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Supercoupe d'Europe, Chelsea-Villarreal (1-1, 6-5 tab) - Tuchel a fait une Van Gaal : Mendy et Kepa, héros à leur façon

Alexandre Coiquil

Mis à jour 12/08/2021 à 09:32 GMT+2

SUPERCOUPE D'EUROPE - Thomas Tuchel a réussi son pari. Alors que Chelsea filait vers la séance de tirs au but face à Villarreal (1-1), mercredi soir, à Belfast, le technicien allemand a décidé de sortir son gardien, Edouard Mendy, pour faire entrer Kepa Arrizabalaga, qui disposait des meilleurs chiffres dans l'exercice. Résultat : le Basque, en difficulté, a donné la victoire aux siens.

Kepa portato in trionfo dai suoi compagno di squadra dopo i rigori in Supercoppa europea 2021 - Chelsea-Villarreal - Imago pub only in ITAxGERxSUIxAUT

Crédit: Imago

Il fallait l'oser celle-là. Alors, Thomas Tuchel l'a osée. Toujours imprévisible, le manager allemand de Chelsea s'est risqué à un pari de management qui s'est transformé en poker gagnant, mercredi soir à Belfast lors de la Supercoupe d'Europe face à Villarreal.
Alors que son équipe et le club espagnol filaient vers une inéluctable séance de tirs au but, après un match très agréable où chacun avait eu ses moments forts, l'Allemand a décidé de mettre toutes les chances du côté de son groupe pour l'emporter en faisant le pari de faire entrer Kepa Arrizabalaga à la 119e minute, à la place d'Edouard Mendy, pourtant auteur d'un excellent match, afin de laisser le grand espagnol se déployer lors de la séance de tirs au but.
Bien lui en a pris, car le coup a marché. Et la victime a bien pris la chose, ce qui n'est pas toujours une assurance, tant le management des joueurs professionnels est complexe. C'est bien le portier basque qui a offert la victoire aux siens en stoppant le penalty de Raul Albiol alors que le Sous-marin Jaune tentait de recoller à 6-6 lors de cette séance productive. Quelques minutes avant, il avait détourné celui d'Aïssa Mandi. S'il n'a pas tout stoppé, le Basque a toujours fait peser la menace avec sa grande carcasse et son jump sur la ligne.

Mendy : "C'était un scénario auquel j'étais prêt"

Vexé alors, Edouard Mendy ? Pas du tout, au contraire. Sa sortie à la 119e minute, juste avant une séance de tirs au but, était un scénario auquel il avait été préparé par Thomas Tuchel depuis bien longtemps. "Comme je l'ai toujours dit, on est un groupe, chacun joue sa partition. Moi, j'ai fait ma partition dans le match. Je savais depuis l'année dernière, comme l'avait dit le coach, que selon les événements, les circonstances, s'il y avait une séance de tirs au but, Kepa était susceptible d'entrer ou Willy Caballero l'année dernière. C'était un scénario auquel j'étais prêt", a révélé l'ancien portier du Stade Rennais à Canal +.
Le Français a ensuite insisté sur la notion de collectif instaurée depuis la prise de fonctions de Tuchel en janvier dernier. Bloc-équipe compétitif, Chelsea est soudé. "Et comme je l'ai dit, Kepa a apporté sa contribution à l'équipe pour la victoire. Donc c'est vraiment un travail d'équipe et on a pu le voir aujourd'hui. On essaye d'être dans un bon soir tous les week-ends. On a fait une bonne pré-saison, j'ai fait une bonne pré-saison, je me sens bien physiquement et mentalement. On est restés soudés et les entrées en jeu nous ont fait du bien."

Sept ans après Van Gaal, Tuchel a lui fait confiance aux datas

Pourquoi Kepa au juste ? Le natif d'Ondarroa n'avait pas un taux de réussite exceptionnel dans l'exercice avec 5 penalties stoppés sur 22. Mais ça, c'était juste en match. A Chelsea, c'est bien lui qui avait les meilleures datas sur l'exercice dans sa globalité. "Ce n'était pas une décision spontanée ! Nous avions plusieurs statistiques, nous étions bien préparés et Kepa avait le meilleur pourcentage pour stopper les tirs au but", a expliqué un Tuchel méthodique à BT Sport.
"Les gars chargés de l'analyse et les entraîneurs des gardiens m'ont montré et expliqué les datas, puis nous en avons parlé avec les gardiens, nous avons expliqué qu'un tel scénario pourrait arriver", a-t-il ajouté. "Cela a donc confirmé que Kepa est bien meilleur dans cette discipline. Je suis heureux pour lui et Eddy, ce sont des vrais joueurs de collectif."
Impossible, évidemment, en évoquant le coup de Tuchel de ne pas penser à celui de Louis van Gaal. Le Nerlandais avait frappé plus fort encore en effectuant le changement Tim Krul - Jasper Cillessen lors du quart de finale de la Coupe du monde 2014 entre les Pays-Bas et le Costa Rica. Pour le clin d'oeil : Krul avait détourné deux tirs au but des Costariciens, comme Kepa à Belfast, et participé à la qualification de sa nation en demi-finale.
Dans celle-ci, Van Gaal n'avait pas refait le coup et les Oranje s'étaient inclinés aux tirs au but face à l'Argentine (0-0, 2-4 tab). Avec Jasper Cillessen dans la cage. Sept années ont passé et l'actuel portier de Valence n'est toujours pas un spécialiste des penaltys et autres tirs au but.
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Jasper Cillessen remplacé par Tim Krul lors du quart de finale Pays-Bas - Costa Rica lors du Mondial 2014

