Formule 1 - Vie et mort du "Shoey", popularisé par Daniel Ricciardo

GRAND PRIX D'AUSTRALIE - Coutume relativement répandue aux Antipodes, importée et popularisée par Daniel Ricciardo, le "shoey" est aujourd'hui un mini-spectacle des podiums en voie de disparition. Parce que le pilote australien a quitté la grille. Mais aussi parce que le phénomène a fini par devenir un produit marketing. Pas sûr qu'il obtienne une seconde vie.

Le "Shoey" de Daniel Ricciardo, avec Lewis Hamilton, sur le podium du Grand Prix d'Emilie-Romagne, le 1er novembre 2020

Crédit: Getty Images

C'était il y a tout juste un an moins un mois. À Imola, Max Verstappen s'imposait devant son coéquipier Sergio Pérez. Red Bull n'avait plus réussi le moindre doublé depuis plus de six ans, une époque où le brillant Daniel Ricciardo était capable de faire de l'ombre au prodige néerlandais. Christian Horner, boss de l'écurie, prenait la radio pour féliciter son champion : "C'est le premier 1 et 2 depuis Daniel et toi, soulignait-il.- Oui, ça faisait un moment. Checo a fait un super job, lui répondait le Néerlandais.- Fais juste attention à ne pas boire dans sa botte !"
Le dirigeant faisait alors référence au "shoey", tradition importée par Daniel Ricciardo en Formule 1, qui consiste à fêter les podiums en s'abreuvant à l'aide de sa botte. Le pilote au plus grand sourire avait justement lancé la coutume en 2016, en Allemagne, avant de la rééditer lors de la plupart de ses montées sur la boîte.
Nico Rosberg, Lewis Hamilton, Lance Stroll mais aussi Mark Webber ou les acteurs Gerard Butler ou Patrick Steward, tous ont eu le "malheur" de "partager une chaussure" avec l'Australien. "Ça hante encore aujourd'hui" écrivait avec humour le septuple champion du monde sur Instagram l'année dernière.
Incarné par un personnage populaire, l'événement a fini par devenir un petit spectacle dans le grand show. "Désormais, les fans m'interpellent n'importe où pour me demander un 'shoey', révélait Ricciardo en 2018 lors d'un événement organisé par la F1. Mais il ne m'arrive jamais de retirer ma chaussure pendant une marche pour boire dedans. J'ai l'impression d'être pris à mon propre piège désormais."
Les promoteurs américains de la F1, eux, ont adoré. À tel point que la Formula One Licensing - la branche commerciale de la F1 - a déposé la marque dès juillet 2017 dans plus d'une vingtaine de pays et dans certains domaines : flacons, verres, bouteilles, mugs, sculptures ou encore figurines. L'opportunisme à son paroxysme.

Produit marketing

"Est-ce que je peux toujours faire cela, où vont-ils me mettre une amende à chaque fois ?, s'était alors interrogé l'ancien pilote Red Bull. Dans tous les cas, je trouverai une solution. Je mettrai le champagne dans mon casque !" Ricciardo n'avait pourtant jamais caché s'être inspiré des "Mad Hueys", un groupe populaire australien de pêcheurs et de surfeurs ayant fait du shoey une coutume dès le début du siècle. Groupe dont la femme de l'un des membres, Korinne Harrington, a eu la bonne idée de déposer la marque pour les vêtements... tout juste un mois avant la F1.
Bref, le shoey a peu à peu déserté les podiums en même temps que Daniel Ricciardo pour devenir un produit marketing. "Banana Dan", grand amateur - et producteur - de vin, a commercialisé un décanteur à la forme de sa botte. Il y a un an, il avait confié rêver de décrocher un podium à domicile, en Australie, pour partager un "shoey" avec des milliers de spectateurs. Il a finalement été contraint de quitter la F1.
La tradition, elle, survivra ailleurs, notamment avec Jack Miller en MotoGP. Pas certain qu'Oscar Piastri, élevé à Melbourne mais parti en Grande-Bretagne à l'âge de 14 ans, soit imprégné du phénomène. Pour l'heure, il est de toute façon difficile de l'imaginer sur un podium.
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