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Tour de Lombardie : Part de bluff et nostalgie, qu’attendre de Vincenzo Nibali ?

Simon Farvacque

Mis à jour 08/10/2021 à 20:06 GMT+2

TOUR DE LOMBARDIE - Vincenzo Nibali n'avait plus gagné depuis plus de deux ans. Il y a une semaine, il y a remédié avec brio, en remportant "son" Tour de Sicile. De là à en faire un favori du dernier Monument de la saison ? Peut-être pas, mais ce n'est pas plus mal pour le Requin de Messine, double lauréat de l'épreuve et fin stratège, qui a pris soin de ne pas trop se montrer lors de Milan-Turin.

Le requin chasse en solitaire : comment Nibali a remporté le Tour de Sicile

Le Requin de Messine a repris des couleurs. Il y a une semaine lors de l’épilogue du Tour de Sicile, Vincenzo Nibali a retrouvé son attitude de carnassier et ses jambes d’antan. Romain Bardet, Alejandro Valverde and co. n’ont pas réussi à lui emboîter le pas et il est allé décrocher les 53e et 54e succès de sa carrière (étape et classement général), mettant fin à plus de deux ans de disette. De quoi faire fantasmer ses tifosi, à huit jours du Tour de Lombardie.
Mais depuis, Nibali est rentré dans le rang. Il a pris la 17e place des Trois vallées varésines mardi. Puis il a été transparent mercredi, lors d’un Milan-Turin au casting clinquant, décanté par la Deceuninck-Quick Step du duo Almeida-Alaphilippe et remporté par un Primoz Roglic royal, devant Adam Yates (2e) ou autre Tadej Pogacar (4e). Le Squale n’a pas quitté le banc des plus modestes poissons, coupant la ligne 5 minutes plus tard, en 44e position.
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"Je ne m’inquiète pas pour lui…"

Alors, que penser de Vincenzo Nibali et de sa forme, à la veille d’un Monument qu’il a déjà accroché deux fois à son palmarès ? Selon notre consultant Nicolas Fritsch, la terne semaine de Nibali n’est pas significative : "Je ne m’inquiète pas pour lui. Il est arrivé à un âge avancé, où il n’y a que les grands objectifs qui comptent. Il voulait gagner le Tour de Sicile - c’est un Sicilien et il ne l’avait jamais remporté - et il veut gagner le Tour de Lombardie."
Un argument d’autant plus recevable que Nibali n’a pas attendu d’avoir 36 ans pour courir "à l’ancienne", en utilisant certaines courses comme des épreuves de préparation, en vue d’un grand rendez-vous. Quand il était dans la force de l’âge, cette tendance était moins marquée. Mais il a tout de même remporté un Tour de France après avoir pris la 7e place du Dauphiné (2014) ou encore un Giro au sortir d’une 21e place sur le Tour du Trentin (2016).
C’est la seule course que j’ai essayé de ne jamais manquer
Une façon d'opérer qui a fait ses preuves, comme nous l’avait expliqué Jacky Durand, dans le cadre d’un long format sur le Ronde : "Peter Van Petegem était comme ça (…) Tu le voyais sur une course par étapes en Espagne, mais il ne faisait que de l’entraînement. Des efforts sur 40 secondes. Il y avait une bosse, il attaquait. Derrière, il se faisait lâcher, il rallongeait à nouveau. Mais ce n’était que dans l’optique du Tour des Flandres (qu’il a gagné deux fois, NDLR).
Et LA course d’un jour de Vincenzo Nibali, c’est le Lombardie. "C’est la course qui m’a le plus impressionné depuis que je suis devenu cycliste professionnel. En tant d’années de carrière (17, NDLR), c’est la seule que j’ai essayé de ne jamais manquer", déclare ainsi le Sicilien aux treize participations, sur le site de sa formation, Trek-Segafredo.
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Côme-Bergame, pas sons sens de prédilection

Paradoxalement, samedi, Nibali ne se sentira pas comme un poisson dans l’eau entre Côme et Bergame. Ou, au mieux, comme un poisson à contre-courant. "L’arrivée n’a eu lieu à Bergame que deux fois au cours des dix dernières années, en 2014 et 2016… deux des rares fois où j’ai raté le Tour de Lombardie", relate celui qui a triomphé à Côme en 2015 et 2017.
Une caractéristique de l’épreuve lombarde perdure en revanche et sied à un Nibali sans doute de moins en moins explosif, mais qui se considère toujours très endurant : c’est avant tout une course d’usure. "La distance (239 km) est une donnée importante, surtout en fin de saison, note-t-il. Avec mes caractéristiques, je ne peux qu’être heureux que ce soit si difficile."
Samedi, le vainqueur de la Vuelta 2010 partagera le leadership avec Bauke Mollema, autre lauréat du dernier Monument du calendrier (en 2019). Son Tour de Sicile brillant a ravivé la nostalgie de ses grandes heures, mais il n’est peut-être même pas la meilleure carte de son équipe. Le ranger parmi les favoris serait audacieux. "Cela va être difficile pour lui… mais on ne peut pas écarter un Nibali comme ça, surtout qu'il a montré qu’il revenait très fort", expose Fritsch.
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La pression est sur les épaules de Roglic

Quant à Nibali, il semble se satisfaire de ce statut d’outsider de luxe, qu’il connaît peu : "Ces dernières années, les médias m’ont toujours inclus parmi les favoris. Courir et gagner en favori est compliqué, parce que tout le monde a les yeux rivés sur vous. Vous ne pouvez pas compter sur l’effet de surprise." Il laisse volontiers le costume de l'épouvantail à Primoz Roglic.
"Pour être favori du Lombardie, il faut une bonne approche. Ceux qui ont été forts lors de la Vuelta, par exemple, peuvent avoir un avantage s’ils sont capables de garder la condition", analyse celui qui a fait l’impasse sur le Tour d’Espagne en question. Avant d’ajouter, concernant le vainqueur de ce Grand Tour et de Milan-Turin : "La performance de Roglic en est un bon exemple." Nibali s’est rassuré sans redevenir le plus épié. Reste à savoir s’il saura en profiter.
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