Supercoupe d'Italie - AC Milan - Inter Milan : Romelu Lukaku, une crise sans fin

Il y a des saisons, comme ça, où tout commence mal, se poursuit mal, et se termine souvent mal. C'est probablement la pensée qui habite actuellement Romelu Lukaku à mi-chemin de l'exercice 2022-2023, censé être celui de son grand pardon du côté de l'Inter Milan, qu'il avait quittée en août 2021 contre 115 millions d'euros pour retourner à Chelsea. Une "erreur" selon ses dires et, même s'il essaie de l'oublier, ses traces en sont toujours visibles. Six mois après son retour en Lombardie, il ne reste plus grand-chose de l'attaquant qui martyrisait les défenses italiennes lors de ses deux années sous Antonio Conte. Plus que les buts (2 en 7 matches toutes compétitions confondues), l'ancien attaquant des Blues collectionne les blessures, les absences et les interrogations, forcément. Soit tout ce qu'il avait su éviter lors de sa période dorée en nerazzurro, conclue par un Scudetto mérité en 2020-2021.

Près de deux ans plus tard, c'est comme si tout le petit monde de "Big Rom" avait disparu. A la mi-saison, le Belge ne compte que 354 petites minutes au compteur. Autant dire des miettes. Si tout avait bien commencé avec un but dès son premier match à Lecce, la suite a été beaucoup plus difficile. Très vite en proie à des soucis physiques, Lukaku s'était fixé l'objectif de disputer la Coupe du monde avec la Belgique malgré une course contre la montre mal embarquée. Mission réussie, mais Mondial raté. A l'image de son équipe, il a complètement sombré avec, en point d'orgue, une entrée calamiteuse dans le match décisif contre la Croatie, marquée par ses ratés et les larmes qui en découleront. Pour se remettre de cet échec, collectif comme personnel, Lukaku décidera de se remettre rapidement au travail avec son club. Pour oublier, déjà. Et tenter de reprendre la saison par le bon bout.

Titulaire pour le choc face au Napoli (1-0) dès la reprise le 4 janvier, le Belge dispute soixante-quatre minutes convaincantes, applaudi par les tifosi au moment de sa sortie. De quoi marquer enfin un nouveau départ ? Pas vraiment. Entré en jeu face à Monza (2-2) trois jours plus tard, il rate absolument tout, de ses contrôles à ses passes. En toute fin de match, l'une de ses erreurs va même provoquer un sourire à Edin Dzeko, son coéquipier, alors sur le banc. Il sera de courte durée, puisque Monza égalisera dans la foulée. "Il rate tout ce qu’il y a à rater. Il ne réussit même pas un contrôle et gâche deux contres alléchants : le stade est quasi incrédule", écrira La Gazzetta dello Sport le lendemain, le créditant de la note de 4.

"Il a encore besoin de temps, constatait Simone Inzaghi, son entraîneur, après la rencontre. Il a été bon face au Napoli, un peu moins aujourd'hui." "Ce soir-là, son niveau était proche du zéro, déplorait le journaliste et tifoso Fabrizio Biasin. Pour le revoir en forme, il va falloir attendre qu'il soit à 100%. S'il ne l'est pas, c'est plus compliqué." Comme si cela ne suffisait pas, une inflammation du genou va lui être détectée dans la foulée, lui faisant manquer les matches face à Parme en Coupe d'Italie mardi dernier, puis contre l'Hellas Vérone samedi en championnat.

"Il a eu une blessure très sérieuse, regrettait Simone Inzaghi la semaine passée. Romelu a eu des difficultés à la gérer. Il était bien revenu contre Naples, puis il a été limité par ce problème face à Monza. S'il se sentait bien, il nous aurait apporté ces points qui nous manquent en Serie A. Maintenant, il va s'entraîner individuellement pour se remettre et revenir le plus vite possible." À temps pour la finale de la Supercoupe d'Italie, mercredi, face à l'AC Milan ? "Il s'est entraîné partiellement avec le groupe lundi, a annoncé le technicien milanais. Mon espoir est qu'il puisse travailler sans aucune douleur, ce qui n'est pas arrivé depuis Parme. S'il ne parvient pas à revenir mercredi, on espère l'avoir contre Empoli lundi."

Officiellement, l'Inter ne regrette pas son retour l'été dernier, surtout à des conditions aussi avantageuses (un prêt payant d'environ 8 millions d'euros). "On l'a voulu de toutes nos forces", témoignait Inzaghi en conférence de presse mardi dernier. Mais au vu de son rendement, la question de la l'extension de son prêt se pose. Selon La Gazzetta dello Sport, la direction de l'Inter attend désormais un rebond de son attaquant d'ici à la fin de saison. "Actuellement, il n'est pas au niveau de l'Inter (...) Le club s'interroge sur la suite à donner", pouvait-on lire dans l'édition du quotidien lombard le 9 janvier dernier. Les statistiques entre sa saison 2020-2021 et 2022-2023 sont sans appel :

"Il est encore possible de revoir le Lukaku de l'époque, a estimé Jürgen Klinsmann, ancien joueur du club, mardi. Il a eu trop de problèmes et s'il n'est pas à 100% avec son physique, il a du mal. Pour l'instant, il n'a jamais été au top, en plus de devoir gérer une grosse déception avec la Belgique durant le Mondial. Mais la balle est dans son camp : il doit faire plus, et il a le devoir de marquer et rendre heureux ses tifosi." "On attend qu'il revienne en forme", a confirmé de son côté Giuseppe Marotta, l'administrateur délégué des Nerazzurri.

En coulisses, on assure que toute décision concernant son avenir "est programmée en fin de saison", mais que l'idée initiale du club est bien de prolonger le prêt de "Big Rom". De toute façon, Chelsea n'en veut plus. Et lui ne veut plus de Chelsea. Mais s'il souhaite rester à l'Inter, le Diable Rouge va devoir donner un signe de vie, et rapidement. Au risque de devoir faire un nouvel aller pour Londres l'été prochain, mais cette fois sans retour.