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OM-PSG - Guy Lacombe se confie sur les Classiques de 2006 (les Minots, finale de la Coupe de France, Ligue 1)

Clément Lemaître

Mis à jour 25/02/2023 à 13:18 GMT+1

LIGUE 1 - Avant le match OM-PSG ce dimanche, Guy Lacombe est revenu, pour Eurosport, sur les trois Classiques de l'année 2006 : l'épisode des Minots, la finale de la Coupe de France et le match de septembre marqué par la grande prestation de Franck Ribéry. L'ancien technicien, désormais à la retraite dans l'Aveyron, en a profité pour dévoiler quelques coulisses de son passage au PSG.

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Guy Lacombe, est-ce que l'idée de participer à un Classique PSG-OM vous a incité à signer au PSG en décembre 2005 ?
Guy Lacombe. : Non, pas du tout. Mais c'est vrai que lorsqu'on y est, avec l'impact des supporters, on réalise à quel point c'est un événement impressionnant. Mais, ce n'est pas cela qui m'a motivé à signer à Paris. Après mon passage à Sochaux (2002-2005), le président Pierre Blayau souhaitait me recruter. Sur le papier, le PSG avait une équipe intéressante à cette époque-là. Mais on s'est aperçu dans la réalité que ce n'était pas tout à fait la même chose. Il manquait beaucoup d'ingrédients. Quand on prend les noms individuellement, on avait des joueurs capables de coups et on l'a vu en Coupe de France.
Par le passé, vous aviez évoqué le manque de leadership au sein de l'équipe parisienne...
G.L. : Oui. Cela m'avait été confirmé d'ailleurs par Pierre Blayau et Jean-Michel Moutier (ex-directeur sportif). En début de saison, ils avaient fait un audit auprès des joueurs pour en savoir plus sur leur personnalité. Et au final, on s'est aperçu qu'il n'y avait pas de leader. On savait qu'il fallait modifier le groupe à environ 65%. D'ailleurs, les résultats se sont inversés et le club a de nouveau tutoyé les places européennes lorsque l'effectif a été changé en profondeur à partir de la saison 2008-09 (ndlr : 6e). A l'époque où je suis arrivé, Monsieur Blayau avait demandé de l'argent à Canal+ en vue de la préparation de l'effectif de la saison 2006-07. Mais en fait, Canal+ voulait vendre le club. Cela s'est fait avant la demi-finale de la Coupe de France. J'ai été pris de cours car ce n'était pas ce qui était prévu au départ. Mais pour revenir à la Coupe de France, et c'est ce que j'ai aimé à Paris, tout le monde voulait absolument la gagner, que ce soit du balayeur au président. Le groupe l'avait senti et c'était très, très important de ressentir l'unité d'un grand club. C'était du bonheur de vivre ça.
Votre premier Classique a été marqué par ce match nul face aux Minots de l'OM (0-0) en mars 2006 au Parc des Princes. Comment avez-vous vécu cet avant-match si particulier ?
G.L. : Le non-match qu'on a fait le lendemain, j'en suis en partie responsable. La veille de la rencontre, j'ai préparé deux équipes selon les différentes informations qui tombaient (ndlr : L'OM avait finalement pris la décision d'emmener une équipe B à cause du nombre de places attribuées à ses supporters par le PSG et estimait dans ce contexte que la sécurité n'était pas assez assurée). Je pense que cela a un peu embrouillé les joueurs. On avait un peu "le cul entre deux chaises". En termes de motivation, PSG-OM est le match le plus important de la saison. Le groupe a été gêné lorsqu'il a appris que Marseille venait avec son équipe B, qui au passage n'était pas si mal que ça. Il y a sûrement eu de la décompression chez les joueurs. En fait, c'est devenu un match de coupe.
Au coup d'envoi de la rencontre, avez-vous senti le piège ?
G.L. : Oui, c'est comme si on participait à un 32e de finale de la Coupe de France, face à une équipe qui joue à 3000%. Sur le plan défensif, ils ont été très intelligents. Nous, on n'avait pas assez de convictions et de motivation. Après le match, je n'ai pas accablé les joueurs car je savais combien ça peut être compliqué dans ces cas-là. Mais personnellement, j'ai pris cher (rires).
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Quelle était l'ambiance dans le vestiaire parisien après ce match ?
G.L. : On savait qu'on avait fait un non-match. J'avais pour habitude de ne pas trop parler après les rencontres, sauf lorsqu'il fallait féliciter les joueurs. Mais ce n'est jamais très bon de parler à chaud.
Avant de démarrer l'entretien, vous disiez que cet épisode des Minots avait participé à votre victoire en finale de la Coupe de France face à l'OM (2-1) deux mois plus tard...
G.L. : Oui. Sur ce coup-là, les dirigeants olympiens nous ont fait un coup bas et on s'est sentis frustrés. Je me souviens très bien du tirage des demi-finales de la Coupe de France : Nantes-PSG et OM-Rennes. Une fois qu'il avait été effectué, on s'était regardé avec Pedro (Pauleta) comme pour se dire : 'on tient notre revanche'. Lui non-plus n'avait pas digéré cet épisode-là. Mes joueurs s'étaient sentis floués et avaient le sentiment de ne pas avoir donné suffisamment.
Quels souvenirs gardez-vous de la préparation de cette finale de la Coupe de France 2006 ?
G.L. : Ce match, on l'avait bien préparé et lu les quelques faiblesses de notre adversaire. On avait vu que l'arrière gauche de l'OM, Taye Taiwo, était vulnérable lorsque l'équipe adverse pressait et récupérait le ballon. C'est d'ailleurs à la suite d'un excellent pressing d'Edouard Cissé sur Taye Taiwo que Bonaventure Kalou s'est retrouvé en bonne position pour ouvrir le score. Il avait mis un but exceptionnel au terme d'une action qu'on avait préparée. En face, il y avait quand même une sacrée équipe : Barthez, Beye, Déhu, Civelli, Taiwo, Lamouchi, Cana, Ribéry, Maoulida, Pagis, Niang. Chez les remplaçants, excusez du peu : Oruma, Nasri. Ça fait quand même du beau monde (rires) et nous, on avait réalisé un très gros match. Cette finale, je l'ai souvent revue et même récemment. On a eu beaucoup plus d'occasions que l'OM et on doit tuer le match plus tôt. Ça peut faire 2 ou 3-0 sans problème.
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Vikash était capable de tenter ce que personne n'aurait osé tenter
Avez-vous été surpris par le but de Vikash Dhorasoo ?
G.L. : Ça été une surprise pour tout le monde. Vikash était plus passeur que finisseur. Il savait marquer des buts mais c'était très souvent dans la surface. Je pense que son initiative a aussi surpris Fabien Barthez qui le côtoyait en équipe de France. Vikash était capable de tenter ce que personne n'aurait osé tenter (rires). Je me souviens de sa frappe, mais je me souviens surtout de son match : exceptionnel sur le plan collectif. Il est très souvent revenu défendre sur Franck Ribéry. Je me souviens de ses deux contre un avec Bernard Mendy. Ça avait été du grand Vikash. Après, on prend un but un peu casquette mais on arrive à tenir le score jusqu'à la fin.
Qu'est-ce qui vous a marqué après le coup de sifflet final : la levée de la Coupe de France ou l'après-match ?
G.L. : Je me souviens qu'on avait fait un repas avec Bertrand Delanoë, l'ancien maire de Paris, et qu'il avait fait le retour avec nous dans le bus. On a vécu des moments de joie et de partage. Je me rappelle aussi des scènes de joie dans le vestiaire. C'est le titre le plus marquant. S'il y a bien un trophée qui représente le football et l'esprit du football, c'est bien la Coupe de France. Quand j'étais joueur, j'ai été cinq fois demi-finaliste mais je n'ai jamais atteint la finale. C'était donc très important pour moi.
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Guy Lacombe vainqueur de la Coupe de France 2006 avec Boukary Dramé, Bonaventure Kalou et Modeste M'Bami.

