Us Open - Après son élimination, Stefanos Tsitsipas tourne en rond : "Il a du mal à trouver sa voie"

On ne sait pas vraiment si c'est une bonne nouvelle pour lui. Si Stefanos Tsitsipas s'est construit une image de mauvais perdant sur le circuit selon certains, c'est sans doute parce que, comme tout champion, il abhorre la défaite. Ce mercredi, pourtant, pas le moindre signe de frustration à New York au moment de se présenter face à la presse, pas le moindre énervement après une élimination évitable face à un gamin certes doué mais encore en dehors du Top 100. C'est comme s'il s'était habitué à ces déconvenues.

Sa défaite face à Dominic Striker (7-5, 6-7, 7-6, 6-7, 6-3) acte en réalité un déclassement visible depuis quelques mois qui interroge pour la suite : faut-il encore attendre monts et merveilles du Grec, de son jeu aérien et son style offensif ? Plutôt friande du tennis de Tsitsipas, Justine Hénin a écarté l'idée d'une malédiction US Open pour le Grec, qui n'a jamais atteint la deuxième semaine ici. "C'est vrai qu'il n'a jamais dépassé le stade du 3e tour à New York mais je ne suis pas sûre qu'il faille ramener ça au lieu ou à ce tournoi en particulier. Au-delà, c'est une période délicate pour lui", a-t-elle estimé.

Si sa finale à Melbourne avait lancé sa saison de manière presque inattendue tant le Grec ressemblait davantage à un outsider de second rang, la suite ne fut pas à la hauteur des attentes. Une finale à Barcelone perdue en avril contre Carlos Alcaraz, un titre à Los Cabos en juillet : un bilan très éloigné de ses standards passés, notamment en 2019, 2021 ou 2022. Calme donc mais surtout très lucide quant à sa dynamique actuelle, Tsitsipas n'a pas caché que son été n'avait pas permis de le mettre sur les bons rails avant New York.

"Ce qu'il s'est passé cet été, c'est simplement que je n'ai pas été assez bon pour faire de bons résultats, a-t-il admis. Je n'accuserai personne d'autre que moi pour ça. C'était juste une mauvaise performance globale après Los Cabos. J'ai eu une transition compliquée à Toronto avec un gros jetlag qui ne m'était encore jamais arrivé sur le circuit. […] Mes résultats, y compris celui d'aujourd'hui, sont juste de la compétition pure. Mes adversaires ont mieux joué au tennis que moi."

C'est tout le problème. Sa dynamique des derniers mois laisse dessiner une vraie perte d'influence sur le circuit. Retombé au 7e rang mondial, dépassé désormais par Carlos Alcaraz mais aussi Holger Rune, fameux membres de la "Next Next Gen", Tsitsipas semble avoir du mal à réaliser le virage nécessaire à sa carrière. Celui qui pourrait lui permettre de réellement viser plus haut.

La preuve de ce tâtonnement se trouve d'ailleurs dans son été 2023. Comme le réclamaient de nombreux suiveurs du circuit ces dernières années, le Grec avait annoncé début août qu'il reprenait Mark Philippoussis comme coach et, surtout, écartait son père des affaires quotidiennes. Un vrai bouleversement pour celui qui n'a connu que l'omniprésent et omnipotent Apostolos depuis ses débuts. La révolution n'aura finalement duré qu'un mois.

Auprès d'Eurosport, il a confirmé qu'il mettait déjà fin à sa collaboration avec l'Australien pour retrouver son père. De quoi franchement s'interroger pour la suite. Hors terrain, sa relation fusionnelle en mondovision avec Paula Badosa peut aussi avoir eu une incidence, comme l'expliquait Justine Hénin dans l'Eurosport Tennis Club.

"On est très très exigeant par rapport à ce qu'on pouvait attendre de Stefanos Tsitsipas dont on imagineait qu'il deviendrait un vainqueur de Grand Chelem, a-t-elle synthétisé. Mais finalement, il a eu aussi du mal à trouver sa voie. Il a eu des changements dans sa vie, avec son papa, sa vie privée qui prend une autre dimension donc il se passe plein de choses. Est-ce qu'il est perturbé par ça ?" Seul Tsitsipas semble être en mesure de répondre à la question.

A 25 ans, rien n'est trop tard. Mais le gamin prodigieux de Melbourne 2019 semble bien loin. Les réponses doivent venir de lui. Encore faut-il être en mesure de les trouver. "On aime le joueur, on aime son jeu donc on aimerait le voir aller beaucoup plus loin, a finalement résumé notre consultante. Ça devient dur pour lui, il est un peu dans le creux."