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Grand Prix du Canada - Stroll et Latifi, pas prophètes en leur pays : "C'est un peu léger pour maintenir l'intérêt"

Julien Pereira

Mis à jour 17/06/2022 à 19:00 GMT+2

GRAND PRIX DU CANADA - En Europe, ils sont souvent cibles de railleries et de critiques. Mais chez eux, ils ne sont pas franchement populaires non plus. Nicholas Latifi et Lance Stroll, les deux locaux du week-end, ne feront pas lever les foules à Montréal. Où la F1 est pourtant très appréciée, et où les tribunes seront pleines, grâce aux exploits de Gilles et Jacques Villeneuve.

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La F1 aime le Canada. Le Canada aime la F1. Après trois ans d'attente, l'île Notre-Dame, sur laquelle est bâti le circuit de Montréal, sera une nouvelle fois pleine à craquer. Deux nouvelles tribunes y ont été installées. "Les promoteurs avaient déjà l'habitude de dire qu'à force d'ajouter des tribunes, l'île allait finir par couler", sourit Philippe Crépeau, journaliste à Radio-Canada. Le pays est l'un des rares à disposer de deux représentants en Formule 1, Lance Stroll et Nicholas Latifi.
Mais au contraire de l'Espagne, où Carlos Sainz et surtout Fernando Alonso ont attiré l'œil des locaux, Montréal est bien moins attachée à ses pilotes qu'à son Grand Prix. "La F1 a toujours un terroir très fertile à Montréal, précise notre confrère. Ça date évidemment de l'époque de Gilles Villeneuve, et ça a continué avec son fils Jacques." Le talent du père, le succès du fils et l'histoire de la famille Villeneuve ont largement façonné l'intérêt du Québec pour la Formule 1.
Problème, tout oppose le duo actuel du champion du monde 1997 et de son paternel. "Ce sont deux pilotes anglophones, rappelle Philippe Crépeau. Il y a donc un peu moins de résonance pour le public français du Québec. Et en plus, ils n'ont pas les résultats qui pourraient permettre de trouver un écho dans la presse. Même s'ils ne sont pas les seuls responsables de tout ça, ça joue beaucoup contre eux."

Entre les Villeneuve et Latifi et Stroll, il y a un gouffre

Ces dernières semaines, Stroll et Latifi se font plutôt remarquer pour de mauvaises raisons. En course comme en qualification, le pilote Aston Martin est laminé par son coéquipier Sebastian Vettel, que l'on dit pourtant moins concerné par la compétition que par les combats que sa présence en F1 lui permet de mener. Latifi, lui, vit un long cauchemar depuis son crash à Abu Dhabi en fin de saison dernière.
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À Bakou, l'un a fini dans le rail en qualification, l'autre a été pénalisé pour non-respect des drapeaux bleus en course. Bref, les mauvais souvenirs - comme leur étonnant crash en Australie - sont plus nombreux que les bons. Même si Stroll a réussi quelques coups, avec trois podiums et surtout une pole en Turquie, dans des conditions difficiles, en 2020. "Stroll a eu des résultats, il a démontré qu'il avait un vrai coup de volant avant d'arriver en F1 en remportant des championnats de promotion, souligne le journaliste canadien. Mais c'est un peu léger pour maintenir l'intérêt."
Difficile aussi, pour les Canadiens, de s'identifier à leurs pilotes. Stroll est le fils du propriétaire de l'écurie, Lawrence. Latifi est le fils du patron de Sofina Foods, une entreprise dont les millions ont permis à la famille Williams de maintenir en vie l'écurie créée par Frank, avant d'être vendue au fonds américain Dorilton Capital. "Là, on tombe dans le scénario complètement inverse de l'histoire de la famille Villeneuve, analyse Philippe Crépeau. Gilles, c'était un petit gars qui sortait de nulle part, faisait de la moto-neige au Québec. Et il a fini par impressionner Enzo Ferrari, connu bien des déboires avant de gagner des courses et rester dans l'imaginaire collectif."

Pas de fascination pour la richesse

La césure est profonde. Et encore entretenue par Jacques Villeneuve, aujourd'hui consultant pour Canal+ et souvent piquant au moment d'évoquer les performances de ses deux compatriotes, sur la chaîne cryptée comme dans les médias locaux. Et contrairement aux Étatsuniens, les familles de milliardaires et les histoires d'hommes ou de femmes d'affaires ne passionnent pas les Québécois. "Ici, nous sommes très latins, beaucoup plus que nord-américains, de par nos origines françaises, renchérit notre confrère. Cette fascination n'existe pas chez nous. En tout cas pour ce qui est de la F1 et des familles Stroll et Latifi. Je dirais même que c'est le contraire."
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320.000 personnes sont attendues sur le circuit Gilles Villeneuve sur l'ensemble du week-end. Beaucoup brandiront des drapeaux canadiens sans réellement se passionner pour la course des deux pilotes locaux. Qu'importe si l'un d'eux, Nicholas Latifi, pourrait bien devoir céder son volant Williams à Oscar Piastri, jeune prodige australien.
"Les gens ne sont pas mécontents que Lance garde un volant en F1 parce que ça reste un petit gars du Québec, ajoute Philippe Crépeau. Mais on se dit aussi qu'il ne faudrait pas qu'il garde son volant juste parce que c'est l'écurie de son père. Imaginez, Stroll est arrivé en 2017 et on se demande encore s'il a sa place en F1... L'effervescence à Montréal, on la ressent jusque dans le centre-ville. Mais c'est la F1 qui fait vibrer le Québec. Beaucoup plus que nos deux Canadiens."
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