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Saison 2021 - Après son échec sur Paris-Roubaix, comment juger la saison de Wout van Aert (Jumbo-Visma) ?

Cyril Morin

Mis à jour 04/10/2021 à 21:30 GMT+2

PARIS-ROUBAIX - Pour son dernier objectif majeur de la saison, Wout van Aert a raté sa course, entre "erreur" stratégique et manque de jambes. Le Belge quitte la scène pour l’année 2021 après une saison paradoxale : personne n'aura semblé aussi dominant que lui. Mais en dépit de quelques succès et d'un Tour de feu, il aura surtout accumulé les places d'honneur, laissant un goût d’inachevé.

Mauvais placement et forme déclinante : pourquoi Van Aert n'a pas pesé sur le final

Rincé. S'il fallait retenir un mot pour décrire Wout van Aert franchissant la ligne de Paris-Roubaix dimanche, on ne chercherait pas bien longtemps. Couvert de boue, le Belge a semblé marqué par un scénario défavorable, un résultat décevant et une arrivée effectuée sans lunettes qui aura mis à mal sa vision. Bref, une certaine idée de l'Enfer du Nord. Et c'est presque avec soulagement que la star de la Jumbo-Visma a mis un terme à sa saison.
"Vous n'êtes pas près de me revoir, a-t-il lancé en direction des journalistes qui l'interrogeaient sur ses semaines à venir. La saison a été très exigeante. J'ai besoin d'une longue période de repos, je l'attends avec impatience. J'espère m'arrêter au moins trois semaines et avant cela, je dois me débarrasser de cette douleur aux yeux."
Wout tout puissant a mérité son repos. Il est l'homme qui a le plus gagné en 2021, avec 13 victoires devant les 12 de Tadej Pogacar et Primoz Roglic. Il fut brièvement numéro un mondial avant de rendre le trône au plus jeune Slovène des deux. Il fut un ogre insatiable en juillet, un colosse tout-terrain franchement bluffant avec trois étapes de rêve accrochées à son palmarès qui déborde déjà : Mont Ventoux, Saint-Emilion et Champs-Elysées. Un triptyque l'isolant un peu plus dans la légende.
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Tokyo, première "déception"

Son Tour de France ne fut finalement que le reflet d'un printemps démarré piano (avec lui, ça signifie a minima le Top 10) pour monter en puissance vers Tokyo. Trois étapes de Tirreno-Adriatico, bouclé à la deuxième place au général, les bras en l'air sur Gant-Wevelgem, l'Amstel Gold Race et le Championnat de Belgique laissaient augurer une montée en puissance irrésistible, malgré quelques déceptions notables, avec des Strade Bianche (4e) passées dans l'ombre de ses rivaux van der Poel et Alaphilippe, un Milan - San Remo (3e) où il aura été piégé, un Tour des Flandres (6e) où les jambes lui auront manqué et une Flèche-Brabançonne (2e) où Pidcock l'aura sauté sur la ligne. Mais avant tout cela, il y avait eu cette 2e place au Mondiaux des cyclo-cross dès janvier derrière MVDP, annonciateur du reste.
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Toujours là, parfois gagnant mais souvent frustré, Van Aert arrivait pourtant à Tokyo avec la pancarte dans le dos et le vent en poupe. Pour lui, on envisageait un double podium, sur la course en ligne puis sur le chrono. Il était l'homme à battre, au zénith de sa confiance et avec une forme censée être optimisée pour ces JO.
Sa plus grande force fut alors sa principale faiblesse : trop fort pour tout le monde, il fut surveillé comme le lait sur le feu, tout comme Tadej Pogacar. Tout l'inverse d'un Richard Caparaz parti sans se retourner, laissant Van Aert à son amère médaille d'argent. Sur le chrono, pas de jambes, pas de grosses sensations, donc pas de doublé olympique. "Peut-être que c'était la course de trop", avait-il lâché en quittant Tokyo après son contre-la-montre, déjà conscient des limites d'un exercice essorant : être présent partout, tout le temps, avec des possibilités de gagner quasi-systématiques.
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Fiasco belge et fin de saison ratée

Il s'était alors éclipsé, retapant un physique mis à rude épreuve. C'est aussi ça, être Wout van Aert : victoires comme déceptions sont vite effacées par les objectifs à venir. Tokyo n'avait pas été à la hauteur de ses attentes ? Les Championnats du monde, chez lui, dans les Flandres, seraient son lieu de couronnement, le point final d'une saison majuscule. Son retour tonitruant sur le Tour de Grande-Bretagne (Première place au général et 4 étapes remportées) n'avait fait que renforcer ce que tout le peloton savait déjà : le grand favori de Louvain, c'était lui. Là encore, les rêves d'un doublé chrono-course en ligne étaient vivaces.
Pour six secondes, l'infernal Filippo Ganna l'a frustré sur le CLM. La suite fut encore pire. L'indomptable Julian Alaphilippe et la tactique feu d'artifice des Français ont complètement déboussolé une équipe belge montée pour sacrer van Aert. Le fiasco fut total et les stigmates, encore visibles ces derniers jours, risquent de durer un bout de temps.
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Ce Paris-Roubaix, achevé à la 7e place, aura finalement été la conclusion d'une fin de saison en eau de boudin, synonyme d'un gros creux physique et d'une confiance sans doute érodée. "Quand Mathieu (van der Poel) a accéléré, j'étais trop loin derrière, a-t-il détaillé. C'était une grosse erreur. Je n'avais pas les sensations espérées sur les pavés mouillés, je n'y voyais pas bien. Je n'étais pas rassuré quand je me trouvais dans les roues et je perdais beaucoup d'énergie".
Tour des Flandres, JO, Mondiaux ou Paris-Roubaix : sur les courses d'un jour, tous les grands objectifs de la saison de WVA auront raté la cible, sans que tous soient à placer au même niveau. Sur ses 13 succès de l’année, 9 seront intervenus sur des courses par étape. Autrement dit, la moisson fut mince pour les courses d’un jour, censées être sa spécialité.
Reste donc une sensation de gâchis, au vu de sa domination sur le reste du peloton. "Wout van Aert devra apprendre à choisir", avait titréLe Soir après son loupé lors du Tour des Flandres. "À bout de souffle en cette fin de saison, Wout Van Aert doit-il mieux cibler ses objectifs à l'avenir ?", s’interroge ce dimancheLa Libre Belgique. Un refrain qui monte en Belgique. Histoire que l'ogre apprenne à mieux manger plutôt qu'à presque tout dévorer. Tout est dans le presque.
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