Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Euro féminin 2022 - Demi-finale, France-Allemagne : pourquoi les Bleues ont de quoi trembler

Vincent Roussel

Mis à jour 27/07/2022 à 14:41 GMT+2

EURO 2022 – Nation la plus titrée de l’histoire de l’Euro et la plus dominante du début des années 2000, l’Allemagne avait perdu de son standing depuis son élimination en quart en 2017 et attaquait la compétition sans grandes certitudes. Mais un parcours parfait pour rallier la demi-finale, où les Allemandes défient les Bleues ce jeudi (21h), a rappelé que les patronnes étaient toujours là.

Diacre, de la tension et une question : quelle équipe pour débuter ?

A peine le plafond de verre brisé, voilà désormais les Bleues face à une montagne. Qualifiées au bout du suspense pour la première demi-finale de son histoire à l’Euro, les Françaises, qui viennent de terrasser le tenant du titre néerlandais (1-0, a.p.), doivent désormais faire face à la nation la plus titrée de la compétition : l’Allemagne, qu’elles affronteront à Milton Keynes ce mercredi.
Avec huit titres, dont 6 d’affilée entre 1995 et 2013, la formation de Martina Voss-Tecklenburg devrait logiquement effrayer les Tricolores. Mais la nation qui a dominé le foot féminin mondial au début des années 2000 (avec notamment deux titres en Coupe du monde, en 2003 et 2007) a perdu de sa superbe depuis quelques années et le titre décroché aux Jeux de Rio en 2016.
Eliminée en quart de finale de l’Euro 2017 par le Danemark (2-1) puis au même stade, par la Suède (2-1) lors de la Coupe du Monde 2019, "Die Nationalelf", son surnom en VO, restait une des nations favorites à la victoire finale avant le début de la compétition, mais elle n’effrayait pas ses adversaires comme il y a dix ans. "C’est une grande nation et par le passé, on a pu avoir, selon vous [les journalistes, NDLR], ce complexe d’infériorité. Mais là, il n’y a pas de complexe à avoir, a ainsi répondu Wendie Renard en conférence de presse d’avant match. Il faudra jouer avec nos qualités, elles ne sont pas contentes de nous jouer non plus".
picture

Un supporter conquis : "Je mets un billet sur la France face à l'Allemagne"

Le déclassement de l’équipe qui avait l’habitude de martyriser toute l’Europe est tel que, pour Pascal Steimann, suiveur de l’équipe de Lina Magull pour Eurosport Allemagne, "c’est vraiment une surprise que l’équipe ait réussi à arriver à ce stade. Mais surtout, c’est la manière dont elle l’a fait qui est étonnant".
Placée dans un groupe relevé, avec l’Espagne, qu’elle a battu au terme d’un match plein de sang-froid (2-0) et le Danemark (4-0), l’Allemagne a remporté ses 4 premiers matches de la compétition, elle possède la deuxième meilleure attaque du tournoi (11 buts, contre 16 pour l’Angleterre), et surtout, elle est devenue la première nation de l’histoire à garder ses cages inviolées lors de ses quatre premières sorties dans un Euro.
picture

"Qu’on la déteste ou qu’on l’adore, les résultats sont là" : Diacre finit par séduire

"Par rapport aux matches précédents, et notamment la Coupe Arnold Clark (où l’Allemagne avait perdu face à l’Angleterre et au Canada, après avoir concédé un nul face à l’Espagne, NDLR), l’équipe montre un visage totalement différent, se réjouit Steimann. Les joueuses ont dû trouver le remède durant la préparation".
Les forces de l’Allemagne, ce sont l’esprit d’équipe et l’éthique de travail
Pour lui, c’est principalement dans les têtes que la différence s’est opérée : "Les forces de l’Allemagne, ce sont l’esprit d’équipe et l’éthique de travail.Comme Lina Magull l’a dit, toute l’équipe aime défendre". Cette solidité a notamment été démontrée face aux Espagnoles, dégoûtées par les nombreux arrêts de Merle Frohms. La portière de l’Eintracht Francfort est en plus bien secondée depuis le début de la compétition par la charnière Hegering-Hendrich, sur laquelle les suiveurs avaient des doutes mais qui a parfaitement répondu.

