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Kokkinakis face à son pote Kyrgios : "Il a besoin de vivre ses matches dans le chaos"

Mis à jour 29/08/2022 à 11:56 GMT+2

US OPEN - Si l'entrée en lice (et peut-être les adieux) de Serena Williams focalisera l'attention lundi, le duel entre Nick Kyrgios et Thanasi Kokkinakis, également en "night session" ne manquera pas de sel. Les deux Australiens se connaissent par cœur et sont très amis. Pour Eurosport, Kokkinakis évoque sa carrière, pas épargné par les blessures, son rapport au tennis et à son pote Kyrgios.

Nick Kyrgios et Thanasi Kokkinakis en 2022 à Melbourne.

Crédit: Imago

Le tirage au sort aime parfois se montrer malicieux. Nick Kyrgios et Thanasi Kokkinakis étaient en train de s'entraîner ensemble jeudi, quand ils ont appris qu'ils allaient s'affronter au premier tour de l'US Open. "J'ai été surpris et un peu déçu, c'est clair, avoue Kokkinakis dans un entretien accordé à Eurosport. On avait tous les deux envie d'aller loin dans le tournoi." Un seul des deux survivra donc à la première journée puisque leur duel a été programmé lundi sur le court Arthur-Ashe, en session de nuit, juste après LE match-événement de ce début de quinzaine, à savoir l'entrée en lice de Serena Williams.
Les deux potes nourrissent un sentiment ambivalent vis-à-vis de cette confrontation directe. Déçus, oui, mais excités, aussi, à l'idée d'en découdre ensemble. "Nick m'a dit : 'Ça va être sympa, prenons du plaisir, jouons du bon tennis, ça va être intéressant', glisse Kokkinakis. Oui, ça va être sympa et intéressant. Je pense que le stade sera plein, l'ambiance va être bonne. Mais c'est quand même bizarre, on ne s'est pas joués depuis les juniors et là, d'un seul coup..."
Leur unique match en commun remonte effectivement au mois de janvier 2013. C'était chez eux, à l'Open d'Australie, dans le tournoi juniors. En finale, en prime. Kyrgios l'avait emporté en deux sets (7-6, 6-3) pour décrocher le titre. Six mois plus tard, ensemble cette fois, ils soulevaient le trophée du double juniors à Wimbledon. Ils n'imaginaient pas qu'il leur faudrait attendre neuf ans pour se croiser enfin sur le circuit chez les professionnels.
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Open d'Australie, janvier 2013 : Nick Kyrgios et Thanasi Kokkinakis en finale du tournoi juniors.

Crédit: Getty Images

L'éternel retour de Kokkinakis

Chacun à leur échelle, les deux "Special K's" comme les a baptisés la presse australienne, vivent la meilleure saison de leur carrière. Nick Kyrgios justifie enfin tout son potentiel. Finaliste du dernier Wimbledon, il a signé en 2022 des victoires sur Medvedev, Tsitsipas, Ruud, Sinner ou Rublev et soulevé à Washington son premier trophée depuis trois ans. Sans la décision de l'ATP de ne pas accorder de points lors du Grand Chelem londonien, le natif de Canberra aurait d'ores et déjà repris place dans le Top 15. Au-delà de son classement, il est devenu une menace beaucoup plus constante pour la concurrence.
Thanasi Kokkinakis n'en est pas là. Il a atteint son meilleur classement (69e, et il est actuellement 70e), en grande partie grâce à son début de saison. A Adélaïde, dans sa ville natale, il a d'abord atteint les demi-finales avant de remporter son tout premier titre la semaine suivante. La suite a été un peu moins brillante sans jamais être honteuse, d'autant qu'il ne faut pas oublier que le garçon avait débuté l'année à la 171e place mondiale. En cumulant 900 000 dollars de gains en simple et en double cette année, il a aussi mis du beurre dans les épinards. Les sponsors reviennent vers lui, alors que beaucoup l'avaient lâché pendant qu'il était au fond du trou.
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Kokkinakis s'offre son premier titre chez lui face à Rinderknech : le résumé de sa victoire en vidéo

Reste que sa plus grande victoire, c'est surtout d'avoir déjà disputé 16 tournois en 2022. Pour un joueur ayant passé la majeure partie de sa carrière à l'infirmerie (au mieux) ou sur le billard, ça n'a pas de prix. Pour la première fois depuis sept ans, il s'apprête même à jouer l'intégralité des quatre tournois du Grand Chelem.
Je suis sûr que quand on sera sur le court... Non, en fait, je n'en sais rien
Sa dernière apparition à Flushing Meadows remonte à 2019. C'était son grand retour. Prometteur avant ses 20 ans, il a ensuite vu sa carrière flinguée par une incroyable succession de blessures. Épaule, genou, coude, aine, abdominaux, il a quasiment tout connu. "Mon corps est complètement déformé à force de blessures", avouait-il alors. Puis, il y a trois ans, la lueur d'espoir. Du moins le croit-il. Il franchit le premier tour de l'US Open, sa première victoire en Grand Chelem depuis 51 mois. Au deuxième, il doit affronter Rafael Nadal. Une récompense, pour lui. Puis, à nouveau, le corps qui lâche : déchirure pectorale.
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Thanasi Kokkinakis et ses souffrances.

