Coupe du moned 2023 - L'Ecosse a gagné le droit de rêver, mais gare au réveil

L'Écosse a fait son travail. Plutôt deux fois qu'une. Pour se donner la possibilité de jouer une sorte de huitième de finale virtuel contre l'Irlande dans une semaine au Stade de France, elle devait engranger deux victoires bonifiées contre les Tonga et la Roumanie. C'est chose faite. Samedi, le XV du Chardon s'est bien amusé contre les "Chênes", balayés 84 à 0. Une bonne chose de faite même si, évidemment, le plus dur reste à accomplir face à ces Irlandais si forts et si confiants.

Au-delà du score, les Ecossais sont satisfaits du contenu proposé. "On avait besoin de cinq points, mais en plus de ça, il nous fallait réussir une performance marquant un pas en avant pour nous collectivement. On l'a obtenue", a tenu à souligner Grant Gilchrist, capitaine de l'Ecosse d'un jour, Jamie Ritchie ayant été préservé comme la plupart des titulaires. "Tout le groupe a vraiment bien travaillé ces deux dernières semaines, et l'équipe a mérité de jouer cette 'finale' contre l'Irlande", confirme le sélectionneur Greg Townsend.

Sur ce que les deux équipes ont montré face à l'Afrique du Sud (victoire 13-8 des Irlandais face aux Springboks, alors que les Ecossais se sont inclinés 18-3), la mission s'annonce complexe pour l'Ecosse. 5e nation au classement mondial, elle peut maudire ce tirage au sort trop précoce de la phase finale qui l'a placée dans ce groupe infernal avec les tenants du titre et la meilleure équipe actuelle. Townsend et ses hommes méritaient sans doute mieux mais la réalité est là : ils doivent battre l'Irlande soit en la privant du bonus défensif, soit en prenant eux-mêmes le bonus offensif.

C'est vrai, la pression sera terrible sur l'Irlande. Parce que le XV du Trèfle est au sommet du rugby mondial. Parce qu'il a réalisé le Grand Chelem cette année. Parce qu'il vient de battre l'Afrique du Sud au terme d'un combat gigantesque qui a confirmé l'épaisseur de son cuir. Aujourd'hui, les Verts peuvent tout perdre sur un seul match contre l'Ecosse. Il semble presque inimaginable que cette Irlande-là puisse ne pas figurer dans le grand huit des quarts de finale mais si les Ecossais peuvent ruiner leurs plans, ils ne s'en priveront pas.

Le poids est d'autant plus grand sur les épaules irlandaises que leur histoire en Coupe du monde est jonchée d'ambitions déçues. Jamais l'Irlande n'a passé le cap des quarts de finale. C'est la seule nation historique du Tournoi dans ce cas. Peut-elle se prendre une nouvelle fois les pieds dans le tapis au point d'achever l'édition 2023 sur un immense gâchis ? Greg Townsend croit en ses hommes, mais pour leurs qualités, pas en misant sur un possible effondrement en face :

"Je ne rentrerai pas dans ce jeu-là. Oui, l'Irlande aura la pression. Mais c'est l'équipe numéro un, elle est sur une série de 16 victoires. Je suis sûr qu'ils ne penseront pas à ce qui est arrivé dans les tournois précédents. Ils ont engrangé beaucoup de confiance ces trois dernières années et énormément lors de leur dernière victoire contre l'Afrique du Sud."

D'autant qu'en termes de passif, l'Ecosse a ses propres soucis. Son bilan récent contre l'Irlande est catastrophique. Elle reste sur huit défaites face aux hommes en vert. Le dernier succès écossais remonte au Tournoi 2017. Tout ce que peut faire le XV du Chardon, c'est se concentrer sur lui et sortir son meilleur match de la saison. De ces dernières années, peut-être, même. L'exploit et les quarts de finale seront uniquement à ce prix, et encore, sans garantie de succès.

"La semaine qui vient est une nouvelle semaine. Nous savons comme tout le monde que le rendez-vous est énorme. Notre préparation sera à la hauteur. On donnera tout, toute la semaine, jusqu'à samedi", a promis Grant Gilchrist. Là-dessus, on peut faire confiance à la fière Ecosse.