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OPEN D'AUSTRALIE - Alcaraz, Nadal, Kyrgios et maintenant Korda et tant d'autres : pourquoi (déjà) tant de blessures ?

Rémi Bourrières

Mis à jour 24/01/2023 à 17:16 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Nous ne sommes qu'en janvier et déjà, le premier Grand Chelem de la saison est marqué par une casse importante chez les hommes, à l'image de l'abandon ce matin de Sebastian Korda, touché au poignet lors de son quart face à Karen Khachanov. A des degrés divers, le corps grince aussi chez de nombreux joueurs comme Alcaraz, Nadal, Ruud, Djokovic ou Kyrgios. C'est quoi le problème ?

Rafael Nadal

Crédit: Getty Images

Il faut se méfier de certaines statistiques qui peuvent être en trompe-l'œil. A l'image de celle publiée ce matin sur son compte Twitter par notre partenaire "Jeu, Set et Maths" qui relevait que pour la première fois depuis Roland-Garros 1993, pas le moindre abandon n'avait été relevé à l'Open d'Australie avant le stade des quarts de finale et celui de Sebastian Korda, lequel a dû jeter l'éponge en raison d'une blessure au poignet.
C'est notable, c'est vrai. Mais ça n'est pas pour autant le signe intangible d'un bon état général des troupes. Tant s'en faut. On a même rarement, pour ne pas dire jamais, vu autant de casse physique chez les meilleurs mondiaux dès le premier Grand Chelem de l'année, à une époque où les organismes sont censés être frais et dispos. Cet Open d'Australie 2023 s'annonçait comme un formidable duel générationnel entre l'hydre bicéphale Djokovic-Nadal et les combattants de la jeunesse décomplexée. Il vire surtout, pour l'instant, à un concours d'infirmerie.
Premier soldat à renoncer, et non des moindres : le numéro 1 mondial Carlos Alcaraz, blessé à la cuisse droite en plein entraînement en Australie. Voilà qui laissait son "vieux" compatriote Rafael Nadal en meilleure position pour défendre son titre, en tout cas avec le dossard récupéré de tête de série N.1. Mais Rafa s'est blessé, à son tour. Le pied ? Les abdos ? Non, le muscle ilio-psoas cette fois (côté gauche pour sa part), qui s'est mis à siffler durant son 2e tour perdu face à l'Américain Mackenzie McDonald. Bilan : six à huit semaines d'arrêt, et une reprise probable lors de la saison sur terre battue.
Certes, les tennismen espagnols n'ont jamais été ceux qui préservent le mieux leur corps. Mais ils sont loin d'être les seuls à avoir la rate qui s'dilate à Melbourne. Parmi les top joueurs, beaucoup d'autres se la sont mise au court-bouillon (la rate) : Nick Kyrgios a eu le genou bien trop mou (opéré et forfait), Casper Ruud l'abdomen qui s'démène (sorti au 2e tour par Jenson Brooksby), Sebastian Korda le poignet anémié (abandon, on l'a dit, face à Khachanov). Sans oublier évidemment Novak Djokovic et sa cuisse qui dévisse même si, pour le coup, le Serbe a l'air beaucoup mieux portant depuis quelques jours.
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Moutet va être opéré

Côté français, on n'est pas en reste puisque Corentin Moutet s'est fracturé le tendon du poignet droit et sera opéré lundi prochain, comme nous l'a appris ce matin son entraîneur serbe Petar Popovic, pour une absence à durée encore indéterminée. Quant à Constant Lestienne, il a joué sans épaule et donc sans service.
Evidemment, la problématique des blessures dans le tennis de haut niveau n'est pas vraiment nouvelle. Mais là, le nombre de blessés (et surtout, peut-être, leur identité) interpelle. Toni Nadal a d'ailleurs tiré, comme il le fait souvent, la sonnette d'alarme dans une chronique publiée il y a quelques jours dans El Pais.
Le problème est évident depuis longtemps. Mais rien n'est fait pour réduire l'intensité des rallyes. (Toni Nadal)
"Une fois de plus, je vais regretter que les dirigeants ne fassent rien depuis si longtemps pour protéger les joueurs dans une discipline devenue trop agressive, a écrit l'oncle de Rafael dans le quotidien espagnol. Il semble que personne ne veuille ralentir la vitesse de la balle, ce qui réduit la dimension tactique mais soumet en revanche les corps à davantage de brutalité pour maintenir cette balle en jeu. Le problème est évident depuis longtemps. Mais rien n'est fait pour réduire l'intensité des rallyes."
De nombreux joueurs ont pourtant – justement - dénoncé la lenteur de la balle utilisée cette année à Melbourne, comme… Rafael Nadal mais aussi Novak Djokovic, lequel avait même averti que les matches risquaient d'être longs cette année, ce qui n'est pas mieux pour les organismes. On peut d'ailleurs se demander s'il n'y pas une corrélation entre ladite balle et les nombreuses blessures constatées.
"Non, franchement, ça n'a rien à voir, je trouve pour ma part que les balles sont de très bonne qualité, estime Petar Popovic, le nouveau coach de Moutet. Pour chaque joueur, ce sont des circonstances différentes. Simplement, les blessures sont tout à fait normales dans le sport de haut niveau et spécialement dans le tennis où la concurrence est gigantesque. Tout le monde pousse son corps à bout et même encore plus loin que le bout pour les matches en cinq sets, qui sont certes bons pour les spectateurs, mais un choc pour les corps. Pour s'y préparer, on est obligé de faire des séances plus longues." Et c'est là que la casse arrive…
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Après, chacun a sa manière de gérer sa blessure et surtout de la communiquer. Certains la masquent jusqu'au bout. D'autres en parlent plus naturellement. Et au milieu de tout ça, on a un Novak Djokovic qui fait un peu entre les deux, avec un besoin manifeste de s'en épancher, ce qui correspond sans doute à son côté expressif voire théâtral, tout en cultivant une forme de mystère, ce qui sied aussi à ses obligations de favori.
Tout cela lui vaut de nombreuses critiques et suspicions mais ne change finalement pas grand-chose au fond du problème : aujourd'hui, rare et peut-être même inexistants sont les joueurs qui n'évoluent pas sans le moindre bobo. Dans le tennis de 2023, c'est devenu semble-t-il une sorte de fatalité, on écrirait presque une sorte de normalité. Mais comme le dit Toni Nadal, ça ne devrait peut-être pas…
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