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Avant Marseille - Shakhtar Donetsk | A l'OM, la lassitude des supporters : "On ne sait pas où va le projet"

Julien Pereira

Mis à jour 22/02/2024 à 09:57 GMT+1

Dans quelques mois, l'Olympique de Marseille entamera un énième nouveau cycle, sous la houlette d'un entraîneur qui succédera à Jean-Louis Gasset, nommé cette semaine pour une mission d'intérim. Jamais, depuis que Pablo Longoria en est le président, le club n'avait vécu une rupture si profonde avec ses supporters, lassés par les changements incessants et le manque de vision claire.

A l'OM, les supporters se lassent : "On ne sait pas où va le projet" (Visuel : Marko Popovic)

Crédit: Eurosport

Qu'il semble loin, le temps où Pablo Longoria promettait du football "rock'n'roll" à ses supporters. Depuis le départ d'Igor Tudor - qui était arrivé pour cela - il y a moins d'un an, l'Olympique de Marseille a déjà consumé deux entraîneurs et fini par donner les clés à Jean-Louis Gasset, l'un des grands spécialistes des opérations déclic en Ligue 1.
C'est la preuve que le club phocéen n'a plus qu'une ambition : sauver ce qui peut encore l'être, y compris en Ligue Europa ce jeudi soir face au Shakhtar Donetsk. Attirer un technicien attrayant et susceptible de plaire au Vélodrome, pour gagner du temps, n'a même pas été un sujet. Sans doute parce qu'il fallait bien plus qu'un profil "sexy" pour retisser un lien largement effilé.
"La grosse erreur de Longoria, c'est de s'être séparé de joueurs à fort caractère, nous souffle Nahil, ancien membre des South Winners, un groupe de supporters. Quand on repense à Alexis Sanchez, Mattéo Guendouzi, et même Cengiz Ünder. Lui, ce n'était pas un joueur de foot extraordinaire. Mais il avait du caractère."

A Marseille, la perte de symboles

En l'espace de quelques saisons, le club phocéen a été vidé des joueurs symboliques auxquels le Vélodrome s'identifiait. "Même si on décrit notre public comme sanguin, parfois même 'incontrôlable', il a en réalité toujours recherché des hommes providentiels auxquels s'attacher, insiste Marwan, lui aussi suiveur du club. Des joueurs mais aussi des figures un peu paternelles, comme les coaches. Ça avait pu être Sampaoli, Tudor, Sanchez, Payet... Aujourd'hui, ces référentiels sont absents."
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A l'OM, les supporters se lassent : "On ne sait pas où va le projet" (Visuel : Marko Popovic)

Crédit: Eurosport

Et lorsqu'on invite les supporters à donner des noms susceptibles de prendre le relais, ils répondent sans grande conviction. "Gigot, il a une âme de guerrier, il rameute les troupes, glisse Vincent. Il peut nous faire lever avec un tacle. Mais il n'est pas hyper régulier, il manque beaucoup de matches...". "Il n'y a que des moitiés de leaders, des moitiés de joueurs qui pourraient faire l'affaire, ajoute Marwan. La tête qui dépasse le plus, c'est peut-être Balerdi parce qu'il ne se cache pas. Mais il a aussi des moments de faiblesse."
Même Valentin Rongier, pourtant performant avec tous les coaches qui se sont succédé, en a pris pour son grade lors d'une réunion entre staff, joueurs et suiveurs la semaine dernière. Le capitaine olympien est pourtant blessé et absent depuis plusieurs semaines. "C'est un joueur intelligent, exemplaire, brillant, énumère Nahil, âgé de 38 ans. Mais être capitaine de l'OM, c'est plus compliqué que ça parce qu'il faut incarner le stade et la ville. Il a du caractère et on le sait. Mais il est lisse, il n'est pas volcanique. Sans vouloir être péjoratif, c'est un délégué de classe."
L'OM est devenu un hall de gare
L'été dernier, la direction marseillaise a pensé raviver la flamme en attirant Iliman Ndiaye, passé par le club durant sa jeunesse et filmé par son père devant le Vélodrome quand il était petit. "Pour que ça fonctionne, il faut quand même qu'il y ait de bonnes performances sur les plans individuel et collectif, explique Marwan. Lui, c'est particulier parce que c'est un enfant du club qui revient. Mais comme les résultats ne suivent pas et que le club est devenu un hall de gare... pour l'instant, ça ne prend pas."
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"Longoria a inventé le concept de footballeur jetable"

Dans la bouche des supporters, l'expression est devenue de plus en plus courante, au fil de mercatos très, et sans doute trop, animés à leurs yeux. En l'espace de six mois, les spectateurs du Vélodrome ont vu une vingtaine de joueurs partir, et une quinzaine arriver. "On a un renouvellement de joueurs assez conséquents donc on a du mal à s'attacher à l'effectif", observe Vincent, un autre habitué.
"Je crois que si l'on excepte Azzedine Ounahi, le mercato hivernal de l'année dernière a été complètement défait, rappelle Marwan. Celui de cet été l'a également été en partie, en janvier. Ce turn-over, il est recherché par le club. Que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons, notamment la nécessité économique... mais c'est une instabilité entretenue et je pense que le cas Alexis Sanchez est le plus évocateur."
Mais tout n'est pas encore perdu. L'OM, certes neuvième de Ligue 1, n'a finalement "que" neuf points de retard sur le podium, dans une saison où tous ses rivaux, hormis le PSG, avancent à pas feutrés. Et malgré le scénario du match aller, l'équipe phocéenne a encore les armes pour décrocher son ticket pour les huitièmes de finale de Ligue Europa face au Shakhtar.

Il suffira d'un signe

"On peut apprécier tous les joueurs à partir du moment où ils comprennent le contexte marseillais, insiste Nahil. L'OM, c'est un état d'esprit. Ce n'est pas que du talent. On a eu des joueurs adoptés en quelques mois parce qu'ils avaient le bon état d'esprit. C'est l'exemple Drogba." "S'identifier à un joueur, ce n'est pas la priorité, balaie Marwan. Les supporters veulent s'identifier à une équipe."
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"Avec Longoria, on n'arrive plus à savoir où va l'OM"

Jean-Louis Gasset a été nommé pour réveiller un collectif complètement amorphe sous Gennaro Gattuso. Et créer l'étincelle dont le Vélodrome a besoin. "Il faut que ça s'embrase, commente Nahil. On l'a eu pendant quelques mois avec Tudor et Sampaoli. Mais cette équipe ne fait pas vibrer." "C'est difficile de faire naître quelque chose sans résultat", résume Vincent.
L'été prochain, l'ancien adjoint laissera sa place à un nouveau coach chargé d'entamer un énième cycle à durée indéterminable. "Les supporters peuvent avoir leur part de responsabilité de manière épisodique, comme les sifflets pour Tudor ou la crise de septembre dernier, observe Marwan. Mais ces épisodes, ce sont les conséquences d'une instabilité et surtout d'une incompréhension. Quand on nous parle de projet, on ne sait pas vraiment de quoi il s'agit. Parce qu'on ne sait pas où il va."
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