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Djokovic : "Quand la foule crie 'Roger', j'entends 'Novak'"

Laurent Vergne

Mis à jour 15/07/2019 à 11:52 GMT+2

WIMBLEDON - Dimanche, Novak Djokovic a dû affronter Roger Federer, ce qui aurait pu suffire à sa peine, mais aussi le public du Centre Court, massivement derrière le champion suisse. Pas toujours simple à gérer. Mais le Serbe a tenté à sa manière d'utiliser ce contexte particulier. Mentalement, il a dû produire un effort hors normes pour s'en sortir.

Roger Federer et Novak Djokovic.

Crédit: Getty Images

Quand on a 32 ans et 16 titres du Grand Chelem au compteur, a priori, on a à peu près tout vu. Mais rien de ce que Novak Djokovic a connu dans sa carrière ne s'approche de cette finale de Wimbledon. Sur le fond comme sur la forme, le numéro un mondial a signé un succès qui ne ressemble à aucun autre. On l'a connu plus souverain. On peut même arguer qu'il a été globalement dominé dimanche. Mais au prix d'un double combat éreintant contre son adversaire et peut-être plus encore contre lui-même, il est, comme souvent, sorti vainqueur. Ce n'est pas un hasard s'il a remporté sept de ses huit dernières finales majeures.
Il l'assure, et on peut le croire sur parole, jamais il n'a eu à produire un tel effort psychologique. "C'était probablement le match le plus exigeant mentalement auquel j'aie jamais participé, a-t-il confié après son épique victoire. J'avais connu mon match le plus exigeant physiquement contre Nadal en finale en Australie (en 2012, ndlr), qui a duré presque six heures. Mais mentalement, c'était un niveau différent aujourd'hui (dimanche). C'était un énorme soulagement à la fin, honnêtement."
Il lui a fallu ne pas se frustrer devant la qualité de son tennis, parfois erratique car, comme il l'a admis lui-même, il aurait pu "beaucoup mieux jouer". "Mais, ajoute-t-il, tu dois te rappeler que tu es là pour une raison et que tu es meilleur que l'autre gars. Aussi difficile que soit le moment."
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Novak Djokovic

Crédit: Eurosport

Il a dicté le jeu
Voilà comment, bousculé pendant trois sets, il a réussi à virer en tête après la première et la troisième manche. Comment il a haussé son niveau de jeu dans chacun des trois jeux décisifs jamais aussi bien nommés et comment, face à deux balles de match contre lui à 8-7 sur le service de Federer dans le dernier set, il n'a pas sombré. "Je pense que, la plupart du match, j'ai joué en reculant, constate le Serbe. Je me défendais. Il a dicté le jeu. J'ai juste essayé de me battre et de trouver un moyen de gagner quand c'était le plus important."
Mais au-delà du jeu, Novak Djokovic s'était surtout préparé à la solitude de celui qui doit défier Federer en finale dans son jardin anglais. A Londres comme ailleurs, et même peut-être à Londres un peu moins qu'ailleurs, le Djoker n'a pas la même cote d'amour que Roger Federer. Il n'est pas le seul, évidemment. Tout le monde est dans le même cas.
Mais le Serbe, que l'on dit "mal-aimé", en tout cas comparativement à ses deux grands rivaux, Federer et Rafael Nadal, n'est pas tout le monde. Sans doute doit-il considérer qu'on devrait le considérer autrement. Il ne s'agit pas là d'un élément neutre, puisque ce rapport de forces affectif à ce point en sa défaveur a impacté sa manière de préparer cette finale et de se comporter durant celle-ci.
Une bataille constante à l'intérieur, plus forcément avec l'extérieur
Comme évoqué ici, c'est pour s'isoler au maximum de ce contexte que le numéro un mondial s'est montré dimanche à ce point sur la réserve émotionnellement. "Je m'étais promis en rentrant sur le court de rester calme, quoi qu'il arrive", a-t-il confié. Pendant ces cinq heures, il a dû avoir envie de hurler cent fois, mais il s'est tenu à cette promesse.
Pour tenir cet engagement envers lui-même, Djokovic a pris sur lui. Comme si respecter cette promesse avait constitué un préalable à une éventuelle victoire. "Pour moi, c'est une bataille constante à l'intérieur, plus forcément avec l'extérieur", explique-t-il encore. Sa manière à lui de se blinder contre l'attitude d'une foule qui, dans son immense majorité, ne souhaitait pas le voir gagner.
"C'est dur ne pas le voir, sourit-il. Parfois, vous essayez juste de l'ignorer, ce qui n'est pas simple. Quand vous avez le public avec vous, ça aide, ça vous donne de la force, de l'énergie. Quand vous ne l'avez pas, vous devez trouver tout ça en vous." Alors Djokovic ressort sa bonne vieille méthode de la "visualisation". Une visualisation... auditive, cette fois. "Quand la foule crie 'Roger', j'entends 'Novak' (rires). Ça parait stupide mais c'est comme ça. J'essaie de me convaincre que c'est comme ça." Stupide ou pas, ça l'a aidé à ne pas sombrer.
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Novak Djokovic et Roger Federer à Wimbledon en 2019

Crédit: Getty Images

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