa conférence de presse après le 0-0 à Porto, synonyme de qualification pour les quarts de finale. Pour moi, il y a un avant et un après ce match. Il s’est libéré, a ajusté sa communication. Les joueurs parlent de lui comme d’un grand frère qui sait aussi hausser la voix et recadrer les choses. A chaque interview, Lautaro est élogieux et on sent une symbiose entre l’entraineur et son capitaine. Il suffit de voir l’évolution de Lautaro en trois ans (...) La finale de la saison passée a aussi responsabilisé les joueurs sur leurs capacités et sur la qualité du groupe, du staff. De l’intérieur et à l’extérieur, la finale a été un tremplin pour le club et pour Inzaghi."

L'Inter, la meilleure équipe cette saison ?

Repartis bredouille d'Istanbul en juin dernier, les Nerazzurri rêvent de faire l'inverse à Wembley cette saison. Pour ça, il faudra tenir bon face à l'Atlético de Madrid ce mercredi soir (21h) après la courte victoire de l'aller (1-0). "C'est l'une des meilleures équipes d'Europe", a constaté Diego Simeone mardi en conférence de presse. Puis viendront éventuellement les quarts de finale, où personne ne souhaitera les affronter. Oui, l'Inter fait peur. Et derrière l'armada de City, on fait difficilement mieux en Europe cette saison. Le PSG de Luis Enrique ? Encore un peu tendre. Le Bayern de Tuchel ? Il sort tout juste de la crise. Le Real d'Ancelotti ? Toujours à craindre, mais le 8e retour face à Leipzig a exposé bien des failles. Selon les prédictions d'Opta, l'Inter a 15,7% de chance de remporter la C1, derrière les Sky Blues (33,6%) et le Real Madrid (17,1%). Dans les cinq grands championnat, personne ne prend aussi peu de buts (0,48/match). Et si, cette fois, Lautaro et ses coéquipiers allaient au bout ?
"Sur le papier, l’Inter n’est pas dans le top 5 européen - certains doutaient même qu’elle soit top 4 en Italie en aout dernier - mais dans les faits, sur la forme du moment, elle est juste derrière City avec le Real voire le Bayern qui semble se reprendre et Liverpool, poursuit Cédric Canale. Si l’Inter passe l’obstacle Atlético au Wanda Metropolitano, elle serait certainement un tirage à éviter pour toutes les autres équipes. Sur deux matches, elle peut regarder tout le monde dans les yeux. La priorité de la saison est la deuxième étoile en championnat. Avec 16 points d’avance sur Milan, c’est quasiment fait. La Ligue des champions revient naturellement dans toutes les têtes."
Dans la préface du dernier livre d'Arrigo Sacchi, Guardiola soulignait que l'Inter était une équipe "très difficile à affronter" et "très bien entraînée", dans l'espoir de ne plus la croiser sur sa route en C1. "Inzaghi fait pratiquer un football moderne et physiquement très intense", ajoutait-il. "Ils peuvent gagner la Ligue des champions, prévenait la semaine passée Julio César, ancien gardien du club, à la Gazzetta dello Sport. L'Inter est l'exemple parfait de ce que signifie la confiance. Tu le vois par la façon dont les joueurs jouent, se cherchent, croient en ce qu'ils font et gagnent. Ils ont atteint un statut qui permet de viser n'importe quel objectif (...) L'héritage de la dernière finale perdue est plus grand que le simple résultat : à ce moment précis, tout le monde s'est rendu compte à quel point l'Inter était devenue une équipe mature. Et avant ça, l'équipe elle-même s'en est aperçue. Cette conviction accompagne maintenant l'Inter." Et elle pourrait l'emmener très loin.
picture

Lautaro Martinez

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article