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Federer, ce perdant magnifique : Ses 10 défaites les plus mythiques

Maxime Battistella

Mis à jour 23/09/2022 à 12:46 GMT+2

LA RETRAITE DE FEDERER - Roger Federer va clore le livre de sa magnifique carrière ce vendredi au côté de Rafael Nadal en Laver Cup. Il y a une semaine, nous avions retracé les 20 victoires les plus fortes de sa vie de champion. Mais des revers épiques ont aussi façonné sa légende et ont donné une dimension humaine à son œuvre. Nous en avons choisi 10 qui auraient pu changer bien des choses.

Roger Federer et Rafael Nadal à l'Open d'Australie 2009

Crédit: Getty Images

10. Masters 2005 : Un rien trop juste pour le record de McEnroe

Date : 20 novembre 2005
Tour : Finale
Adversaire : David Nalbandian
Score : 6-7(4), 6-7(11), 6-2, 6-1, 7-6(3)
L'année 2005 confirme l'émergence d'un monstre. Avant le tournoi des Maîtres, Roger Federer n'a pas chômé. C'est un euphémisme : le Suisse n'a perdu que trois petits matches de plus : une demi-finale à l'Open d'Australie (Safin), un quart à Monte-Carlo (Gasquet) et une demie à Roland (Nadal). Depuis, il ne s'est plus incliné, enquillant Halle, Wimbledon, Cincinnati, l'US Open et Bangkok. Et le voilà en finale du Masters organisé pour la première fois à Shanghaï après une pause de six semaines due à une blessure à la cheville.
Sa marge est telle que, même encore visiblement diminué, il est en passe d'égaler la saison 1984 mythique de John McEnroe : 82 victoires pour 3 défaites. Contre David Nalbandian, il pense avoir fait le plus dur en arrachant les deux premiers sets au tie-break (surtout le 2e par 13 points à 11). Mais physiquement atteint, il lâche la rampe. Il se retrouve même mené 4-0 au 5e. Mais l'orgueil du champion parle alors : il arrête l'hémorragie de 10 jeux perdus d'affilée grâce à quelques coups de génie et se lance dans une remontée fantastique jusqu'à jouer un nouveau tie-break. Mais celui de trop, car c'était le chant du cygne. McEnroe peut souffler.

9. US Open 2010 : Le jour où Djoko est entré dans sa tête

Date : 11 septembre 2010
Tour : Demi-finale
Adversaire : Novak Djokovic
Score : 5-7, 6-1, 5-7, 6-2, 7-5
Un match sans réel fil conducteur et un revers amer. C'est ainsi que l'on pourrait résumer la performance de Roger Federer en cette fin d'été 2010. Titré en Australie, mais battu dès les quarts à Roland-Garros puis à Wimbledon, le Bâlois est en quête d'un second souffle. Et il semble l'avoir trouvé en la personne de son nouveau coach, Paul Annacone, le célèbre mentor de Pete Sampras.
Federer est donc le favori de cette demie face à Novak Djokovic qu'il a d'ailleurs dominé les trois années précédentes à Flushing Meadows et contre lequel il a gagné 10 matches sur 15. Optant pour une stratégie ultra-offensive, il assume son statut, mais fait les points (48 coups gagnants) et les fautes (66). Sur courant alternatif, le Bâlois semble ne pouvoir maintenir son niveau d'agressivité avec efficacité qu'un set sur deux. Il se retrouve néanmoins en position de conclure à 5-4, 15/40 sur le service adverse dans l'ultime acte. Dos au mur, le jeune Serbe montre alors une grande force de caractère pour sauver son service, puis s'adjuger les deux derniers jeux devant un court Arthur-Ashe médusé qui espérait enfin une finale Federer-Nadal. New York ne l'aura jamais.

8. Open d'Australie 2005 : La revanche éclatante de Safin

Date : 27 janvier 2005
Tour : Demi-finale
Adversaire : Marat Safin
Score : 5-7, 6-4, 5-7, 7-6(6), 9-7
Il fallait bien cela pour arrêter sa fabuleuse série. Quand il se présente sur le court pour cette demi-finale de l'Open d'Australie, Roger Federer en est à 26 victoires d'affilée. C'est simple : depuis sa désillusion aux Jeux d'Athènes, il n'a plus perdu (titré à l'US Open, Bangkok, Masters et Doha). Le Suisse semble intouchable, mais Marat Safin s'apprête à jouer le match de sa vie pour créer la sensation et prendre sa revanche de la finale largement perdue l'année précédente. Et pourtant, malgré le niveau de jeu stratosphérique retrouvé par le grand et talentueux Russe, c'est bien le numéro 1 mondial qui a les clés.
Il mène un set à zéro, puis deux manches à une et obtient une balle de match à 6-5 dans le tie-break du 4e acte sur un délice d'amortie. C'est le tournant de la partie : Safin la sauve magistralement d'une course effrénée vers l'avant, suivie d'un lob parfait. Federer envoie sa tentative de "tweener" dans le filet, cède les deux points suivants et la dynamique change. Touché au dos, il aura beau remonter un break de retard et sauver 6 balles de match à son tour, il finira par tomber au sens propre comme au figuré. Souriant, comme conscient de l'intensité d'un combat de 4h28, il sera beau joueur au filet.
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Le conte d'Henri : Safin - Federer 2005, "un des plus grands matches de l'histoire"

