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Equipe de France - Préparation Euro 2022 : Charlotte Bilbault, milieue sans peur mais pas sans reproches

Vincent Roussel

Mis à jour 01/07/2022 à 19:36 GMT+2

MATCHES AMICAUX – Ancienne capitaine des Bleues, qui jouent ce vendredi (21h10) face au Viet Nam à Orléans, et joueuse cadre de Corinne Diacre, la milieue de terrain Charlotte Bilbault n’est pourtant pas la plus connue du grand public. Un standing loin de celui d’Amandine Henry, plus appelée en Bleues et dont elle a pris la place, non sans essuyer quelques critiques.

Malard, l'avenir de l'attaque bleue aux nattes rouges

Vendredi dernier, à Beauvais, les Bleues s’apprêtent à commencer leur match de préparation à l’Euro face au Cameroun (4-0). Avant que le coup d’envoi ne soit donné, les 11 titulaires se rassemblent en cercle au milieu de la moitié de terrain tricolore, pour écouter une joueuse, brassard au bras : Charlotte Bilbault. On ne sait pas ce que dit la milieue de terrain à ses partenaires, mais celles-ci acquiescent tour à tour, signe que le message de la Tricolore de 32 ans infuse.
Signe, aussi, que Bilbault s’est fait une place à part entière au fil des années dans cette équipe de France où, longtemps, peu auraient misé sur le fait de la voir aligner tant de sélections (44). Au contraire des Louisa Necib, Camille Abily, Gaetane Thiney ou Amandine Henry, ses glorieuses prédécesseuses dans l’entrejeu français, elle est moins connue du grand public, qui n’a pu que l’apercevoir 98 minutes (une titularisation plus une entrée en jeu, en phase de groupe), lors de la Coupe du Monde à domicile en 2019. Bilbault, ce n'est pas la joueuse à qui l'on va le plus réclamer un autographe, ou celle qu'on va le plus entendre dans les médias.
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Melvine Malard (à droite) aux côtés de Charlotte Bilbault.

Crédit: Getty Images

Amandine Henry, elle faisait partie des meilleures joueuses du monde à un moment, donc forcément c’est très difficile de comparer, quelle que soit la joueuse qui jouera à sa place
Ce qui explique parfois les critiques qui peuvent la viser, parmi les suiveurs de la troupe de Corinne Diacre, qui affrontera le Vietnam ce vendredi (21h10, à suivre sur Eurosport), au stade de la Source à Orléans. Car combler le vide laissé par Amandine Henry, exclue fin 2020 de l’équipe au blason frappé du coq, en raison de différends entre la Lyonnaises et sa sélectionneuse, n’est pas une mince affaire. Et depuis qu’elle a repris le poste de la fille aux 13 titres de champion de France et aux 7 Ligue des champions avec l’OL, elle n’échappe pas aux comparaisons, et aux piques.
Une situation qui désole Camille Abily : "Déjà, elle n’y est pour rien elle", pose l’ancienne taulière des Bleues, désormais entraîneure adjointe chez les Fenottes. "Ce n’est pas évident d’être à sa place parce que c’est un vrai soldat, une joueuse qui donne tout, qui a beaucoup d’énergie. Maintenant, Amandine Henry, elle faisait partie des meilleures joueuses du monde à un moment, donc forcément c’est très difficile de comparer, quelle que soit la joueuse qui jouera à sa place. C’est comme lorsque, auparavant, on voulait comparer certaines joueuses à Louisa Necib".
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"Hargneuse" sur le terrain, Charlotte Bilbault est aussi décrite comme "une fille bonne vivante, qui aime bien plaisanter et rigoler", par Eve Perisset

Crédit: Getty Images

"Ce qui est certain, c’est qu’Amandine Henry est une très bonne joueuse avec beaucoup d’expérience, et on connaît son talent, ajoute Yannick Chandioux, qui se réjouit d’entraîner, la saison prochaine, Charlotte Bilbault, qui a signé à Montpellier à quelques semaines du début de l’Euro. Après qu’Henry soit une bonne ou une grande joueuse n’empêche pas non plus Charlotte d’être une bonne et une grande joueuse. Je pense que c’est un faux problème. Peut-être que les deux auraient pu jouer ensemble dans un 4-2-3-1 en équipe de France, mais c’est un choix de Corinne (Diacre)".
Toute personne a des avis et des choix différents, le plus important c’est d’échanger. L’image de l’équipe de France est la plus importante
Car la sélectionneuse, en se privant de l'ancienne joueuse des Portland Thorns, a mis indirectement la pression sur sa remplaçante, a qui elle a aussi confié le brassard pendant près d’un an, avant de le redonner à Wendie Renard en septembre 2021. Ce qui n'empêche pas la numéro 14 de l'équipe de France de le reprendre, quand la défenseure n'est pas sur le terrain, comme vendredi dernier. Dans une atmosphère post-Mondial très pesante, émaillée de nombreuses tensions, Bilbault a d’abord dû s’atteler à ramener un peu de sérénité à un groupe marqué par une compétition loin de ses ambitions : "J’ai fini avec le brassard, j’en suis très contente. Je n’ai pas de position à avoir, je suis simple joueuse de l’équipe de France. J’ai été appelée par le staff. Mon travail c’est d’apporter ce que je sais faire sur le terrain. Toute personne a des avis et des choix différents, le plus important c’est d’échanger. L’image de l’équipe de France est la plus importante", rappelait-elle peu après sa prise de pouvoir dans l’entrejeu, fin 2020.
Il faut dire que, d’après tous les interlocuteurs interrogés, ce rôle de rassembleuse semble lui sied à merveille. "C’est quelqu’un qui ne lâche rien, qui a la hargne et qui répond toujours présente dans les duels, décrit Eve Perisset, latérale droite des Bleues, titulaire avec Bilbault lors du match face aux Lionnes Indomptables. S’il faut aller à la guerre avec elle, on sait qu’on peut y aller, elle sera toujours avec nous à nos côtés", poursuit la nouvelle joueuse de Chelsea, qui parle aussi, hors des terrains, d'une "fille bonne vivante, qui aime bien plaisanter et rigoler".
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Charlotte Bilbault avec le maillot de l'équipe de France - Février 2022

