Grand Prix du Japon | Charles Leclerc (Ferrari), une autre histoire de chicane à Suzuka

Si Charles Leclerc était un cycliste, il ne serait probablement pas favorable à la chicane de la Trouée d'Arenberg. Bien qu'il soit un pilote de Formule 1, il risque de passer les prochaines heures à cogiter autour d'une difficulté similaire. Samedi matin, le Monégasque a dû se contenter du 8e temps à l'issue de la qualification du Grand Prix du Japon. Loin de là où il aurait aimé être. Loin de là où il aurait sans doute dû être, au volant d'une Ferrari SF-24 que l'on disait plus régulière et prévisible que sa devancière.

À chaud, ce résultat était inquiétant et c'est aussi le sentiment qu'il fallait lire sur le visage du chouchou de la Scuderia, après coup. À froid, il pourrait être relativisé : finalement, seul un petit dixième l'a séparé de son (encombrant) coéquipier, Carlos Sainz, pourtant beaucoup plus haut sur la grille, puisque positionné en deuxième ligne derrière Lando Norris. Une affaire de détails, à l'évidence, démontrant à quel point la lutte est serrée derrière les intouchables Red Bull.

Mais en F1, le moindre petit élément peut avoir d'importantes conséquences. Et c'est précisément ce qui inquiète Leclerc. Le pilote de 26 ans, contraint de n'effectuer qu'un tour rapide en Q3 après avoir utilisé deux trains de pneus neufs lors d'une Q1 laborieuse, a un temps pensé sauver les meubles. Lors de sa dernière tentative, il a évolué dans le même chrono que Lando Norris sur les deux premiers tiers du circuit, établissant même un record dans le deuxième secteur. Et puis, patatras.

Au passage de la ligne, son retard a quasiment doublé. Dans un secteur où la seule difficulté est la dernière chicane, le coupable est tout trouvé. Perdre gros dans un virage est un problème. Perdre gros dans une chicane capitale pour envisager grappiller des positions est quasiment rédhibitoire. "Sur un circuit comme celui-ci, ce n'est pas facile de dépasser", a souligné Leclerc au micro de Canal+.

Le Monégasque a peiné à trouver la cause de ses difficultés récurrentes à cet endroit précis. Problèmes de température des pneumatiques ? De freinage ? De motricité ? "Honnêtement, ce n'est même pas une question de sensations, a-t-il confié. Les sensations étaient bonnes. Mais le chrono, lui, ne l'était pas du tout." Même la confiance accumulée aux essais, après lesquels la Scuderia a estimé être en mesure de lutter avec McLaren sur le rythme de course, pourrait être grappillée par le virage n°17.

"Nous devons comprendre pourquoi nous perdons autant de temps dans le dernier virage, a insisté Frédéric Vasseur, patron de l'écurie, au micro de Sky Sports. Notamment en vue de la course, car la traction est cruciale. Il n'y a qu'une zone DRS sur ce circuit." Elle est située dans la ligne droite des stands, juste après cette fameuse chicane. Si Ferrari, et plus particulièrement Charles Leclerc, veulent mener une course d'attaque, ils ne peuvent tout simplement pas se permettre de céder du terrain à cet endroit précis.

"Il ne faut pas passer 30 tours derrière une autre voiture, a rappelé le dirigeant français. Le premier tour va donc être crucial." Au contact depuis le début de la saison, deuxième du championnat à quatre points du leader Max Verstappen (Red Bull), Leclerc a une première balle de break contre lui à effacer.