Crédit: Getty Images

Kepa, c'est l'histoire d'une longue descente aux Enfers

Derrière la belle histoire Kepa, il y en a aussi une moins belle, celle d'un gardien en échec et en totale perte de confiance. Arrivé en 2018 en provenance de l'Athletic Club, après paiement de sa clause, soit 80 millions d'euros, alors qu'il était titulaire indiscutable à San Mamés, et proche de devenir le futur n°1 de la sélection espagnole, le Basque s'est perdu à Londres.
Après deux années comme titulaire, avec des performances en chute libre lors de l'arrivée de Frank Lampard en 2019, le joueur de 26 ans est passé de grand espoir au poste à numéro 2 après l'arrivée d'Edouard Mendy. La saison dernière, il n'a disputé que 14 rencontres, dont 7 en PL et 1 en Ligue des champions.
Il y a quelques jours, avant le début de la saison, Kepa Arrizabalaga, de son nom entier, s'était confié au site The Player's Tribune sur sa traversée du désert débutée dès sa première saison, où il s'était fait remarquer justement pour avoir refusé de sortir... juste avant une séance de tirs au but en finale de la League Cup face à Manchester City, à cause d'un malentendu avec Maurizio Sarri concernant une blessure. Cet épisode de Wembley l'a envoyé tout en bas. Ce refus de sortir, il le regrette aujourd'hui, quiproquo ou non.
Ce chapitre et biens d'autres choses l'ont affecté moralement, notamment les abus sur les réseaux sociaux. "J’ai perdu confiance petit à petit et j’ai fini par commettre quelques erreurs. Je comprends et j'accepte les critiques, évidemment. On joue toujours avec la pression au-dessus de nous. Vivre avec les commentaires négatifs fait partie du métier. Mais parfois, ça va trop loin. Dire qu’un joueur a commis une erreur, c'est ok. Mais quand vous voulez seulement blesser, ou seulement écrire des mensonges qui n'ont rien à voir avec le football, vous franchissez la ligne. Il devrait y avoir une limite, non ?", expliquait-il dans sa tribune.
J'espère que je pourrai célébrer plus de titres avec mon équipe
Dans celle-ci, il évoquait également sa situation à Chelsea, où il n'est désormais qu'une doublure, même depuis l'arrivée de Thomas Tuchel. S'il se sent bien physiquement et mentalement après les derniers mois compliqués, il souhaite rebondir. "Je suis convaincu que je suis un meilleur gardien qu’il y a deux ans. J’aimerais avoir plus de temps de jeu, bien sûr. Je mentirais si je disais que j’étais content de ma situation actuelle. Mais je respecte les décisions du coach. Je comprends qu’il y a des coéquipiers qui travaillent bien, que l'équipe a des résultats, c’est le plus important."
Comme Mendy, Kepa a aussi évoqué la force du collectif des Blues en prenant lui sa plume. Une force qui mène à tout et qui a été le principal moteur de la victoire contre Manchester City en finale de la Ligue des champions à Porto le 1er juin dernier, avant de l'être en Irlande du Nord. Quant à sa situation, le Basque se posait évidemment des questions il y a quelques jours, lui qui a gardé une belle côte en Espagne. Mais tout cela passera par du travail et de la résilience.
"Que se passera-t-il à l’avenir ? Personne ne le sait. Je suis très heureux à Londres et j’espère que je pourrais célébrer plus de titres avec mon équipe", écrivait-il presque prophétiquement. "J'espère que les gens arriveront à me connaître vraiment. J'espère qu'avec le temps, on se souviendra de moi comme d'une personne qui a fait le maximum pour aider ses coéquipiers et son équipe. Au final, je suis là pour ça."
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Chelsea célèbre son succès en Supercoupe d'Europe

Crédit: Imago

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