Crédit: Imago

La victoire en Coupe de France a caché certains problèmes
Est-ce que c'était le meilleur moment de votre carrière d'entraîneur ?
G.L. : Sur le moment, oui. Car après avoir atteint le sommet de la montagne, il faut recommencer la saison d'après (rires). Cette saison-là, on y a cru après le seizième de finale contre Auxerre.
Pour votre troisième PSG-OM (1-3) de cette année 2006, Franck Ribéry, Mamadou Niang et Mickaël Pagis ont réalisé une grande prestation au Parc des Princes...
G.L. : Je me souviens du très grand match de Franck Ribéry. Nous, on était diminués et on n'avait pas été au niveau. On devait avoir une équipe plus forte. Colony Capital est devenu propriétaire et Alain Cayzac a pris la présidence du club en début de saison. Plus tard, il m'a avoué les choses. Lorsque j'étais à la DTN (2013-2017), on l'avait invité pour qu'il parle du rapport président-entraîneur. Il avait dit devant tout le monde : 'il faut qu'un entraîneur parle à son président mais le président doit aussi parler à son entraîneur. Moi, à mon époque, je ne l'ai pas écouté'. Je me souviens qu'avant la saison 2006-07, on était convaincu avec Alain Roche (ndlr : successeur de Jean-Michel Moutier au poste de directeur sportif) qu'il fallait modifier cette équipe mais le président ne nous a pas écoutés. Pourtant, Colony Capital avait une certaine somme à mettre sur dix ans et les dirigeants pouvaient se servir de cet argent comme ils le souhaitaient. Mais je pense que la victoire en Coupe de France a caché ces problèmes-là.
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Alain Roche, Guy Lacombe et Alain Cayzac (de gauche à droite).

Crédit: Imago

Quels joueurs souhaitiez-vous recruter à l'été 2006 ?
G.L. : J'étais sur Yoann Gourcuff, Sébastien Squillaci, Jérémy Toulalan et je souhaitais faire revenir Gabriel Heinze. Finalement, j'avais choisi de faire émerger plusieurs jeunes comme Clément Chantôme, Youssouf Mulumbu, Larrys Mabiala. Mamadou Sakho, je l'ai fait venir à nos entraînements avant qu'il ne débute quelques mois plus tard avec Paul Le Guen (ndlr : à 16 ans). Le club a commencé à plus regarder son centre de formation à cette période-là.
Avez-vous senti que la suite allait être compliquée pour l'équipe et pour vous-même après cette défaite contre l'OM ?
G.L. : Pour moi, je savais depuis un moment que ça allait être compliqué. En plus, nous avions eu plusieurs décisions arbitrales défavorables à cette époque-là.
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