Tournoi des 6 Nations | Cette équipe de France respire l'humilité
Mis à jour 15/03/2023 à 13:35 GMT+1
TOURNOI DES SIX NATIONS - Le succès historique du XV de France, samedi à Twickenham (10-53), a été enrobé d'une douce euphorie qui ne s'est jamais muée en basse moquerie. Les Bleus sont sortis grandis de leur victoire retentissante comme de leur façon de la célébrer. A quelques mois d'une Coupe du monde qu'ils aborderont légitimement ambitieux, leur capacité à faire preuve d'humilité est un atout.
Sorry, good game. Cette réplique célèbre aurait pu traverser l'esprit de Fabien Galthié et de ses hommes, samedi. Elle l'a peut-être fait, d'ailleurs. Mais ils ne sont pas tombés dans le piège d'une puérile fanfaronnade, au sortir d'une victoire légendaire de 43 points à Twickenham (10-53), là même où le XV de France a éprouvé toutes les peines du monde à gagner ne serait-ce que d'un point pendant plus d'un siècle. Respecter l'Angleterre, c'était respecter ce moment.
Le sélectionneur des Bleus n'y a pas manqué, à chaud et les larmes aux yeux, au micro de France Télévisions : "C'est dur pour (les Anglais). Quand on connaît la place du rugby dans ce pays, dans ce lieu, j'ai une pensée pour cette équipe d’Angleterre qui va vivre un moment difficile." La classe. En conférence de presse, il en a rajouté une couche sur l'aspect mythique et même "mystique" du "temple" dont ses joueurs ont pris le contrôle le temps de deux heures.
Question de personnalité
On a reconnu Galthié en cela. Comme dans sa tirade sur un "stade qui récompense la bravoure." Comme dans l'émotion qui l'avait gagné avant le Tournoi, à l'évocation de la série record de victoires de son équipe (depuis stoppée par l'Irlande). Chez lui, l'ambition est aussi assumée qu'une certaine vulnérabilité face aux poids de l'histoire et des défis.
Dans un style différent, son capitaine Antoine Dupont partage cette humilité. Quand Fabien Galthié élabore parfois des réponses alambiquées, le meilleur joueur du monde 2021 fait dans les discours convenus. Mais tous deux dégagent le même sentiment d'évaluer avec justesse le potentiel d'une troupe qui accueillera samedi au Stade de France le pays de Galles, avec la casquette de grand favori. "On ne se prend pas pour d'autres", vient résumer Cyril Baille
Reste l'hypothèse d'une communication ciselée susceptible de nous berner. Surtout par écrans interposés. Promettre de ne pas prendre la grosse tête est un poncif élémentaire. Mais des phrases qui peuvent sonner comme des éléments de langage, dans la bouche de certains, sont d'une grande crédibilité, dans celle des cadres de cette équipe de France renaissante.
Question de vécu
Quand Dupont rappelle le 44-8 encaissé par les Bleus à Twickenham en 2019 et exhorte les siens à ne "pas avoir la mémoire courte", ce n'est pas de la démagogie. Pas plus que lorsque Baille parle de "sacrées branlées", prises et non pas administrées. Le XV de France vient de traverser sa pire période de l'après-guerre, et plusieurs de ses membres, salués aujourd'hui, étaient conspués hier. Ce renversement de situation aurait pu les griser, il paraît au contraire leur ancrer les pieds sur terre.
En ce sens, un groupe ne s'est pas renié samedi à Twickenham, de la pelouse à ses à-côtés. Si la Coupe du monde s'avère glorieuse pour lui, dans quelques mois, il faudra se souvenir de cette soirée d'éternité. De la façon dont Thibaud Flament a crevé l'écran. De la manière dont Antoine Dupont a encore ébloui le monde du rugby. De l'aspect collectif du triomphe tricolore, surtout. Mais aussi de la noblesse avec laquelle ce récital a été sobrement célébré.
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