7. Open d'Australie 2009 : Consolé par sa bête noire

Date : 1er février 2009
Tour : Finale
Adversaire : Rafael Nadal
Score : 7-5, 3-6, 7-6(3), 3-6, 6-2
"God, it's killing me..." ("Mon Dieu, ça me tue…") Devant les micros de la cérémonie de remise des trophées, Roger Federer est terrassé par la frustration et la tristesse d'avoir encore buté sur un mur. Le Suisse, qui met un poing d'honneur à conserver un visage de marbre quand il joue, ne peut retenir les émotions qui l'assaillent après cette 5e défaite consécutive contre Rafael Nadal. Touché par la détresse adverse, le Majorquin lui donne spontanément l'accolade dans la foulée, une image restée célèbre. Il faut dire que Federer a de quoi l'avoir mauvaise. Plus frais que Nadal qui a joué une demi-finale monstrueuse et éreintante contre Fernando Verdasco, il domine globalement les quatre premiers sets.
Mais il n'en gagne que deux, faute de concrétiser ses occasions. Dans le premier acte, il mène 4-2, avant de céder par deux fois son service. La 3e manche est plus douloureuse encore : il obtient 6 balles de break et perd le jeu décisif alors qu'il avait un mini-break d'avance. Fatigué de courir après le score, le Suisse cède avant tout mentalement en fin de partie. Malgré ce décrochage, il comptera un point de plus que son rival sur l'ensemble de la finale… Restent des échanges d'anthologie - dont l'un prodigieux en début de 4e set terminé par un contre de coup droit long de ligne de Nadal après des défenses somptueuses des deux côtés - entre les deux hommes qui auront souvent joué leur meilleur tennis ensemble.

6. Wimbledon 2014 : Le hold-up manqué

Date : 6 juillet 2014
Tour : Finale
Adversaire : Novak Djokovic
Score : 6-7(7), 6-4, 7-6(4), 5-7, 6-4
De retour en finale sur son gazon chéri, Roger Federer savoure sa revanche. Car un an plus tôt, après sa sortie de piste précoce face à Sergiy Stakhovsky (au 2e tour), les sirènes du déclin avaient encore sonné. Mais le Bâlois ne souffre plus du dos et a retrouvé l'inspiration en engageant son idole d'enfance Stefan Edberg comme nouveau coach. Plus offensif, majestueux au filet, il semble prêt à reconquérir son royaume perdu.
Problème : de l'autre côté du filet, Novak Djokovic, qui s'est adjoint les services de Boris Becker de son côté, ne l'entend pas de cette oreille. Ce duel met donc en scène une double rivalité, sur le Centre Court et dans les tribunes. Federer prend le meilleur départ en arrachant au tie-break le premier set, mais son rival prend peu à peu le dessus et se retrouve devant assez largement : deux sets à un et 5-2 dans le quatrième. C'est le moment choisi par le Suisse pour faire basculer cette finale dans l'épique. Un débreak, deux balles de match écartées à 5-4 sur son service et cinq jeux d'affilée plus tard : le voilà revenu à hauteur.
A l'entame du 5e set, Federer le sait : il a désormais un petit ascendant psychologique. Et s'il rendait la pareille à celui qui l'avait déjà battu deux fois en sauvant des balles de match ? A 3-3, il accentue sa pression en enchaînant les prises d'initiatives et obtient ainsi la balle de break tant attendue. Djoko plie… mais ne rompt pas. Obligé de servir pour rester dans la partie, le Bâlois craque finalement à 5-4 contre lui. Les regrets sont légitimes mais ce n'est rien en comparaison de ce qui l'attend…

