Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Formule 1 - Max Verstappen, Sergio Pérez, la théorie du complot et l'implosion de Red Bull

Julien Pereira

Mis à jour 15/11/2022 à 09:28 GMT+1

​GRAND PRIX DE SAO PAULO - ​Les vives tensions qui ont opposé Sergio Pérez à Max Verstappen, pendant et après la course, ont démontré que leur compatibilité n'était peut-être pas aussi profonde qu'elle en avait l'air. La désobéissance du Néerlandais reposerait même sur une vieille rancœur contre son coéquipier. Désormais, la direction de Red Bull est confrontée aux limites de son management.

La raison inavouable pour laquelle Verstappen n'a pas voulu aider Pérez

Étrange impression que celle laissée par Red Bull à Interlagos. Dimanche, pendant et après un Grand Prix aux enjeux limités la concernant, l'écurie s'est donnée l'air d'une équipe en perdition, au bout d'une saison qu'elle a pourtant dominée de manière outrancière. Pour la firme autrichienne, la routine de succès n'a pas eu les mêmes effets vertueux que partout ailleurs. La faute, peut-être, à de récentes rancœurs. Mais aussi et surtout à une politique unique.
Max Verstappen, champion dont la quête du record ultime s'est envolée dans un incident avec Lewis Hamilton, n'a pas daigné rendre la position à Sergio Pérez avant de passer la ligne d'arrivée, et alors que Red Bull le lui en avait intimé l'ordre. La cinquième position n'avait pourtant pas de réelle valeur pour lui, contrairement au Mexicain et même à son équipe toute entière.
"Checo" lutte encore avec Charles Leclerc pour la deuxième place du championnat et arrivera à Abou Dabi, ultime Grand Prix de la saison, avec le même nombre de points que le Monégasque. L'écurie, elle, n'a jamais sécurisé les deux premières places d'un championnat du monde dans toute son histoire.

Des tensions qui remontent au Grand Prix de Monaco ?

Les propos des acteurs de cette déconfiture laissent avant tout transparaître que l'équilibre trouvé par la direction de l'équipe championne du monde était fragile. "Cela démontre qui il est réellement", a ainsi lâché Pérez à la radio, en connaissant exactement la portée et le poids de ce message.
Le Néerlandais, lui, est resté beaucoup plus flou sur le fond. Et franchement autoritaire sur la forme. "Je vous ai déjà expliqué, a-t-il rappelé après avoir été interrogé par son muret sur les raisons de sa désobéissance. Que les gars ne me demandent plus jamais ça. OK ? Sommes-nous clairs là-dessus ? J'ai donné mes raisons et je reste sur ça." Preuve, s'il en fallait, que le double champion du monde est l'indiscutable patron de l'entreprise.
Choyé depuis son arrivée en Formule 1, défendu même lorsqu'il était indéfendable, Verstappen profite pleinement, grâce à son statut, des conséquences de plusieurs années d'une politique aveuglée. Et s'il a refusé de délivrer publiquement les causes de son courroux, il n'a pas réfuté l'hypothèse d'une aigreur datant de la qualification du Grand Prix de Monaco.
picture

Entre Max Verstappen et Sergio Pérez, la tension est grandissante au sein de l'écurie Red Bull après le Grand Prix du Brésil (visuel : Marko Popovic)

Crédit: Marko Popovic

À l'époque, Sergio Pérez croyait fermement en ses chances de titre et n'avait pas encore paraphé son nouveau contrat chez Red Bull. Auteur du troisième temps, derrière les deux Ferrari mais devant son coéquipier, "Checo" avait provoqué un drapeau rouge annihilant les chances de pole position du Néerlandais. Délibérément ? La thèse semble difficile à défendre, compte-tenu des risques que cela aurait constitué pour le Mexicain.

Les risques d'une rupture définitive

Sur le moment, Verstappen s'était franchement agacé : "Ça devrait être interdit, avait-il soufflé à la radio. Sinon, il suffit de faire un bon tour et de se mettre dans le mur." Cette vieille frustration a-t-elle refait surface à São Paulo ? "Il n'est pas nécessaire d'en parler devant les micros, a temporisé le Néerlandais. Mais il est important d'en parler en équipe. Nous l'avons fait. Point final."
Depuis, plusieurs médias et journalistes proches du double champion du monde ont avancé que cet épisode était bel et bien à l'origine de la vengeance de "Super Max". La relation de façade, construite sur la défense de Pérez face à Lewis Hamilton lors du dénouement de la saison 2021, est désormais fissurée. Le Mexicain, résolu à faire le jeu de son coéquipier après les (grosses) mises au point publiques de Christian Horner et Helmut Marko, à la fin du printemps, a désormais la preuve que tout ce qu'il donne ne lui sera pas rendu.
picture

"Au Brésil, Mercedes dansait la samba !"

Difficile de ne pas imaginer, à court et moyen terme, un changement radical dans son attitude en piste. "Checo" avait eu besoin de la carotte d'un contrat de deux ans (jusqu'en 2024) pour accepter son statut de numéro deux. Red Bull va devoir trouver d'autres arguments pour remettre de l'huile dans les rouages.
Dimanche, après la course, Christian Horner a tenté d'apaiser la situation en assurant que tout serait mis en œuvre à Abou Dabi pour aider le pilote de 32 ans à décrocher la place de dauphin. Max Verstappen s'est lui aussi dit prêt à faire l'effort, tout en sachant pertinemment que la probabilité qu'un scénario similaire à celui d'Interlagos se répète lors de cet ultime rendez-vous est mince. Il faudrait donc une action marquante, digne de celle réussie par Pérez il y a un an, pour renouer le lien. Encore faut-il que le Néerlandais en ait véritablement envie.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité