Formule 1 | Fernando Alonso (Aston Martin), drôle de décision au Grand Prix d'Espagne

Les Espagnols avaient vu des signes partout. Le 33e Grand Prix disputé à Montmelo, le box n°33 occupé par Aston Martin, les 33,33% de participation de leur idole à l'ensemble des Grands Prix organisés dans toute l'histoire de la F1… Bref, tout semblait indiquer, à leurs yeux, que Fernando Alonso décrocherait le tant attendu 33e succès de sa carrière chez lui, devant ses milliers de fans. Au lieu de cela, le double champion du monde a vécu le moins bon week-end de sa saison. Sur le fond comme sur la forme.

Le Taureau des Asturies s'est rendu la tâche difficile samedi, en qualification, une sortie de piste abîmant son fond plat et l'éloignant des deux premières lignes sur la grille de départ (8e). "A Miami, nous ne visions pas le podium, mais nous l'avons obtenu grâce à une bonne qualification, a-t-il raconté après coup. Nous avons décroché beaucoup de podiums grâce à de bonnes qualifications. Mais ici, nous avons vécu un mauvais samedi…". Résultat : "Nando" n'a finalement gagné qu'une position sur l'ensemble du Grand Prix, avec une septième place à l'arrivée.

S'il n'était effectivement pas en mesure de rivaliser avec les Mercedes et Carlos Sainz (Ferrari), l'Espagnol aurait tout de même pu décrocher deux points supplémentaires. Mais alors qu'il était beaucoup plus rapide que son coéquipier Lance Stroll dans le dernier tiers de course, après avoir chaussé des pneus "dur", Alonso a décidé de rendre les armes.

"Dites à Lance de ne pas s'inquiéter, a-t-il lancé à la radio à quelques tours de l'arrivée, alors qu'il était revenu dans les échappements du Canadien. Je veux juste créer un écart avec les voitures derrière, en cas de pluie." Drôle de message pour un drôle d'animal comme lui. On a même cru au bluff.

Mais l'aîné des pilotes a bien tenu parole et a choisi de rester fidèle à sa stratégie de chouchoutage de Lance Stroll, qui ne lui ressemble pourtant pas et dont il faut douter de l'intérêt, si ce n'est de plaire au papa et patron de l'écurie. Elle tranche en tout cas avec son entreprise de déstabilisation d'Alpine qu'il n'a pas délaissée samedi, en qualification, puisqu'il s'est empressé de saisir sa radio pour réclamer une pénalité pour Pierre Gasly après une action qui ne le concernait absolument pas.

L'Espagnol en veut beaucoup à l'écurie sans laquelle il n'aurait jamais connu cette deuxième vie. Dans "Drive to Survive", la série à succès de Netflix, il s'était réjoui d'être le "Bad Guy". Chez Aston Martin, il a choisi d'être le "Good Boy" quitte à modérer ses ambitions : ces deux points qu'il n'a pas souhaité aller chercher pourraient compter dans sa lutte avec Sergio Pérez (18 unités d'écart) et plus encore avec Lewis Hamilton (12), dont la performance du jour a encore démontré qu'il visait le Top 3 du championnat.

"Nous n'avions pas vraiment le rythme pour attaquer Lance à la fin, s'est-il défendu au micro de Canal+. J'étais deux dixièmes [plutôt trois en réalité, NDLR] plus rapide que lui, j'avais des pneus plus frais, mais c'était trop risqué de se rapprocher. Qu'on fasse 6e et 7e ou 7e et 6e, pour nous, c'est pareil." Ce choix fut en tout cas une aubaine pour Lance Stroll, qui n'avait encore jamais battu son coéquipier en course cette saison. Et qui, lorsqu'il a été interrogé sur la faveur que lui a accordée Alonso, a assuré qu'il n'aurait de toute façon pas été dépassé : "J'avais tout son contrôle."