Crédit: Getty Images

"Une gagneuse, c’est sûr, une compétitrice, oui, avec cette envie de gagner et de tirer le groupe avec elle, c’est ce qui se dégage en premier", complète Yannick Chandioux, qui rajoute, lorsqu’on lui demande pourquoi il voulait la faire venir au MHSC : "Je trouve que c’est une joueuse très intéressante par rapport à son profil athlétique et son volume de jeu au milieu. Son caractère aussi m’intéresse, j’ai besoin de caractère dans mon équipe et ça, elle va vraiment nous l’apporter".
Abily, qui a pu la croiser à Clairefontaine, quand, alors déjà bien installée dans le groupe France, elle a vu Bilbault y arriver en 2015, parle également de son côté d’"une fille de caractère qui, comme sur le terrain, ne se laisse pas faire. C’est pour ça que ce n’est pas évident d’être à sa place, parce que l’absence d’Amandine Henry a fait beaucoup parler, et quand on joue à son poste ce n’est pas simple". Eve Perisset rejoint les propos de celle qui officiera comme consultante pour TF1 pendant la compétition : "C’est difficile, quand on est joueuse, d’être tout le temps comparée à une autre. Amandine et Charlotte ont deux profils différents, donc c’est dur de comparer les deux, chacune a ses qualités".
Et quand certains pointent son manque de vécu au plus haut niveau, notamment en Ligue des champions où Henry a encore brillé cette année en finale avec un but fantastique, Perisset, ancienne coéquipière de Bilbault pendant deux saisons, à Bordeaux, qu’elles avaient réussi à hisser à la troisième place du championnat en 2021, désapprouve encore : "Charlotte, ça fait quelques années qu’elle est en sélection donc elle a aussi de l’expérience".
"Je sais qu’elle a confiance et qu’elle va tout donner. Elle est très généreuse dans l’effort, elle a des qualités différentes et ça c’est le choix de Corinne", tempère Abily, 183 capes en Bleues. Un choix que Diacre a toujours assumé, elle qui en a fait un de ses pièces maîtresses, tant dans le groupe, donc, que sur le terrain, où elle a titularisé l’ancienne de Juvisy lors de 10 des 12 derniers matches des coéquipières de Marie-Antoinette Katoto. Bilbault n’a d’ailleurs manqué qu’un rassemblement depuis septembre 2019. C’était en avril 2021, en raison d’une blessure à un genou qui l’avait obligée à se faire opérer.
Elle a hâte de montrer qu’elle a le niveau, tout simplement. Et quand on est athlète de haut niveau, ça fait partie du job, il faut répondre
Bilbault souffre, aussi, d’un rendement bien inférieur à Henry devant le but. Avec une seule réalisation dans sa carrière en A, elle compte 12 unités de moins que la Lyonnaise, qui a honoré, toutefois, 49 sélections de plus. Pour la Barangeonnaise, cet Euro, et la possibilité de faire enfin franchir à la France le cap des quarts de finale, plus atteint depuis le JO de Londres en 2012, peut donc sonner comme une revanche. "Elle a hâte de montrer qu’elle a le niveau, tout simplement, assure Camille Abily. Et quand on est athlète de haut niveau, ça fait partie du job, il faut répondre. On disait souvent qu’on était championne du monde des matches amicaux, mais dans les matches officiels, on n’a pas réussi à le faire, donc j’espère que cette génération y arrivera dès cet été".
"Ce qu’elle dégage est intéressant pour le groupe et pour l’équipe. Elle va certainement rendre service à l’équipe de France dans quelques semaines et c’est vraiment une bonne chose, veut croire de son côté Yannick Chandioux. Et je pense que sa carrière est loin d’être terminée malgré le fait qu’elle ait passé la trentaine". Libérée, enfin, du poids des attentes et des critiques qui l’accablent ? Réponse cet été.
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Charlotte Bilbault est souvent louée pour son volume de jeu au milieu de terrain

Crédit: Getty Images

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