La Vuelta - Protégé de Pogacar, choyé par Contador : Ayuso-Rodriguez, terreurs de demain ?

VUELTA 2022 - Juan Ayuso, Carlos Rodriguez. Notez bien ces noms car vous allez être amenés à les entendre et les lire très souvent dans les mois et années à venir. Le duo dont l'âge cumulé (40 ans) est inférieur à celui d'Alejandro Valverde (42 ans) représente l'avenir du cyclisme espagnol et peut-être même son présent s'il confirme son bon début de Vuelta.

Un finish en solitaire et Rodriguez devient champion d'Espagne : revivez son arrivée en vidéo

Video credit: Eurosport

Le hasard fait bien les choses. Au moment où Alejandro Valverde fait sa tournée d'adieux et se prépare à tirer sa révérence, l'Espagne accueille sur son tour national la fine fleur de sa jeunesse avec Juan Ayuso (19 ans/UAE Team Emirates) et Carlos Rodriguez (21 ans/INEOS Grenadiers). Les deux pépites, rivaux autant que gloutons dans les catégories de jeunes, occupent, après la première étape de montagne, les 5e et 8e places du classement général de la Vuelta. Inattendu et évidemment prometteur.
Quand nous avions relaté dans ces colonnes, au cœur du Tour de France, les difficultés du cyclisme espagnol, privé de succès d'étape sur les grands tours pendant 668 jours et 121 étapes, notre confrère d'Eurosport Espagne, Enrique Sanchez, avait ces mots pour… Enric Mas : "Il manque d'ambition. Il n'a pas faim. C'est le coureur régulier par excellence, mais qui ne cherche pas les grandes envolées pour aller gagner une étape. On a l'impression qu'il est content de faire 3e du général". A la lecture de ces mots, et au vu de l'incapacité du leader de la Movistar d'aider Remco Evenepoel dans le Pico Jano, vous comprenez pourquoi l'Espagne a des yeux de chimère pour ses deux espoirs.
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Des terreurs chez les jeunes

Comment ne pas les avoir alors qu'au sommet, Ayuso a terminé 42 secondes devant le groupe des Roglic, Hindley, Yates, Almeida ou encore… Rodriguez ? Ce dernier, maillot de champion d'Espagne sur le dos, s'est accroché aux basques de Pavel Sivakov et Tao Geoghegan Hart avec qui il partage encore le leadership de la puissante INEOS, ce que ne peut plus espérer Richard Carapaz, dont le CV affiche pourtant un succès et trois autres podiums en grands tours.
Mais d'où viennent les deux pépites ? De loin et comme il n'y a jamais de hasard au haut niveau, leurs signatures respectives chez UAE et INEOS résultent de carrières rares chez les juniors où les deux, séparés d'un an et demi, ont écrasé les compétitions espagnoles. Prenez par exemple la saison 2020 d'Ayuso et ses succès au Circuit de Guadiana, au Mémorial Joan Bautista Llorens, sur trois étapes du Tour du Besaya ou encore sur le chrono et la course en ligne du championnat d'Espagne de la catégorie. Sans le Covid et la fin, ou presque, des courses juniors, le Catalan aurait pu tutoyer l'exceptionnel.
Et Rodriguez ? Plus âgé donc, il avait brillé en 2019 remportant le Tour de Gironde et la Gipuzkoa Klasika et dominant Ayuso cette fois sur le chrono national. L'un comme l'autre pourraient actuellement disputer le Tour de l'Avenir, comme Remco Evenepoel, mais leur talent les a fait zapper la catégories espoirs même si Ayuso avait fait une pause dans sa première saison professionnelle pour écraser le Giro U23, décrochant les maillots jaune, vert, à pois et blanc, dans une sorte de performance "merckxienne" à l'échelle inférieure.

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Plutôt grimpeur, même si Juan Ayuso assure ne pas encore savoir s'il ne serait peut-être pas plutôt un puncheur, le duo avait pour idole Alberto Contador. C'est d'ailleurs au sein de la fondation Kometa, montée par l'ancien double vainqueur du Tour de France, que Rodriguez a fait ses classes en 2018 et 2019 avant qu'INEOS ne devance la Movistar dans la chasse à la pépite. En difficulté, l'équipe aurait bien aimé pouvoir attirer l'un ou l'autre mais financièrement, impossible de lutter avec les grosses cylindrées du World Tour…
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Au sein de ces armadas, Ayuso et Rodriguez ont de quoi apprendre. Le premier avait d'ailleurs surpris un certain Tadej Pogacar lors d'un stage en altitude début 2021 en s'accrochant à sa roue jusqu'au sommet d'une ascension-test. "Nous devions aller jusqu'au sommet à fond, je me sentais bien et voilà…, sourit humblement l'Espagnol. Apprendre et être au contact du meilleur coureur du moment était incroyable. Il m'aide à devenir un meilleur coureur."

Le cyclisme espagnol veut ouvrir un nouveau chapitre

Même thème chez Carlos Rodriguez qui se confiait à l'Equipe en mars dernier quelques jours avant son succès sur une étape du Tour du pays basque : "Chez Ineos, je savais que j'allais être entre de bonnes mains et que personne n'allait me mettre la pression. Mon ambition première a toujours été d'apprendre le métier de coureur cycliste." Il l'apprend plutôt bien, s'estimant même "en avance" par rapport à son tableau de marche. Un constat évidemment possible aussi du côté d'Ayuso.
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"Je sais qu'en Espagne on attend déjà beaucoup de moi, et pareil avec Juan Ayuso, confiait encore Rodriguez à L'Equipe. C'est surtout parce que le cyclisme espagnol a récemment vécu la fin d'un cycle avec les retraits de "Purito" Rodriguez, de Contador et bientôt de Valverde. Les gens voudraient voir arriver d'autres coureurs aussi performants." Le weekend montagneux dans les Asturies pourrait permettre aux deux d'être "performants", de surprendre et pourquoi pas même de crever l'écran.
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