5. US Open 2011 : L'improbable bis repetita laisse une trace indélébile

Date : 10 septembre 2011
Tour : Demi-finale
Adversaire : Novak Djokovic
Score : 6-7(7), 4-6, 6-3, 6-2, 7-5
"J’ai beaucoup de mal à comprendre ce qui pousse quelqu’un à frapper un coup pareil sur une balle de match. Peut‐être que Novak le fait depuis 20 ans et que c’est normal pour lui." Roger Federer ne décolère pas, mais c'est d'abord à lui-même qu'il en veut. Quasiment un an jour pour jour après avoir déjà laissé passer la finale de l'US Open pour un petit point, le voilà replongé dans le même cauchemar. Sauf que ce qui était acceptable en 2010 - voir Djokovic sauver deux balles de match sur son engagement - ne l'est plus cette fois, car c'est bien sur son service à 5-3, 40/15 que son destin lui a échappé.
A quelques centimètres près, il serait devenu pour de bon le caillou dans la chaussure du Serbe dans cette saison 2011 cosmique pour lui. Car comme à Roland-Garros quelques mois plus tôt, le Bâlois sort le grand jeu et met le nouveau numéro 1 mondial dans les cordes en menant deux sets à rien. L'intensité requise pour y parvenir est telle qu'il ne peut tenir le rythme dans les deux manches suivantes. Mais dans l'ultime acte, il repart à l'abordage de plus belle, breake à 4-3 sur un jeu blanc et se retrouve donc en position idéale pour conclure.
Le "Djoker", désabusé, rit jaune. Alors perdu pour perdu, il frappe un retour de coup droit croisé de toutes ses forces, quasiment en fermant les yeux. La balle accroche un bout de ligne et le Serbe chauffe le public. Il y a de l'électricité dans l'air, quelque chose vient de se passer. Federer enchaîne vite, trop vite. Et il rate en coup droit dans le filet sur la seconde balle de match. Djokovic s'adjuge les quatre derniers jeux puis va chercher son premier Petit Chelem contre Nadal en finale. Federer, qui s'y voyait déjà, portera la cicatrice pendant le reste de sa carrière, comme la suite le montrera.

4. Rome 2006 : La tragédie qui a cimenté le complexe

Date : 14 mai 2005
Tour : Finale
Adversaire : Rafael Nadal
Score : 6-7(0), 7-6(5), 6-4, 2-6, 7-6(5)
Il y a lui et les autres. Au printemps 2006, Roger Federer est peut-être au faîte de sa domination : il a gagné 26 des 38 tournois auxquels il a participé depuis l'Open d'Australie 2004. Tous sont en pâmoison devant lui. Ou presque. Car le jeune Rafael Nadal, qui est le seul à l'avoir battu depuis le début de l'année (à Dubaï sur dur et à Monte-Carlo sur terre), fait office de petit caillou dans la chaussure.
Federer prend le jeu à son compte et survole le tie-break du premier set. Même si les deux manches suivantes lui échappent de peu, il hausse encore le ton pour remettre les compteurs à zéro. L'ombre gagne alors le court, le niveau de jeu est ahurissant et l'ambiance de plus en plus électrique. Le numéro 1 mondial entretient sa dynamique, mène 4-1 dans le 5e set, avant de se faire rejoindre. Puis il obtient deux balles de match sur le service adverse à 6-5. Son arme ultime, le coup droit, le trahit alors. Et dans le jeu décisif, ses dernières illusions sont balayées quand en tête à 5-3 il perd les quatre derniers points. Il ne gagnera jamais contre "Rafa" au meilleur des cinq sets sur terre. Qui sait si le rapport de forces n'aurait pas été différent s'il était sorti vainqueur de ces 5h05 de combat épique...

3. US Open 2009 : L'hégémonie new-yorkaise brisée par un géant

Date : 13 septembre 2009
Tour : Finale
Adversaire : Juan Martin Del Potro
Score : 3-6, 7-6(5), 4-6, 7-6(4), 6-2
En cette fin d'été 2009, tout va bien pour Roger Federer. Dans le sillage d'un doublé Roland-Garros - Wimbledon, le Bâlois a récupéré "sa" place de numéro 1 mondial et il atteint sa 7e finale consécutive en Grand Chelem à Flushing. Il l'aborde d'ailleurs avec une confiance gonflée à bloc après une demie pliée en trois sets contre Novak Djokovic. Face à lui, un novice à ce stade de la compétition : Juan Martin Del Potro. Le colosse argentin a impressionné par sa puissance brute en passant à la moulinette Rafael Nadal (6-2, 6-2, 6-2) dans le dernier carré.
Mais fort de son expérience de quintuple tenant du titre, Federer mène parfaitement sa barque en début de partie. A 6-3, 5-4, 30/0, on se demande même ce qui peut lui arriver. L'inattendu se produit alors : son service coince et Del Potro se rebelle pour égaliser. Dès lors, Federer n'est plus tout à fait le même. Il reprend certes l'avantage deux manches à une, mais s'agace aussi auprès de l'arbitre. Ce manque de sérénité, Federer le paie dans sa gestion des moments importants (5 balles de break converties sur 22). Passé à deux points de l'emporter à 5-4, 30/30 dans le 4e set, il voit cette finale lui échapper avec le tie-break. Comme face à Nadal à Melbourne, il s'effondre dans l'ultime acte, saoulé de coups (de marteau) par la Tour de Tandil. Il ne regagnera plus l'US Open.

