Dépassements, show de Charles Leclerc (Ferrari) : Le Grand Prix de Las Vegas a sauvé la face

Tout avait très mal commencé. Tout s'est très bien terminé. Le Grand Prix de Las Vegas a été "sauvé" par une course plaisante et spectaculaire, grâce notamment à Max Verstappen (Red Bull) et Charles Leclerc (Ferrari). La plaque d'égout et les spectateurs frustrés sont oubliés. Les injustices et couacs sportifs de samedi et de dimanche rangés sous le tapis.

Max Verstappen (Red Bull) sur le podium du Grand Prix de Las Vegas 2023

Crédit: Getty Images

Il s'est pris pour Elvis. Dans la ville du vice, à l'arrivée d'un Grand Prix qu'il venait de remporter, Max Verstappen a poussé la chansonnette : "Viva Las Vegas ! Viva Las Vegas !" A la radio, le muret Red Bull venait de lui mettre le hit du "King" dans les oreilles. Et alors qu'il avait passé sa semaine à manifester son désamour pour ce rendez-vous dans le Nevada, peu auraient imaginé que le Néerlandais se laisse aller comme à Interlagos. "Les gars m'ont un peu mis devant le fait accompli, je ne pouvais pas laisser cela en suspens, donc j'ai chanté", a-t-il justifié, avec le sourire.
Le triple champion du monde a-t-il finalement été convaincu par le show de Vegas, après une course spectaculaire qu'il a remportée avec beaucoup plus de difficultés que la plupart des précédentes ? Après avoir arrosé les journalistes de punchlines grinçantes pour les organisateurs et les promoteurs de ce Grand Prix, le pilote oranje avait, samedi, livré dans une longue tirade le fonds de sa pensée. Avec une certaine profondeur.
"Le show est important, avait-il lancé. Mais moi, j'aime l'émotion. Et quand j'étais petit, je suis tombé amoureux de l'émotion du sport. Pas du spectacle autour. [...] Sur un circuit urbain, une Formule 1 ne prend pas vraiment vie. Ce n'est pas si excitant. [...] Quand on va à Spa, Monza, ce genre d'endroits, il y a beaucoup de passion. Je comprends que les fans aient besoin de faire autre chose en dehors du circuit mais je pense aussi qu'il est important de leur faire comprendre ce que nous faisons en tant que sport."

Bravo Leclerc et... merci le DRS

Comprenez : Verstappen n'a rien contre Vegas. Il a simplement déploré que l'endroit n'ait pas été choisi pour les bonnes raisons, et que le tracé, fait de longues lignes droites, "manque de fun". Parmi les pilotes, le Néerlandais était le seul à se montrer si offensif et ses critiques se sont multipliées à la suite des événements survenus jeudi soir.
Inutile de préciser qu'il y a probablement eu un grand ouf de soulagement, dans les hautes sphères, au terme d'une course plaisante et animée. "Merci aux organisateurs et à la FOM, qui se sont battus contre vents et marées pour produire un tel spectacle sportif, a rapidement tweeté Mohammed Ben Sulayem, président de la FIA. Max Verstappen a été le vainqueur, la F1 a été la grande gagnante." Et toc.
À l'arrivée, bon nombre de pilotes ont apprécié leur samedi soir. Y compris Charles Leclerc, qui a pourtant été privé d'une bonne partie de ses chances de victoire par une voiture de sécurité. "J'ai vraiment apprécié, a confié le Monégasque. Je pense que nous en avions besoin. Le week-end n'a pas commencé comme il l'aurait dû. Mais je suis tellement heureux que cela se soit terminé ainsi. C'est un sport tellement incroyable. Il n'y avait pas meilleure course pour une première à Vegas."
Lewis Hamilton, qui fut l'un des premiers à suggérer l'idée d'un Grand Prix dans la ville du péché, s'en est lui aussi donné à cœur joie au micro de Sky : "Il y a eu beaucoup d'opportunités de dépassement. À tous ceux qui étaient si négatifs ce week-end, qui disaient que ce n'était qu'une question de show blablabla, Vegas a prouvé le contraire."

La poussière (et l'huile) sous le tapis

Évidemment visé par cette remarque, Verstappen est lui resté droit dans ses bottes. "Je m'attendais à ce type de course, a-t-il assuré. Comme je l'ai dit, il y a quatre longues lignes droites, des virages à basse vitesse où vous ne perdez pas beaucoup d'appui aérodynamique lorsque vous suivez quelqu'un. Donc oui, c'était amusant et c'est tout ce qu'il y a à dire. J'espère que tout le monde a apprécié mais je pense que l'effet DRS était fort."
picture

Sergio Pérez (Red Bull) devant Charles Leclerc (Ferrari) au Grand Prix de Las Vegas 2023

Crédit: Getty Images

La lutte pour la victoire, avec trois pilotes occupant la tête de course, ainsi que les freinages musclés de Charles Leclerc ont en effet eu le mérite de donner de l'allure à une épreuve largement boostée par les dépassements artificiels au DRS. Tout était réuni pour garantir un minimum d'action en piste : des températures fraîches ayant largement limité l'usure des pneumatiques, une grille de départ assez désordonnée et, surtout, une zone DRS agrandie de 50m dans une relative discrétion, dans la nuit de jeudi à vendredi...
Qu'importe, puisque l'on ne retiendra que la finalité : l'imbattable Verstappen a au moins été chahuté et sorti de sa zone de confort. Et tant pis si la physionomie de la course aurait pu être bien différente avec un peu plus de justice sportive en faveur de Carlos Sainz. Tant pis, aussi, si une bosse identifiée a été à l'origine d'un crash ayant envoyé Lando Norris à l'hôpital*.
Tant pis, enfin, si la course de plusieurs pilotes a été sabordée dès le premier virage par un tête-à-queue de Fernando Alonso vraisemblablement provoqué... par une fuite d'huile de l'un des véhicules historiques utilisés pour la parade des pilotes avant le départ. Vegas voulait du show. La ville du vice en a eu. Et c'est tout ce qui compte.
*Le Britannique n'a pas été blessé lors de son accident.
picture

Calendrier et aberration écologique : la F1 toujours dans sa bulle en 2024

Video credit: Eurosport

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité