Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

US Open - Finale messieurs : L'étrange monsieur Zverev

Laurent Vergne

Mis à jour 13/09/2020 à 17:12 GMT+2

US OPEN – Alexander Zverev n'avait jamais dépassé les quarts de finale en Grand Chelem avant cette année 2020. Demi-finaliste en Australie, le voilà en finale à New York, avec la possibilité d'ouvrir son palmarès majeur. Une progression qui masque pourtant mal les errements d'un joueur au potentiel bien connu mais souvent difficile à suivre.

Alexander Zverev

Crédit: Getty Images

Il y a un an et quelques jours, Alexander Zverev passait au travers de son huitième de finale contre Diego Schwartzman à New York. Une déception de plus. Pas loin d'être celle de trop pour beaucoup d'observateurs, prêts à jeter le (grand) bébé allemand avec l'eau du bain. La musique était bien connue : Zverev n'y arrivera jamais. En Grand Chelem, s'entend ce qui, au fond, revient à dire qu'il n'y arriverait jamais tout court, les Majeurs occupant tout l'espace à l'heure d'évaluer le bilan d'un joueur, surtout aussi prometteur.
Car Zverev n'est pas n'importe qui. On a tendance à l'oublier un peu vite, mais c'est lui qui, dans un tennis masculin plus vieux que jamais, a secoué en premier le cocotier d'une élite peuplée de trentenaires. Numéro 3 mondial à 20 ans, il comptait déjà trois Masters 1000 à son palmarès quelques jours après son 21e anniversaire, en ayant battu Federer ou Djokovic en finale. Six mois plus tard, il remportait le Masters de Londres en dominant successivement le Suisse puis le Serbe en demie et en finale.
Quand on est capable de tels accomplissements à cet âge, on n'est pas le dernier des tocards. Mais c'est vrai, quelque chose clochait chez ce jeune homme, et parfois, quelque chose semble toujours ne pas tourner complètement rond. Des problèmes extra-sportifs ont freiné sa progression en 2019 mais, même au bout d'une année globalement décevante, il s'était qualifié pour les finales londoniennes. Le signe que son plancher tennistique est plus élevé que le plafond de beaucoup. En Grand Chelem, restait à crever le sien, de plafond.
picture

Best of : Le top points de Zverev

Double maléfique

Sur ce plan, difficile de contester que 2020 aura marqué un grand pas en avant :
Open d'Australie : Il accède aux demi-finales pour la première fois, en battant Stan Wawrinka en quarts.
US Open : Première finale majeure et, peut-être, premier titre.
Quoi qu'il arrive dimanche soir sur le court Arthur-Ashe, cette quinzaine à Flushing lui aura permis de franchir un cap supplémentaire. Il n'est qu'à trois sets d'être celui qui a dépucelé la NextGen. Il y a trois ans, tout le monde aurait trouvé une telle prédiction dans l'ordre des choses. Aujourd'hui, sa consécration aurait valeur de surprise, tant il semblait avoir pris du retard par rapport à un Tsitsipas ou un Medvedev.
Le regard porté sur lui, souvent critique, est à la fois amplement mérité et terriblement injuste. Mérité, car Zverev est parfois désespérant. Même dans ce tournoi où il est un des deux derniers survivants, il a souvent semblé à des années-lumière du niveau requis pour gagner un Grand Chelem.
Pire, il donne de temps à autre l'impression d'être absent, ou de ne pas être heureux sur le court. Contre Pablo Carreno Busta, c'est un fantôme qui a erré pendant deux sets. On avait envie de lui hurler "tu es en demi-finale de Grand Chelem, arrêter de faire la tronche". Puis il s'est mis à jouer, comme s'il avait laissé au vestiaire ce double maléfique qui l'empêche de s'exprimer.
picture

Zverev a encore enclenché le mode "remontada" : sa victoire folle contre Carreño Busta

Si solide, tellement erratique

Difficile de cerner ce garçon susceptible, selon l'heure et l'humeur, de s'avérer fragile contre à peu près n'importe quel joueur au monde ou de malmener les plus grands. Sa victoire, dimanche, apparaitrait même comme une forme de hold-up, tant Dominic Thiem s'est montré constant quand lui donnait dans l'à-peu-près.
Il n'en reste pas moins frappant de voir qu'on ne lui passe pas grand-chose. Un Stefanos Tsitsipas bénéficie d'une mansuétude bien plus grande alors que, depuis sa demi-finale à l'Open d'Australie en janvier 2019, son bilan en Grand Chelem est famélique : un huitième, deux 16es de finale et deux défaites au 1er tour. A côté, sur la même période, Zverev, c'est le Big 3 !
Il n'y avait en réalité aucune raison que le grand Sascha ne réussisse pas en Grand Chelem ce qu'il parvenait à souvent mettre en œuvre ailleurs. Les arguments du manque de mental ou de physique ne tenaient pas la route. Il suffit de scruter son bilan en cinq manches pour s'en convaincre : depuis vendredi soir, il a remporté 14 des 20 matches disputés achevés au 5e set. Un remarquable taux de réussite. Cela ne s'obtient pas sans un peu de carrure dans la tête ou dans les jambes. Si solide, tellement erratique, il est un paradoxe ambulant. Et si, finalement, c'est ce qui faisait son charme ?
picture

Alexander Zverev - US Open 2020

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité