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Comment Max Verstappen (Red Bull) a métamorphosé la Formule 1 depuis 2015

Julien Pereira

Mis à jour 18/11/2021 à 19:03 GMT+1

GRAND PRIX DE SAO PAULO - Depuis son arrivée en Formule 1 - et même avant - Max Verstappen a souvent mis la direction de course face à des dilemmes. Souvent à la limite en piste, parfois au-delà, le Néerlandais a entraîné certaines jurisprudences et considérablement influencé l'évolution des courses. Au Brésil, il a peut-être créé un nouveau précédent en défendant devant Lewis Hamilton.

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Verstappen, premier et dernier mineur en F1

Max Verstappen a changé les règles avant même de débarquer en Formule 1. En août 2014, alors qu'il n'a pas encore fêté ses 17 ans, le Néerlandais est promu par Toro Rosso pour la saison suivante, en remplacement de Jean-Eric Vergne. Et soulève, bien malgré lui, une première polémique. Au sein de plusieurs écuries, certains s'inquiètent du manque d'expérience du prodige batave et des éventuelles conséquences en piste, même si le fils de Jos Verstappen obtient sa super-licence - le "permis de piloter en F1" - de manière parfaitement régulière, en bouclant 300 kilomètres aux essais libres.
A la suite de cette levée de boucliers, la FIA annonce, quelques semaines plus tard, une modification à venir des conditions d'octroi de la super-licence. Le 3 décembre 2014, l'affaire est bouclée : le Conseil Mondial décide d'instaurer un âge plancher pour pouvoir bénéficier du précieux sésame. Désormais, les pilotes doivent être âgés de 18 ans et titulaires d'un permis de conduire. Mais le nouveau règlement entre en vigueur… en 2016.
Verstappen devient donc le plus jeune pilote de l'histoire du championnat et débarque sur les Grands Prix sur le siège passager d'une voiture. Il marque ses premiers points dès sa deuxième course. Mais il a l'interdiction de les fêter au champagne.

La "règle Max Verstappen"

Une deuxième règle, qui a même fini par porter son nom, a émergé un an plus tard. En 2016, en Hongrie puis en Belgique, le Néerlandais fait dégoupiller Kimi Raïkkönen après des défenses très agressives en piste. "Il allait sur la droite et est revenu sur la gauche au moment où j'y allais, lâche le Finlandais à la radio, en Hongrie. Il a brisé mon aileron." La tension monte encore d'un cran face à la presse. "Ah, vous avez entendu Kimi parler à la radio ? C'est bien", ironise Verstappen. "Certains ont été pénalisés pour moins que ça", balance "Iceman".
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Chiffres, style, confrontations… : Verstappen vs Hamilton, qui "mérite" d’être champion ?

Au Grand Prix des Etats-Unis suivant, la FIA pense résoudre le problème. Avec la "règle Verstappen", les pilotes ont désormais l'interdiction pure et simple de changer de direction durant les phases de freinage. Mais la décision ne fait pas l'unanimité. "Depuis le début de ma carrière, la règle a toujours été la même, souffle Hamilton à Autosport. Ce ne sont que les nouveaux, qui sont arrivés et qui ne l'ont pas suivie." Ironie de l'histoire : Ferrari est la première à en faire les frais.
Au Mexique, Sebastian Vettel est pénalisé pour une défense jugée trop musclée… Après des semaines de polémiques, la règle est finalement amendée pour redonner plus de liberté aux pilotes. Dès 2017, à Melbourne, chaque action est, de nouveau, jugée au cas par cas. "Maintenant, la règle est simple : un pilote ne sera sous enquête que s'il bouge de manière erratique ou s'il met en danger un autre pilote", rassure alors Charlie Whiting, directeur de course de l'époque.

Plus d'agressivité en piste

Limité défensivement, Verstappen a repoussé les limites… offensivement. Au Grand Prix d'Autriche 2019, après plusieurs tentatives vaines de dépassement sur le leader Charles Leclerc, le Néerlandais tente le tout pour le tout à deux tours de l'arrivée, en attaquant au virage N.3. Ses roues tamponnent celles de la Ferrari, poussant le Monégasque en dehors des limites de la piste. "P****, c'était quoi ça ?", enrage le pilote de la Scuderia à la radio. "Si ce n'est pas autorisé, à quoi bon être en F1 ?" interroge le chouchou de Red Bull.
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Dynamique de Ferrari, écroulement de Norris : Comment la course au podium constructeurs a basculé

