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Bleus - Tactique : Le 3-5-2, la révolution culturelle qui s'impose à Deschamps

Cyril Morin

Mis à jour 02/09/2020 à 16:50 GMT+2

BLEUS - Lundi, Didier Deschamps a confirmé qu’un système avec trois défenseurs centraux pourrait être envisagé pour affronter la Suède (samedi 20h45) et la Croatie (mardi 8, 20h45). Une évolution nécessaire au vu du réservoir français derrière et des profils offensifs à la disposition du sélectionneur. Mais ce système est-il durable pour gagner ?

Didier Deschamps lors de l'assemblée générale de la FFF en 2019

Crédit: Getty Images

Un petit quiz pour commencer : savez-vous quelle est la dernière équipe à avoir remporté une Coupe du monde ou un Euro à trois défenseurs ? Voilà tout le paradoxe du Brésil 2002 sacré à Yokohama par la force de sa connexion offensive de haut-vol : la "3R" avec Ronaldinho en soutien du duo Rivaldo-Ronaldo. L’histoire retient surtout les génies de devant, rarement les soldats de derrière.
Mais c’est bien en installant le trio Lucio-Edmilson-Roque Junior que Luiz Felipe Scolari a remis sa Seleção sur la voie du succès, avec notamment Cafu et Roberto Carlos dans des postes de pistons idéaux pour eux. 2002 donc. Un autre temps. Depuis, aucune équipe nationale sacrée en Coupe du monde ou à l’Euro n’a présenté un onze à trois défenseurs centraux. Les modes tactiques et la redéfinition du poste de latéral dans le foot moderne ont ainsi favorisé l’émergence d’une ligne de 4 quasi-inamovible.
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Rivaldo et Ronaldo et la Coupe du Monde 2002

Crédit: Imago

Chez les Bleus de 2018 aussi où la ligne Pavard-Varane-Umtiti-Hernandez aura été une constante durant toute la compétition. Mais, dix-huit ans après le Brésil, Didier Deschamps a décidé de changer et d’essayer autre chose. "Je ne suis pas là pour tenter des expériences, a expliqué lundi le sélectionneur français. On va juste tenter des choses différentes". Entre les lignes, son choix d'instaurer un système avec trois défenseurs lors de ce rassemblement. Une envie guidée par des considérations aussi temporelles qu'humaines.

"Avoir des options différentes"

Mine de rien, c’est une petite révolution à l’échelle des Bleus. En novembre dernier, DD avait déjà tenté ce système à trois défenseurs face à l’Albanie (0-2). C’était une première depuis 2004 en Bleu. Là encore, une autre époque. Celle qui s’ouvre pour les champions du monde est inédite avec le report de l’Euro en 2021 et donc un temps supplémentaire, et inattendu, pour une série de tests que le sélectionneur espère concluants.
"On est dans une période, avec le report de l'Euro, où l'on a un peu plus de temps, expliquait ainsi DD lundi dans une "conférence de presse" so 2020, sans journaliste et des questions envoyées en amont*. Je veux aussi, à travers ce qu'on va faire sur le terrain, avoir un peu plus de réponses. Avoir des options différentes, avant de se retrouver dans la ligne droite en mars pour préparer l'Euro. C'est positif d'avoir des options différentes. J'ai ce souhait d'élargir la palette des options que l'on peut avoir".
Ce laps de temps en plus va donc permettre aux Bleus de s'appuyer encore un peu plus sur leurs qualités intrinsèques. Car si le sélectionneur a choisi de tabler sur ce système, c’est surtout parce qu’il colle parfaitement aux qualités du groupe tricolore. Derrière, le réservoir de défenseurs centraux est trop profond et qualitatif pour ne pas s’appuyer dessus : Raphaël Varane, Clément Lenglet, Presnel Kimpembe, Dayot Upamecano, Lucas Hernandez, Aymeric Laporte sans oublier Samuel Umtiti ou Kurt Zouma. Et la relève s’annonce au moins aussi impressionnante avec William Saliba, Jules Koundé, Boubacar Kamara, Ibrahima Konaté, Issa Diop, Malang Sarr et compagnie…
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Clément Lenglet et Raphaël Varane

