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Le projet sportif d'Arsenal : Par où commencer ?

Philippe Auclair

Mis à jour 25/06/2020 à 21:02 GMT+2

PREMIER LEAGUE - Dans sa chronique, Philippe Auclair dresse le bilan peu reluisant de la saison décevante d'Arsenal. Selon lui, la situation commence à devenir inquiétante pour les Gunners. Alors, par où commencer pour aborder le cas du club Londonien ?

Mesut Özil

Crédit: Getty Images

Par l'implosion de David Luiz contre Manchester City ? Ou sa prolongation de contrat d'un an ?
Les blessures de Granit Xhaka, Pablo Mari et Bernd Leno, Sokratis et Lucas Torreira ? J'allais oublier celle du jeune Martinelli, subie à l'entraînement ce lundi, et que l'on dit sérieuse. La saison 2019-20 serait finie pour lui.
Un bilan de zéro point sur six depuis la reprise, quand trois paraissaient acquis contre Brighton, et que le prochain adversaire est Southampton, qui s'est imposé 3-0 à Norwich ?
Les dérapages, verbaux et autres, d'un fort en gueule nommé Matteo Guendouzi, en train d'oublier son football alors qu'il n'avait pas fini de l'apprendre ?
Le hashtag #ArtetaOut - mais si, mais si - qui fait son apparition sur Twitter ?
Tous ces points de départ seraient légitimes, en ce qu'ils sont tous signes, signifiants et signifiés du mal-être qu'Arsenal continue de vivre sans savoir comment s'en débarrasser, qui est devenu seconde nature à ce point que certains s'y complairaient presque. C'est une forme d'identité, après tout. Arsenal will Arsenal. De même que le scorpion pique à mort la grenouille qui l'emmenait sur son dos de l'autre côté du fleuve et se condamne ainsi à la noyade ('pardon, je suis fait comme ça, je ne peux pas faire autrement'), Arsenal ne peut pas s'empêcher d'être Arsenal. Le moment où ses supporters sentent le fluide glacé de la peur gagner leurs membres est celui qui, pour d'autres, serait celui de la délivrance. Mon Dieu, Pépé a marqué. On va s'en prendre un, garanti, probablement sur un coup de pied arrêté. Et on en prendra un autre derrière, de préférence en toute fin de match. C'est fait. Je vous l'avais dit.
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Matteo Guendouzi et Neal Maupay échangent des mots doux lors d'Arsenal-Brighton

Crédit: Getty Images

Özil, David Luiz...

On dira qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil qui n'en finit pas de se coucher sur l'Emirates, un stade où il a rarement brillé de tous ses feux. Il y a six mois de cela, j'écrivais ici même une chronique sur ce sujet, dont je ne changerais pas une virgule aujourd'hui, mais à laquelle on peut malgré tout ajouter quelques paragraphes au vu de la cascade d'incidents tragi-comiques qui a marqué le redémarrage de la saison des Gunners. Là aussi, le choix est vaste.
C'est à peine si l'on ose toucher au sujet de Mesut Özil, qui a un encore un an de contrat à honorer, si c'est le mot, quasiment invendable, qu'on croyait avoir trouvé un nouveau souffle après le départ d'Unai Emery, et dont la présence régulière - comme titulaire - au sein du onze de Mikel Arteta avait contribué à stabiliser le patient, si ce n'est à le guérir. On se trompait. Laissé de côté pour le déplacement à l'Etihad, laissé sur le banc à Brighton, le joueur qui devrait être une solution est redevenu un problème qui coûte £350 000 par semaine à son club et des maux de tête à n'en plus finir à son entraîneur.
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Après Özil, David Luiz : Arsenal traîne ses boulets

Pour ne rien arranger, il était apparemment l'un des deux joueurs qui avaient séché un team meeting organisé sur Zoom par Arteta durant le confinement, et l'un des trois qui avaient refusé de baisser leur salaire pour la durée de la pandémie, ce pour quoi on doit ajouter qu'il avait ses raisons : il désirait connaître l'usage qui serait fait des économies ainsi réalisées.
Mais Özil, d'une certaine façon, et c'est là un ressenti personnel qu'on n'est pas forcé de partager, appartient déjà au passé des Gunners. Il avait été un porteur d'espoir à son arrivée à l'Emirates, une de ces recrues-symboles censées prouver qu'Arsenal entendait bien revenir dans la cour des Grands d'Angleterre, voire d'Europe. Les fans avaient dansé dans les rues de Highbury et Islington lorsque la nouvelle avait été annoncée le 2 septembre 2013, il y aura bientôt sept ans de cela. A trente-et-un ans, il est la Rolls qu'on ne sort plus du garage, mais qui, à chaque fois qu'on remonte le rideau et la voit, rappelle le temps qu'on était riche, le temps qu'on était beau. Ce temps-là est passé, et pas d'hier.

Malchance, incompétence ?

Ce qui en subsiste est malaisé à décrire. Le nouveau régime en place, dont on espérait qu'il fît oublier les dernières années de l'ère gazido-wengerienne, les ferait presque regretter. Raul Sanllehi, directeur du football, Edu, l'Invincible devenu directeur sportif et le super-agent Kia Joorabshian entretiennent des relations un peu trop étroites pour le goût de certains. David Luiz, soi-disant 'agent libre', aurait finalement coûté 24m£, dont le quart aurait fini dans les poches d'intermédiaires. Et pendant ce temps, le contrat de Bukayo Saka, la révélation de cette saison, n'a toujours pas été prolongé.
Les histoires qui filtrent presque quotidiennement du vestiaire ne sont pas plus rassurantes. Malchance, incompétence ? La distinction est parfois difficile à faire. Un exemple : n'ayant pas d'endroit où faire halte avant leur match à l'Eitihad, Arsenal ne s'envola de Londres que trois heures avant le coup d'envoi du match contre City - et revint via l'aéroport de Liverpool. On ne s'y serait pas pris autrement si l'on s'était dit d'emblée: de toute façon, contre City, c'est cuit.
Le maudit virus s'en mêle aussi. A en croire les informations de The Athletic, la semaine précédant le déplacement à Manchester, un des joueurs de Mikel Arteta avait été testé positif au COVID-19 et placé en quarantaine, tous comme deux de ses coéquipiers qui étaient demeurés en sa compagnie rapprochée au delà des quinze minutes prescrites par le protocole draconien de vigueur en Premier League. Mais aucun des joueurs concernés ne présentait le moindre symptôme, et le club procéda donc à de nouveaux tests pendant le week-end, qui s'avérèrent fort heureusement négatifs. Les joueurs purent donc reprendre l'entraînement le mardi après-midi, mais seulement après avoir manqué quatre jours de préparation avant leur match contre le champion en titre.
Le virus va jouer un autre tour aux Gunners, beaucoup plus grave celui-là, dont les séquelles n'ont pas fini de se faire sentir. Aucun club de Premier League - aucun grand club européen, en fait - ne dépend à ce point des recettes enregistrées les jours de match que lui : 25% de ses revenus globaux en découlent, contre, par exemple, 14% pour la Juventus ou 10% pour Manchester City. Déjà que les finances du club n'étaient plus si flamboyantes que cela, et qu'il venait de quitter le Top 10 de la Deloitte Rich List...
Alors, par où commencer ? Je serai bien incapable de vous le dire. Et où cela finira aussi.
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Alexandre Lacazette

Crédit: Getty Images

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