Crédit: Getty Images

"J'avais travaillé tellement dur pour revenir, nous dit-il. Je m'étais déjà fait une déchirure pectorale après l'Australie et j'étais resté six mois sans jouer. Puis je reviens à l'US Open, je joue un super match au premier tour. Je dois affronter Rafa, sur un grand court. J'entends même dire qu'il y a une chance que Kobe Bryant soit en tribune pour voir le match. Mais je me suis à nouveau blessé. J'ai passé un scanner qui a montré que la déchirure était revenue. J'en ai pleuré. Mais je suis content de m'être toujours battu et d'avoir été résilient."
Stoppé par Novak Djokovic dès le deuxième tour à Wimbledon, le voilà donc contraint de se coltiner un nouveau gros client d'entrée de jeu à New York. Son ami, en plus. Mais ce coup du (tirage au) sort n'a rien changé entre eux. "Rien du tout, sourit l'Australien. On ne s'évite pas. On continue de parler tout le temps. Rien n'a changé. On raconte toujours des conneries dans le vestiaire, on s'envoie des trucs sur Instagram." Puis il ajoute, un peu perturbé quand même par la situation : "Mais je suis sûr que quand on sera sur le court... Non, en fait, je n'en sais rien. Ce que je sais c'est qu'après, on ira boire un verre et tout ira bien."

Le Masters de double ensemble ?

Pour n'importe qui, affronter Nick Kyrgios est une expérience. Il y a le défi sportif, compte tenu du talent du bonhomme, mais aussi sa façon d'être, souvent déroutante, parfois à la frontière du paranormal. Sera-t-il différent lundi soir parce qu'il y aura son pote de l'autre côté du filet ? Kokkinakis n'en est pas convaincu. "Au moins, avec Nick, je sais à quoi m'attendre, dit-il. Il amène tout un cirque autour de lui chaque fois qu'il joue. Il a besoin de vivre ses matches dans le chaos, c'est dans cet environnement qu'il est le meilleur. C'est comme ça qu'il se sent le mieux. Il a toujours été comme ça."
Il sait en tout cas que la tâche sera complexe pour lui. A commencer par la gestion du service de son compère, même s'il le connaît peut-être mieux que n'importe qui. "Est-ce que ça peut être un avantage pour moi ?, s'interroge-t-il. Je l'espère mais je ne veux pas parler trop vite. Il est vraiment difficile à retourner. Quand je vois combien d'aces il a fait en finale de Wimbledon contre Djokovic, la difficulté que Novak a eu à le lire... Sur le retour de service, je place quand même Djokovic au-dessus de mois ! C'est le plus grand obstacle avec Nick."
Quoi qu'il arrive, tout se terminera donc autour d'un verre, avant que les deux hommes ne se concentrent sur leur objectif commun : le tournoi de double. Ensemble, ils ont conquis le titre à l'Open d'Australie. Ils espèrent même se qualifier pour le Masters en fin d'année. "Ce serait la cerise sur le gâteau", pour Kokkinakis. Au-delà, l'Australien ne veut pas se projeter. Il a appris à mener sa carrière au jour le jour, en espérant que la prochaine tuile ne le guette pas au tournant.
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Du grand spectacle et un immense bonheur : le résumé du sacre de Kyrgios et Kokkinakis

Il y a des aspects de mon métier que j'adore et d'autres que je déteste
Voilà sans doute pourquoi sa relation au tennis professionnel n'est pas tout à fait celui de la majorité de ses collègues. Il confesse même un rapport ambigu avec son métier. Surtout cette année. "Je n'ai jamais été habitué à jouer aussi longtemps, rappelle Kokkinakis. C'est le truc avec lequel j'ai le plus de mal cette année. Rester motivé tous les jours, j'ai parfois du mal. J'ai eu de très bonnes semaines, et d'autres où je me dis : 'Merde, jamais je n'aurais dû perdre ce match'."
Il va même un peu plus loin : "Pour être honnête, et je crois que je n'ai jamais dit ça avant dans une interview, mais il y a des aspects de mon métier que j'adore et d'autres que je déteste. J'aime le jeu et le côté compétition. Mais il y a des moments où j'aimerais juste avoir un boulot stable, chez moi, rester à la maison quand je ne travaille pas et me relaxer. Mais je sais aussi que mon corps ne me laissera pas jouer éternellement au tennis alors, tant que ça tient, j'essaie de tirer le meilleur de moi-même."
Dans ses états d'âme, Thanasi Kokkinakis n'est parfois pas très éloigné d'un certain Nick Kyrgios. C'est peut-être pour ça que ces deux-là s'entendent et se comprennent aussi bien. Mais lundi, au cœur de la nuit new-yorkaise, l'un et l'autre ne devraient avoir aucun mal à trouver la motivation. Pour ça, rien de tel qu'une petite bataille entre potes.
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Kokkinakis - Kyrgios, les deux font la paire.

Crédit: Getty Images

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