Crédit: Getty Images

Au-delà d’un socle défensif puissant et la possibilité de responsabiliser certains à la relance, ces trois centraux permettent aussi de gommer quelque peu les carences de la formation française aux postes de latéraux. Si le choix est réel à gauche, la seule présence de Léo Dubois à droite, en l’absence de Benjamin Pavard, prouve que DD ne dispose pas de cartouches de luxe à ce poste. Plus avancés mais mieux couverts, les latéraux seront donc davantage attendus offensivement. Mais, en cas de tempête, la possibilité de basculer à cinq sans grande réorganisation peut aussi servir dans des matches couperets. L’OL de Rudi Garcia ne dira pas le contraire.

Mbappé dans l’axe, Griezmann aussi

Voilà pour le cliché un peu tenace. Oui, ce 3-5-2 aux multiples variantes permet une assise défensive intéressante. Mais pas que, comme l’expliquait encore DD lundi : "On a trop souvent tendance à dire que les équipes qui jouent à 3 ou à 5, c'est pour se rassurer défensivement, a-t-il résumé. Ça peut être le cas mais ces équipes-là ont aussi l'avantage dans la maîtrise, dans la conservation du ballon, de pouvoir ressortir mieux le ballon. Ça a des avantages aussi surtout pour nous par rapport à l'animation offensive, de mettre nos joueurs offensifs à la meilleure position, dans leurs meilleurs postes".
C’est bien l’enjeu du 3-5-2 imaginé par Deschamps, qui prendrait d’ailleurs la forme d’un schéma en 3-4-1-2. Ici, les avantages sont nombreux. Pièce maîtresse des champions du monde, Antoine Griezmann verrait ses qualités encore magnifiées avec un rôle axial en retrait d’un duo Olivier Giroud-Kylian Mbappé. Où comment recentrer le prodige français sans sacrifier l’indispensable attaquant des Blues.
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Deschamps : "J'espère que Griezmann sera mis dans les meilleures dispositions au Barça"

Dans cette configuration, Mbappé serait ainsi dans une situation qu’il adore, à savoir libre de ses mouvements et de ses décrochages, autour d’un avant-centre au rôle de pivot qui le libère du marquage adverse. Giroud, lui, pourrait être bien plus abreuvé de centres dans ce schéma via l’apport des pistons de côté. Derrière eux, plus meneur de jeu que réel second avant-centre, Griezmann pourrait devenir un relais privilégié de Paul Pogba, encore plus affirmé dans son rôle créatif. Allez, un dernier argument pour vous convaincre ? Si N’Golo Kanté a été élu meilleur joueur de Premier League en 2017, il le doit en partie au fameux 3-4-3 d’Antonio Conte qui limite sa prise de risque à la relance et lui permet surtout de lancer un pressing bien plus intense que lorsqu’il joue sentinelle et qui magnifie, là-encore, ses qualités athlétiques.
Dès lors, Deschamps aurait bien tort de ne pas céder à la tentation. Lui le pragmatique ne va pas devenir un monstre tactique du jour au lendemain. Ses choix d’hommes et de système répondent systématiquement à une optimisation de la performance ? A l'heure actuelle, on voit mal quel schéma irait mieux que ce 3-5-2 au onze type des Bleus. Quitte à brusquer des habitudes tactiques tricolores durablement ancrées.
*NDLR : Ces déclarations ont été fournies par la FFF qui, invoquant la crise sanitaire, a décidé de ne pas organiser de conférences de presse en présence de journalistes ou de visioconférences, ni de leur ouvrir les entraînements à l'exception des veilles de match. Elle a demandé aux médias de transmettre leurs questions à son service de communication qui les a relayées.
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