2. Wimbledon 2019 : Regrets éternels

Date : 14 juillet 2019
Tour : Finale
Adversaire : Novak Djokovic
Score : 7-6(5), 1-6, 7-6(4), 4-6, 13-12
Le feu d'artifice était sur le point d'être tiré, il s'est transformé en pétard mouillé. Ce 14 juillet 2019, Roger Federer a vécu (de loin) la défaite la plus cruelle de sa carrière. Non seulement parce que comme en 2010 et en 2011 à l'US Open, il a eu des balles de match contre Novak Djokovic, mais aussi et surtout parce qu'il lui était globalement supérieur. Pour s'en convaincre, quelques chiffres : le Bâlois aura marqué 14 points de plus que le Serbe, frappant pas moins de 94 coups gagnants contre 54 à son rival.
Malgré ses 38 ans, le "Maestro" mérite plus que jamais son surnom. Deux jours plus tôt, il a pris le meilleur sur son vieux rival Rafael Nadal, exorcisant de vieux fantômes. Enchaîner face à Djokovic relèverait de l'authentique exploit. Après un premier set perdu au tie-break, il repart de plus belle au combat alors que le Serbe connaît une baisse de régime. Dans le troisième acte, il semble prêt à passer devant et obtient une balle de deux manches à une à 5-4, mais rate le coche à nouveau au jeu décisif. Federer s'obstine et va chercher le quatrième set, rivalisant même dans la filière longue, à l'image d'un échange sublime de 35 coups achevé par un revers long de ligne gagnant.
Mené d'un break en début de 5e, il revient encore, jusqu'à s'offrir deux balles de titre à 8-7, 40/15 sur son service. Le traumatisme de l'US Open 2011 vient-il polluer l'esprit du Suisse ? Une chose est certaine : Djokovic, lui, s'en souvient et fait à nouveau tourner la finale d'un passing de coup droit croisé à 40/30 sur une attaque trop timide de Federer. Ce dernier baissera finalement pavillon à 12-12 dans un ultime tie-break décevant par rapport au reste de la finale. Le Bâlois voit ainsi son dernier exploit lui filer entre les doigts après près de 5 heures de lutte.

1. Wimbledon 2008 : Le match du siècle et un royaume perdu

Date : 6 juillet 2008
Tour : Finale
Adversaire : Rafael Nadal
Score : 6-4, 6-4, 6-7(5), 6-7(8), 9-7
Un traumatisme pour Federer, mais l'emblème d'une rivalité hors normes. Si Rafael Nadal était déjà sa bête noire - il avait perdu 10 de ses 15 duels face au Majorquin -, le Bâlois restait maître dans son jardin du All England Club où il était quintuple tenant du titre, record de Björn Borg égalé. Mais l'année précédente, son jeune rival n'était pas passé loin de le détrôner.
Dans les deux premiers sets gagnés par Nadal, le Suisse, marqué au fer rouge par la claque reçue à Roland (6-1, 6-3, 6-0) un mois plus tôt, joue à l'envers, à l'image d'une deuxième manche au cours de laquelle il aura mené 4-1, avant de s'effondrer. A la dérive, il obtient un sursis grâce à une interruption par la pluie. Résultat : son niveau augmente et il enlève le troisième set au tie-break, avant qu'un nouveau jeu décisif ne décide du sort du quatrième acte.
C'est à ce moment-là que le match prend toute sa dimension légendaire. Notamment dans l'enchaînement hallucinant de deux passings exceptionnels. L'un en bout de course en coup droit de Nadal, sa spéciale, pour se procurer une balle de match à 8-7. L'autre, toujours le long de la ligne et dos au mur de Federer en revers. Les spectateurs retiennent leur souffle. Le Bâlois finit par arracher le droit de disputer un 5e set. Il obtiendra même une balle de break à 4-3 en sa faveur dans cette manche décisive. Mais c'est bien "Rafa" qui emporte la décision 9-7 à la nuit tombée sous les flashes aveuglants des photographes. Le pouvoir a changé de mains.
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