Oberdorf, incontournable au milieu

Au milieu de terrain, les absences de piliers comme Dzsenifer Marozsán et Melanie Leupolz est pour l’instant restée inaperçue, en raison des performances majuscules de Lena Oberdorf : "Si on devait faire sortir une joueuse du lot, ce serait elle, dit Pascal Steimann, admiratif. C’est la pièce centrale du milieu de terrain, le facteur X pour annihiler les contre-attaques, justement grâce à sa qualité dans le contre-pressing", analyse-t-il.
Une présence d’autant plus envahissante quand on sait que ses partenaires de l’entrejeu sont deux des meilleures joueuses du monde à leur poste : Sara Däbritz, passée il y a quelques semaines du PSG à l’OL, et Lina Magull, auteure de l’ouverture du score en quart face à l’Autriche (2-0). "Et en plus, l’équipe, bien structurée, et très dangereuse grâce à ses flèches en attaque", ajoute Steimann.
Martina Voss-Tecklenburg a sa philosophie de jeu, mais il faut aussi que cette philosophie soit en adéquation avec le potentiel des joueuses qu’on peut avoir. Elle a su trouver cet équilibre-là
Le travail de la sélectionneuse Voss-Tecklenburg, auparavant à la tête de la Suisse et arrivée en 2018 semble en tout cas avoir porté ses fruits. Il a d’ailleurs été salué par Corinne Diacre avant la rencontre : "C’est quelqu’un que je connais depuis longtemps. Quand j'ai eu ma première sélection, elle était déjà en équipe d'Allemagne. Quand on connaît le football allemand des années 90, qu’on a pu apprécier aussi comme spectateur, ça donne quelque chose d’intéressant. Martina a sa philosophie de jeu, mais il faut aussi que cette philosophie soit en adéquation avec le potentiel des joueuses qu’on peut avoir. Elle a su trouver cet équilibre-là."
picture

"Elles ont raison d'y croire" : pourquoi les Bleues ont changé de dimension

La preuve avec le secteur offensif allemand, qui ne cesse d’être perturbé par les absences depuis le début de l’Euro, mais qui est toujours parvenu à rebondir ensuite. Durant la phase de groupe, Lea Schuller, partie comme titulaire en pointe mais testée positive au Covid après le premier match, a dû céder sa place à Alexandra Popp. La star de la sélection, dont l’histoire avec l’Euro était jusqu’ici contrariée, a marqué lors des 4 rencontres de l’Allemagne, et son but plein de hargne face à l’Autriche en quart montre quel poison elle peut être pour les défenseures.
Si on entre dans les duels, on va embêter les Françaises parce qu'elles n'aiment pas ça
"C’est une très grande joueuse, avec énormément de qualités, on connait la mentalité allemande de manière générale. C’est une leader naturelle. C’est à nous d’être costauds pour l’empêcher de continuer sa bonne série avec son pays", n’a pas manqué de souligner Wendie Renard, à propos d'un match que Pascal Steimann estime très indécis- "ce sera du 50-50", mais animé : "Ça pourrait devenir le match du tournoi."
Ce jeudi, c’est Klara Buhl, la joueuse du Bayern qui ne cessait de faire souffrir les défenseures sur son couloir gauche, qui a été poussée sur le bord de la route par le Covid-19. Pour la remplacer, la non-moins remuante Jule Brand est attendue.
Preuve de la confiance qui habite cette sélection qu’on a tant enterré qu’elle n’a plus grand-chose à perdre, juste après l’annonce de son forfait pour la demi-finale, Buhl écrivait, à destination de supporters qui se passionnent de plus en plus pour la compétition outre-Rhin : "Mon équipe va faire la fête demain au stade, et vous impressionnera avec un super football ! J’ai hâte que le match arrive et je donnerai tout pour être de retour sur le terrain rapidement avec les filles." Oberdorf, en conférence de presse d'avant-match, a pour sa part révélé qu'elle et ses compatriotes avait été briefées par Däbritz : "Elle a dit que si on entrait dans les duels, on allait les embêter parce qu'elles n'aiment pas ça." Les Françaises sont prévenues.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Plus de détails
Publicité
Publicité