Après enquête, les commissaires décident de ne pas sanctionner le Batave, finalement vainqueur : "La voiture 33 [...] était totalement sous contrôle [...] pendant la manœuvre pour passer à l'intérieur, communiquent-ils. [...] Au vu de la totalité des circonstances, nous ne considérons pas qu'un des pilotes a été totalement ou majoritairement responsable de l'incident. Nous considérons qu'il s'agit d'un incident de course." Ferrari décide de ne pas faire appel de cette "mauvaise" décision mais quelques jours plus tard, Leclerc montre les crocs : "Si on peut conduire de cette manière-là, je suis content", confie-t-il en conférence de presse, avant le Grand Prix de Grande-Bretagne.
Les deux pilotes se retrouvent en piste et se livrent plusieurs duels à couper le souffle. "Leclerc était peut-être irrité après l'Autriche", commente, ironiquement, Verstappen. En crise de spectacle, la F1 s'offre un joli coup de pub. Les vannes sont maintenant un peu plus ouvertes : "Je ne m'étais jamais autant amusé en F1, assure le Monégasque après la course. L'Autriche m'a ouvert les yeux sur ce qui est accepté et jusqu'où nous pouvons aller. En fin de compte, je suis satisfait. Nous voulons tous courir à la dure."

Moins d'inspection dans le parc fermé

Verstappen a créé un autre précédent, le week-end dernier, en touchant l'aileron de la monoplace de Lewis Hamilton. Agir de la sorte a toujours été interdit par le règlement mais n'a jamais mené à de véritables sanctions ces dernières années. Sebastian Vettel, pour ne citer que lui, s'était parfois affairé autour de la Mercedes pour y inspecter certains éléments. En Russie, en 2018, il avait même déplacé la monoplace de quelques centimètres en observant un pneumatique à l'aide de son pied.
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"C’est une infamie, l’amende infligée à Verstappen est celle d’un grand délinquant !"

L'erreur du Néerlandais, finalement, a été de jouer avec le feu dans un climat de lutte pour le titre et d'extrêmes tensions entre Red Bull et Mercedes. "Il est clair pour les commissaires que c'est devenu une habitude pour les pilotes de toucher les voitures après des qualifications et des courses, précise un communiqué de la FIA. C'est aussi l'explication de Verstappen, pour qui c'était seulement une habitude de toucher cette partie de la voiture, qui a été un point de spéculation lors des récentes courses entre les deux équipes."
Désormais, les pilotes sont prévenus : de "futures infractions" similaires "peuvent entraîner des pénalités différentes". Verstappen, lui, écope de 50 000 euros d'amende. Du jamais vu. "C’est une amende assez salée, admet le pilote Red Bull. J’espère qu’ils se paieront un bon dîner avec beaucoup de vin. Et puis du très bon vin, très cher, ce serait bien. Ils peuvent m’inviter, je paierai un supplément."

Des batailles au-delà des limites ?

Durant ce même week-end, Max Verstappen a peut-être réussi à pousser le curseur encore plus loin qu'il ne l'avait fait en Autriche, il y a deux ans. Au 48e tour du Grand Prix de Sao Paulo, le Néerlandais contraint Lewis Hamilton à sortir des limites de la piste alors que le Britannique a réussi, durant la phase de freinage, à placer son museau devant celui de la Red Bull. Mais son rival a volontairement retardé son freinage et accompagné le septuple champion du monde de l'autre côté de la ligne blanche.
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La manœuvre de Verstappen décryptée : "Cela crée une jurisprudence, il sait qu’il peut le refaire"

Dans la foulée, chaque écurie se prépare alors à une pénalité. Mercedes demande à Valtteri Bottas de réduire l'écart à moins de cinq secondes sur Max Verstappen. Et Red Bull somme Michael Masi, le directeur de course, de faire valoir le "Let them Race" (laissez-les courir). Finalement, aucune sanction ne tombe. "Mais bien sûr, bien sûr !" s'étonne Hamilton lorsque Mercedes lui confirme l'information.
Pour justifier cette décision, Masi explique avoir noué son jugement sur la base des images disponibles… qui n'incluaient pas la caméra embarquée dans la Red Bull de Verstappen. Dévoilées mardi, ces images semblent renforcer la thèse d'une manœuvre délibérée de la part du pilote batave. . Si aucune nouvelle mesure n'est décidée, cette action pourrait devenir un précédent pour de futures tentatives de dépassement.
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