Que faire des "vieux" ? L’Afrique du Sud, présent radieux, avenir incertain ?

Déjà bien installée dans le débat politique français, la question du "Grand âge" va prochainement s’imposer du côté de la sélection sud-africaine. Jugez plutôt : dans le paquet d’avants du XV de départ de la finale de Coupe du monde remportée contre la Nouvelle-Zélande (12-11), aucun Springbok n’avait moins de 30 ans. La moyenne d’âge du huit de devant, qui a encore grimpé après l’entrée en jeu au bout de trois minutes du vétéran Deon Fourie (37 ans), dépassait les 32 ans.

Dans les lignes arrières, ils n’étaient que trois à ne pas être encore trentenaires, Cheslin Kolbe ayant soufflé ses 30 bougies le jour de la finale. Une expérience XXL qui a pesé lourd dans le sacre des Springboks, en particulier lors des trois matches couperets qu’ils ont remportés par la plus petite des marges. Mais ce qui a pu être un atout cette année risque d’être problématique pour la suite. À l’heure actuelle, seul l’ancien Toulonnais Duane Vermeulen (37 ans), pressenti pour intégrer le staff sud-africain, a annoncé sa retraite. Né en 1986 comme lui, Deon Fourie va, lui, pousser le bouchon encore un peu avec son club des Stormers et reste donc sélectionnable. Les autres ? Ils ne semblent pas plus pressés de tirer leur révérence, le capitaine Siya Kolisi en tête, comme il nous l’a confié dimanche.

"Bien sûr que je veux continuer et bien sûr que la prochaine Coupe du monde est un objectif pour moi. Je n’ai que 32 ans, je suis encore jeune. J’ai joué cette année avec des gars qui avait 36-37 ans et qui étaient très performants donc pourquoi je ne le serais pas aussi dans quatre ans ?" Combien arriveront aussi loin ? Il parait en effet improbable que l’ensemble des éléments de cette génération brillante mais près de la date de péremption puisse jouer le remake des Expendables dans quatre ans en Australie.

Le prochain boss des Springboks devra nécessairement insuffler une dose de sang frais. Va-t-il pour autant tout raser ou presque pour rebâtir sur du neuf, avec le risque d’effondrement sportif que cela impliquerait ? Ce n’est pas la tendance. "Tant que les gars sont suffisamment bons, on les prendra" nous a même avoué un des membres du staff le lendemain de la finale. Staff qui a déjà prouvé récemment qu’il ne faisait pas de l’âge son critère majeur de sélection, ayant offert par exemple au troisième ligne Deon Fourie sa première cape en 2022 à…35 ans.

La ligne directrice ne devrait pas trop bouger malgré le départ du sélectionneur Jacques Nienaber pour le Leinster, puisque son binôme et ancien tenancier du poste Rassie Erasmus est pressenti pour lui succéder. L’ossature du staff champion du monde devrait lui emboîter le pas, même si tout n’est pas réglé, à l’image de la situation du responsable de la puissante mêlée sud-africaine Daan Human. Selon nos informations, l’ancien pilier a entre ses mains une prolongation de contrat de 4 ans mais, également tenté par un retour en France (il a joué pour le Stade Toulousain entre 2004 et 2012 et a conservé une maison en Haute-Garonne), hésiterait encore à replonger. En 2012, il avait arrêté sa carrière de joueur à 36 ans sur un titre (le Top 14).

Précisément l’âge qu’auront Kolisi, Etzebeth, Mbonambi, Mostert, Malherbe et de Klerk, tous titulaires dimanche dernier, lors de la prochaine Coupe du monde. Si rien ne dit qu’ils auront encore le niveau pour y prétendre, rien ne peut aujourd’hui les empêcher non plus d’y rêver. À défaut, ils devraient au moins lancer le prochain cycle des Springboks et obliger la relève à se dépasser pour pouvoir accrocher le wagon. Une route qui les mènera, avec ou sans les glorieux "vieux", vers la conquête d’un inédit troisième titre mondial consécutif.