Ligue Europa - Avant OM - AEK Athènes : Vitinha placardisé, mais jusqu'à quand ?

En football, le silence est la plus bruyante des expressions. Alors, quand Gennaro Gattuso, nouvellement arrivé sur le banc de l'OM, est resté mutique face à Vitinha lorsqu'il a fallu remplacer Pierre-Emerick Aubameyang ce week-end face à Nice (défaite 1-0 de l'OM), la mine du Portugais n'en disait pas moins. Pire, c'est même le milieu défensif Bamo Meïté qui a pris la place de l'attaquant gabonais, alors que l'OM était mené et n'avait besoin que d'un petit but pour arracher le nul. Une nouvelle désillusion pour l'ancien buteur de Braga, débauché en janvier dernier contre 25 millions d'euros + 7 de bonus, toujours incapable de s'imposer dans le onze olympien.

En conférence de presse en marge du déplacement de l'OM à Athènes, son coach a expliqué les raisons de sa mise au placard : "J'ai parlé avec lui, je lui ai dit qu'il devait être prêt, que son moment allait arriver. Nos attaquants font un très bon travail sans ballon. C'est ce qui lui manque, il doit s'améliorer tactiquement.". A 23 ans, les 12 travaux le séparant, à son arrivée, d'une place de titulaire se rapprochent de plus en plus du mythe de Sisyphe.

Avec Marcelino, le Portugais avait enfin trouvé grâce aux yeux du staff. Titulaire en pointe de l'immuable 4-4-2 de l'Espagnol pour l'ouverture de la saison, l'avant-centre avait débloqué son compteur dès son premier match contre Reims avant de récidiver face à Metz la semaine suivante. Un début de saison qui avait ravivé la flamme de l'espoir dans les travées du Vélodrome et lui avait permis d'être élu Olympien du mois. Puis… plus rien.

Sous quatre coachs différents à Marseille (Tudor, Marcelino, Abardonado par intérim puis Gattuso) Vitinha n'a été que dans les petits papiers du second. Des difficultés à convaincre ses entraîneurs qui interrogent, alors même qu'il n'a jamais été écrasé par l'efficacité d'un concurrent. Son coach depuis un mois, lui, n'a pourtant d'yeux que pour Pierre-Emerick Aubameyang : "Il m'a vraiment impressionné. Il a 34 ans et une superbe carrière. Mais il est toujours là, toujours prêt à faire ce qu'il a à faire et toujours très disponible." Pourtant, le Gabonais n'a inscrit qu'un seul but en huit rencontres de Ligue 1, auquel il ajoute deux buts en autant de matchs d'Europa League.

Plus mobile, plus rapide, plus expérimenté : les raisons de préférer l'ancienne star du Borussia Dortmund au jeune Vitinha sont pléthores sur le papier. Une fois arrivé sur le terrain, la plupart s'estompent. Terriblement inefficace, le numéro 14 sous-performe excessivement ses expected goals, estimés à 4,7 par Understat, pour seulement un petit but. Vitinha, de son côté, a inscrit deux buts pour 2,28 xG mais traîne lui de belles lacunes tactiques et balle au pied. Le manque d'efficacité de l'Olympique de Marseille a peut-être une solution sur son propre banc, mais elle se fera au prix d'une certaine justesse technique et tactique devant.

Après le camouflet de sa non-entrée face à Nice, La Provence révélait que Vitinha commençait à ronger son frein depuis le banc de touche. Sur son front, l'étiquette du plus gros transfert de l'ère Longoria commence à peser. En début de saison, il avait affirmé que ce statut ne le dérangeait pas, mais avait ajouté : "J’ai la volonté de travailler pour montrer que je mérite ce qu’ils ont engagé financièrement pour moi." Les premiers signes de la nécessité de justification d'un montant de transfert exorbitant.

Et si, jusqu'ici, le Portugais s'est presque invariablement montré souriant et positif dans ses apparitions publiques, cette moue depuis le banc de l'Allianz Riviera détonne. En pleine bourre avant de débarquer dans les Bouches-du-Rhône, Vitinha pourrait être tenté de traîner sa saudade sur les terrains de la ligue des talents jusqu'à obtenir un prêt.

Mais l'homme clé dans la gestion de ce dossier s'appelle Pablo Longoria et est toujours en poste malgré les menaces qu'il a subi le mois dernier. Et si sa recrue phare n'a disputé que 46 minutes de jeu en quatre rencontres avec Gennaro Gattuso, la crédibilité du président de l'OM en va aussi du destin de Vitinha. Tant bien que mal, les sort des deux amants maudits semblent inexorablement liés. Marseille et ses supporters devront faire avec.